Portugal: Le PS confirme sa suprématie sur l’échiquier politique

Portugal: Le PS confirme sa suprématie sur l’échiquier politique

mardi, 8 octobre, 2019 à 12:39

Par Karim Naji.

Lisbonne – Le Parti socialiste (PS) au pouvoir au Portugal vient de confirmer sa suprématie sur l’échiquier politique national, lors des élections législatives de dimanche, sans pouvoir pour autant atteindre la majorité absolue tant souhaitée.

Le PS a remporté ces échéances, avec 36,65 pc des voix, avec l’élection de 106 députés sur un total de 230 sièges que compte l’Assemblée de la république (parlement), dépassant de loin les 86 obtenus en 2015.

Le PS a été suivi par le Parti social démocrate (PSD), avec 27,90 pc des voix, (77 sièges), du Bloc de la gauche (BE), (9,67 pc, 19 sièges), de la Coalition démocratique unitaire (CDU) (6,46 pc, 12 sièges), du Parti populaire (CDS-PP) (4,25 pc, 5 sièges) et du parti Personnes-Animaux-Nature (PAN) (3,28 pc, 4 sièges).

En dépit de cette large victoire du PS, les leaders socialistes souhaitaient une majorité absolue qui les dispenserait de négocier un nouvel accord avec d’autres formations politiques et leur permettra de gouverner confortablement.

Il est évidemment plus aisé, selon le secrétaire général du PS et Premier ministre, Antonio Costa, d’assurer la stabilité politique pendant les quatre années à venir, d’autant plus que la majorité absolue facilite “l’exécution du programme gouvernemental”.

Comme dans toute échéance électorale, il y a des gagnants et des perdants. Les grands perdants restent incontestablement le CDS-PP (Parti populaire) et le PSD (centre droit) qui a subi un cuisant revers en remportant seulement 77 sièges contre 89 en 2015 alors qu’il s’était allié avec le CDS-PP et avaient remporté ces élections avec 36,86 pc des voix. La leader du Parti populaire, Asuncion Cristas, irritée par la défaite, n’a trouvé de mieux que d’annoncer sa démission de la direction du parti.

Pour rappel, le PS, au pouvoir actuellement, n’était arrivé qu’en 2ème position derrière le PSD, lors des échéances de 2015 (32,31%), mais qui était parvenu à un accord avec la gauche, le premier en démocratie, ayant permis à ce parti dirigé par Antonio Costa, avec le soutien du BE, du Parti communiste portugais (PCP) et du Parti écologiste les Verts (PEV), de former une majorité de gauche à l’Assemblée de la République.

L’embellie économique fortement ressentie au Portugal depuis ces 4 ans, à la faveur des différentes mesures socio-économiques du gouvernement Costa qui ont bien porté leurs fruits, lui ont valu une bonne popularité au sein du pays et confirmé les conclusions de tous les récents sondages d’opinion.

En effet, les acquis socio-économiques réalisés au cours du mandat du PS militent en faveur de l’exécutif socialiste qui gouverne au niveau national et dans la région des Açores.

Les choix socio-économiques de ce gouvernement se sont portés principalement sur une politique clairement anti-austérité, voire antinomique avec celle pratiquée par le gouvernement précédent, de droite, qui avait gelé le salaire minimum et les pensions de retraites, augmenté les impôts et réduit les aides publiques, ce qui n’avait pas permis de diminuer le déficit budgétaire ni le taux de chômage, mais avait fait exploser la précarité et la pauvreté dans le pays.

Ainsi, le salaire minimum a été augmenté pour la troisième année consécutive, en janvier dernier, et atteint désormais 600 euros par mois. Les pensions de retraites ont été réévaluées, le temps de travail des fonctionnaires a été de nouveau abaissé à 35 heures, contre 40 heures auparavant, le chômage est au plus bas niveau depuis 28 ans, à 6,5 pc, la croissance économique est l’une des meilleures d’Europe et le déficit public ramené à 0,2 pc cette année.

Tous ces indicateurs positifs profitent à la population qui a vécu depuis 2008, et pendant 7 ans, une véritable crise économique, avec un chômage à plus de 15 pc et une période d’austérité sans précédent ayant pénalisé une très grande partie de la population.

Le gouvernement socialiste a réussi donc à tenir ses engagements de rompre avec la logique du tout-austéritaire et à gagner pleinement la confiance des citoyens.

Cependant, à l’heure actuelle, le rapport de forces pourrait bien changer au sein du nouveau Parlement, en raison des échanges d’accusations durant ces derniers jours de campagne électorale entre les partis alliés, ce qui laisse présager de rudes tractations pour la formation du prochain gouvernement.

La coordinatrice du BE, troisième force politique, Catarina Martins, a déclaré, dans ce contexte, que “le Bloc de gauche valorise grandement le travail réalisé au cours de ces quatre dernières années, et justement parce que nous y attachons de la valeur, il est bon que nous disposions de faits avérés nous permettant de continuer à travailler ensemble”.

Sur la question de savoir si le BE ferme la porte à un nouvel accord après les élections du 6 octobre, Mme Martins a relevé que “les conditions étaient réunies pour 2015 et qu’il était de la plus haute importance de trouver une solution pour le pays”.

“En 2019, les problèmes du pays ne sont pas les mêmes qu’en 2015, ils sont différents, mais je pense qu’il est également important qu’en 2015 comme en 2019, que nous ayons tous la capacité d’assumer toutes les responsabilités découlant des élections”, a-t-elle fait savoir.

“Il y a quatre ans, le PS n’avait pas remporté les élections, mais nous avions contribué à une solution ayant permis une stabilité politique et sociale au pays”, a-t-elle rappelé, soulignant la lutte entre la gauche et le PS sur divers sujets, ce qui pose la question de savoir si une nouvelle entente politique serait possible entre ces partis.

Même son de cloche pour le secrétaire général du Parti communiste portugais (PCP), Jeronimo de Sousa, qui a récemment déclaré à la presse que les conditions politiques actuelles sont complètement différentes de celles d’il y a quatre ans.

Quant au secrétaire général du PS, Antonio Costa, interrogé si la solution d’un gouvernement du PS soutenu par une majorité parlementaire de gauche sera reproduite lors de la prochaine législature, il a répliqué que le BE et le PCP ne s’étaient pas engagés à “garantir les conditions de la gouvernance” au cours des quatre prochaines années et que la répétition de la solution politique de cette législature dépendrait d’un PS fort”.

Dans la perspective de la formation du gouvernement, le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, va recevoir en audience, mardi, les leaders des partis représentés au parlement, en vue de la nomination du Premier ministre, compte tenu des résultats des élections.

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