Le Maroc, cet Orient qui nourrit le texte et l’image de Delacroix (Colloque)

Le Maroc, cet Orient qui nourrit le texte et l’image de Delacroix (Colloque)

vendredi, 13 septembre, 2019 à 22:49

Rabat- “Le séjour marocain a influencé Eugénie Delacroix, nourrissant son texte et son image dans un travail de mémorisation”, a affirmé, vendredi à Rabat, le professeur d’histoire de l’art contemporain, Jobert Barthélémy.

Intervenant lors de la cinquième séance du colloque international sur “La palette marocaine d’Eugène Delacroix de 1832 à 1863”, organisé par l’Académie du Royaume du Maroc (ARM), M. Barthélémy a avancé que le voyage au Maroc a influencé les œuvres de Delacroix, tel un écrivain à part entière et non plus comme un écrivain peintre.

“Delacroix est un homme d’écrit qui, lors de sa jeunesse, hésitait à choisir sa carrière : homme de lettre, peintre ou musicien”, rappellle-t-il, ajoutant que l’artiste détient un panorama diversifié, notamment les Carnets, le Journal, la Correspondance, dont il associait les mots aux croquis afin de ne pas oublier ce qu’il voyait lors de son séjour marocain. Il a tenté de préserver le vrai, se gardant à la fois du risque de tomber dans l’orientalisme de l’époque.

M. Barthélémy explique que Delacroix a écrit différentes correspondances afin de couvrir l’ensemble de son voyage au Maroc. Ainsi, avec Achille Piron et Félix Guillemardet, Pierret appartient à ce petit groupe d’amis que Delacroix conserva de ses années passées au Lycée impérial à Paris et avec lesquels il entretient tout au long de sa vie une abondante correspondance. Mais ses huit lettres envoyées à son ami Pierret représente sa vrai description du Maroc.

Survolant les écrits de l’artiste avant sa mission au Maroc, ses publications dans le Magasin Pitorresque, l’album du compte de Mornay pour enfin traiter les Noces Juives, Barthélémy Jobert a retracé les étapes de changement qu’a connues le style d’écriture de Delacroix.

Pour Thierry Laugée, maitre de conférence en histoire de l’art contemporain à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV), Delacroix demeurait émerveillé de ce qu’il avait vu et c’est ainsi qu’il en faisait part dans ses Souvenirs d’un voyage dans le Maroc, qui resta inachevé.

M. Laugée relève que le séjour de Delacroix au Maroc est un patrimoine bâti que l’artiste put découvrir, décrire et dessiner, livrant un témoignage d’une grande importance.

“Multipliant les croquis ou les dessins plus aboutis, griffonnant des notes, Delacroix donne en effet une des toutes premières illustrations, avant la photographie, de l’aspect des cités marocains, s’éloignant ainsi de l’orientalisme fantasmé de ses contemporains”, a affirmé M. Laugée.

Ainsi, pour Thierry Laugée, les villes de Tanger et de Meknès, ont marqué les œuvres ultérieurs de Delacroix, témoignant de l’attrait que l’artiste avait eu pour l’utilisation des couleurs vifs dans l’habitat et de l’utilisation des coupoles, d’arcs polylobés, en accolade ou à lambrequins, permettant d’y reconnaitre un édifice de Tanger ou la fameuse porte verte du Maroc.

De son côté, le conservateur général et directeur du département des arts graphiques du Musée du Louvre, Xavier Salmon, a fait observer que le contexte politique où Delacroix a évolué lui a permis de découvrir le Maroc, “lui qui n’a voyagé qu’une seule fois dans sa vie, en Angleterre”.

Évoquant le changement dans l’œuvre de Delacroix, M. Salmon signale que l’artiste a connu une mutation singulière dans son texte, faisant une comparaison entre ce qu’il voit et ce qu’il connaissait, récoltant des notes et des croquis pour tout conserver dans sa mémoire, et ainsi s’enrichir.

Il ajoute qu’après 3 mois de présence au Maroc, Delacroix fait de nouveau appel à ses connaissances pour s’éloigner de ses sensations d’exotisme fugace et ainsi toujours faire des références aux œuvres et aux mœurs de l’antiquité marocaine.

Remémorant la citation de Théophile Gautier “Le Maroc appartient à Delacroix qui l’a découvert et qui l’a conquis: c’est son pachalik pittoresque”, le professeur à l’université Mohammed V, Zouine Magid, soutient l’idée que l’objet de représentation de ce Maroc, devient une nécessité et l’assimile.

“Après son retour en France, Delacroix collectionnera des objets marocains, notamment tissus, faïences, armes, cuirs, vêtements, instruments de musique, coffres, rapportés de son séjour marocain”, assure M. Magid.

Pour l’universitaire, ces objets ont formé l’artiste, autant d’impressions tangibles de son grand voyage, en écho à ses notes et ses croquis, lui offrant par la suite une remémoration matérielle de son séjour marocain.

Le colloque international sur “La palette marocaine d’Eugène Delacroix de 1832 à 1863”, organisé du 11 au 13 septembre par l’Académie du Royaume du Maroc à son siège, a constitué un temps fort d’échanges et de réflexion dans un jeu de regards croisés, pour mieux comprendre l’artiste et son temps.

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