Aux Pays-Bas, émotion, deuil et colère

Par Said Youssi

Amsterdam- Les Pays-Bas ont accueilli mercredi les premières dépouilles des victimes néerlandaises du crash de l’avion malaisien en Ukraine dans une atmosphère de grande émotion, de colère et de deuil national, le premier depuis la mort en 1969 de la reine Wilhelmina.

Tout rappelle que Mercredi est un jour de deuil national en hommage aux 193 Néerlandais tués dans le crash de jeudi dernier : les drapeaux sont en berne, les cloches des églises sonnent et des médias retransmettent en direct les images des premiers cercueils en provenance de l’Ukraine.
Une cérémonie imposante a été organisée à l’aéroport d’Eindhoven (sud) où ont atterri les deux avions transportant les dépouilles, en présence du roi des Pays-Bas, Willem-Allexander, de la reine maxima et des membres du gouvernement aux côtés d’un millier de proches des victimes dont beaucoup attendront encore pour pouvoir faire leur deuil.
En outre, les trains et les trams ont été mis à l’arrêt et des autoroutes ont été fermées pour permettre le passage du convoi funèbre en direction de la caserne de Hilversum (100 km d’Eindhoven), où une opération d’identification sera lancée incessamment.
Immédiatement après la descente des deux avions Hercule dans l’aéroport d’Eindhoven, les clairons militaires ont retenti et une minute de silence a été observée à travers tout le pays en hommage aux victimes.
Mais l’émotion et la douleur des Néerlandais ont du mal à cacher le sentiment de colère et de consternation régnant dans le royaume batave contre les responsables de cette tragédie, l’une des pires de l’histoire du pays.
Dans les commentaires des médias et des quotidiens locaux ainsi que ceux des citoyens sur les réseaux sociaux, un seul responsable est pointé du doigt : La Russie.
Les proches et les Néerlandais en général estiment que la responsabilité du gouvernement russe est claire d’autant plus qu’il n’a rien fait pour permettre aux équipes étrangères d’accéder au site du crash pour permettre un rapatriement rapide des corps et aider les familles à faire leur deuil.
Ils s’inquiètent également pour le sort des corps qui sont toujours sur le site sans protection.
“Beaucoup de personnes nous ont dit : nous voulons au moins pouvoir leur dire au revoir de manière digne”, a déclaré le roi des Pays-Bas Willem-Alexander, ajoutant que le drame a provoqué ”une profonde plaie” dans la société néerlandaise.
D’aucuns ont critiqué l’attitude très molle et la réticence du Premier ministre Mark Rutte à pointer du doigt les responsables du crash de l’avion malaisien.
Vladimir Poutine, avait écrit De Volkskrant, est +responsable du retour des démons de la période la plus sombre de l’histoire européenne+, ajoutant que Rutte doit maintenant retirer ses gants de velours et avoir comme seule priorité la recherche de la vérité.
Le chef de la diplomatie néerlandaise, Frans Timmermans avait promis que son pays n’aura aucun répit avant que les responsables ne soient traduits en justice, n’excluant aucune option y compris le durcissement des sanctions économiques contre Moscou.
Le crash du Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines, qui aurait été abattu par un missile alors qu’il traversait l’espace aérien ukrainien, a fait près de 300 morts, dont les deux tiers étaient des Néerlandais.
Le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, a affirmé que l’Ukraine est prête à confier la coordination de l’enquête internationale sur le crash de l’avion malaisien, aux Pays-Bas, “le pays qui a le plus souffert” de cette catastrophe.