Abdallah Baida, cet écrivain qui se décrit comme un “explorateur des mots”

Abdallah Baida, cet écrivain qui se décrit comme un “explorateur des mots”

lundi, 17 février, 2020 à 11:24

Par Sofia El Aouni
Casablanca – Romancier, nouvelliste et auteur de plusieurs ouvrages, notamment “Les voix de Khai-Eddine” en 2007, “Nom d’un chien” en 2016, qui a remporté à Paris le prix de l’ADELF, “Testament d’un livre” sorti en 2018, et son dernier titre “Les djellabas vertes se suicident” paru aux éditions Marsam.

Le sourire est la première chose qui peut être perçue chez Abdallah Baida, cet écrivain qui dégage une modestie noble, un peu orgueilleuse. Avec ses lunettes rondes, ses cheveux poivre et sel et ses yeux tombants, Baida dégage un air curieux et impliqué, mais aussi une certaine fragilité et sensibilité au monde.

Abdallah Baida, choisit le “rien” pour créer un monde de mots, il “écrit à partir de rien”, selon ses propres termes, et se définit, tel un “explorateur des mots”, un amoureux de la découverte, avide des labyrinthes qui se dessinent dans les esprits, par des mots simples, issus de la culture et du patrimoine marocain.

Né à Tiznit, dans une famille nombreuse. Abdallah Baida confie que les “bouquins” ne circulaient pas dans son quartier, ce qui raréfie le contact du papier avec les mains des jeunes de son quartier.

Mon père était un homme qui a eu le génie de partir en France et en Belgique pour développer un capital et retourner au Maroc pour fonder sa famille, se rappelle M. Baida.

Malgré le fait qu’il gagnait moins que les autres pères qui ont décidé de rester en Europe, “c’est cette présence paternelle qui a fait notre éducation et notre réussite à moi et à mes frères et sœurs”, ajoute l’écrivain.

“Mon intérêt à la littérature a vu le jour après mes années de collège. Là je me suis mis à lire en arabe des classiques de la littérature égyptienne notamment Najib Mahfouz, Moustapha Lutfi al-Manfaluti, Ihssan Abdel Koudouss, ou Salama Moussa” , confie M. Baida.

Il a mis en exergue l’influence des classiques français, qui ont fait leur irruption dans l’esprit de l’écrivain, notamment l’Étranger d’Albert Camus et La Nausée de Jean-Paul qui, selon ses termes, “forment un univers formidable”, en passant par Gustave Flaubert , Émile Zola, Guy de Maupassant et Honoré de Balzac.

Après une enfance passée à Tiznit, il s’envole à Rabat pour un doctorat en Littérature et Culture Maghrébines, francophones et Comparés. Abdallah Baida se décrit comme “un pur produit marocain” qui, à travers sa langue adoptée, le français, il est arrivé à s’ouvrir au monde, “à écouter un son de cloche différent de ce qui nous est inculqué en arabe”.

Évoquant sa carrière d’écrivain, l’auteur reconnaît que l’écriture a toujours fait partie de son univers en tant que professeur universitaire, pour ensuite s’éloigner de l’écriture académique et embrasser l’écriture journalistique, qu’il décrit comme “l’anti-chambre” de la création littéraire.

Pour décrire ses écrits, Abdallah Baida utilise les termes “écriture d’exploration”, qui ne vise pas à décrire la réalité, “car une simple notion, mot ou idée, suffit pour faire vaguer sa plume, avec un cadre romanesque, qui lui sert pour expérimenter toutes les facettes”.

“Le dernier salto” est un roman qui trouve son essence du mot “Salto”, explique M. Baida. Ce saut périlleux, une sorte de “figure artistique qui renvoie au défis de l’écriture, et les variations du Salto, qui se veut une démarcation, un appel à aller au delà de la pesanteur et réaliser un bond, un saut artistique”, dit-il.

Dans la même lignée, Abdallah Baida développe le titre de son roman “Nom d’un chien”, qui rappelle l’univers canin en français, alors qu’en darija, le terme “Kalb” (chien) est perçu comme une insulte.

Ce mot “Kalb” excite et titille la curiosité du public, note l’écrivain. “C’est ainsi que j’ai imaginé un personnage du nom de ‘Driss Ibn Kalb’ (fils de chien), dans une société comme la nôtre, qui attend un enfant et se pose la question de l’impact de son nom de famille sur son enfant. Un nom qui lui portera atteinte”.

A propos de son dernier roman, paru aux éditions Marsam, “Les djellabas vertes se suicident”, Abdallah Baida, explique qu’il s’agit d’un recueil qui reprend le titre d’une des nouvelles, afin de “donner un peu de couleur, dégager un soupçon de risque de ‘suicide’ ajouté à la symbolique dans le patrimoine culturelle marocain de la ‘djellaba verte'”.

Pour cet amoureux de l’aventure littéraire, le roman est un moyen qui offre la possibilité de vivre dans un autre univers, avec des résonances du quotidien, qui incite le lecteur à la réflexion.

Arborant le sujet de la lecture au Maroc, M. Baida voit qu’il existe une production importante de l’écriture et de la création artistique.

Saluant l’importante production littéraire au Maroc, M. Baida regrette de voir que le livre n’a encore pas trouvé une place centrale dans la société marocaine. “J’ai souvent l’impression que le livre est considéré comme étant un objet de luxe mais pas un besoin. Le livre est une nourriture quotidienne”, estime l’auteur.

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