Mawazine 2016 : Les chants mystiques mongoles, une extase spirituelle collective sur la scène de Chellah

Mawazine 2016 : Les chants mystiques mongoles, une extase spirituelle collective sur la scène de Chellah

vendredi, 27 mai, 2016 à 12:39

– Par Hajar El Faker –

 

Rabat-Les chants mystiques mongoles, allant du recueillement à l’extase, de l’infime frémissement à l’abandon fantaisiste, se sont invités jeudi au site historique de Chellah avec un concert haut en couleurs du groupe “Souffles Quartet”, dans le cadre de la 15ème édition du festival Mawazine Rythmes du monde (20-28 mai).

La prestation de ce quatuor était un grand moment musical et spirituel et une occasion pour savourer avec grand bonheur les plus belles mélodies où chants d’éloges, chants épiques, jeux vocaux, imitations et musique sacrées s’entremêlent.

Le groupe a exécuté avec maestria des chants dévotionnels et débridés et des poésies enivrées dont la mouvance “free” peut être perçue comme l’effort le plus intense et le plus pur pour atteindre un état d’extase. D’une expérience conjointe, “Souffles Quartet” tire une musique complexe, en perpétuelle invention d’elle-même.

Une plongée dans un univers magique, dans la sonorité exceptionnelle de la flûte “Bansuri” et dans l’intimité d’une musique qui nourrit, inspire et émerveille, et qui n’a pas laissé le public de Chellah insensible à cette prestation majestueuse, issue d’une rencontre d’un flûtiste français, Henri Tournier, avide d’embrasser tous les territoires accessibles à son instrument, et d’un chanteur et virtuose mongol, Enkhjargal Dandarvaanchig alias Epi.

Des flûtes traversières voyageant du souffle subtil du “Bansuri” et de la stridence du “Piccolo” au grave feutré de l’octobasse, plaisir du jeu sur les timbres et les couleurs, ce dialogue a été accompagné par deux musiciens talentueux, le percussionniste Thierry Gomar et le violoniste Johan Renard, venus onduler sur des ondes éthérées en mots flûtés les chuintements régressifs, onomatopées chevrotantes et grommellements caverneux du “grand” Epi.

Embarquement immédiat pour le tour du monde des instruments à vents : tantôt dans la steppe, tantôt au-dessus de l’océan, au beau milieu du désert, dans un milieu aux mille sons. Oiseau migrateur au plumage musical, personnage ethnoclectique, “Souffles quartet” déploie ses ailes et se saisit des mots comme du vent pour laisser planer sur ses festivaliers son “souffle du monde”.

Cette série de dialogues au lyrisme sans faille, qui s’ouvre et se ferme avec les vibrations caverneuses du Mongol Epi, se prête également à une écoute plus technique. A la fois occidental et flûtiste indien, musicien classique et improvisateur contemporain, Tournier était le mieux placé pour entreprendre l’exploration pionnière du projet “Souffles du monde”, en réunissant dix chanteurs venus de traditions et de pratiques dissemblables.

Mêlant improvisations et compositions originales, “Souffles Quartet” a émerveillé un public conquis avec sa voix unique qui invite à explorer des univers magiques et oniriques, en interprétant notamment des chants en solo (Schiree nul & horse galop), des chants traditionnels (Eruu Tsagaan Boljmor), des compositions originales (Octobour suite et Hömiinii 9) et d’autres en trio (Dodeca Mantra).

Usant de tessitures (flûte alto ou octobasse, en ut ou en ré, grave ou piccolo…) et de silences pour mieux épouser leurs nuances, Tournier, ce musicien rompu à la fois au classicisme européen et aux volutes savantes de la flûte Bansuri indienne en Bambo, tente d’explorer cette “terra incognita” que constitue le dialogue de la flûte et de la voix.

De mistral en Karaburan, de blizzard en alizé, les vents du monde viennent vibrer dans les anches des instruments. Tantôt impressionnants, tantôt drôles, tantôt tristes, les deux hommes, dans leur communion spirituelle et leur attachement à la liberté artistique dans le respect d’une mystique intemporelle, offrent une idée lumineuse de la relation qui unit l’homme, la nature et le divin.

Pays d’ombres et de lumières, aux confins de l’Asie centrale, la Mongolie, étant une nation de nomades, a développé une forte tradition de musique vocale où le chant appelé “diphonique” signifie beaucoup plus que de simples mélodies.

“Ces chants expriment la liberté et la vastité des steppes mongoles et sont aussi très souvent utilisés pour accompagner les rites associés aux changements de saisons et les diverses cérémonies de la vie quotidienne”, s’est confié le chanteur Epi dans une déclaration à la MAP.

Du chant long ornementé au chant court, en passant par le “khöömii”, le chant diphonique mongole est interprété avec une voix grave puis tout à coup surgit un deuxième son, plus aigu, comme un sifflement, a expliqué l’artiste mongole, faisant savoir que les thématiques abordées sont nombreuses, allant de l’amour et la vie de tous les jours à la faune locale, en particulier les chevaux.

De son côté, le flûtiste Henri Tournier a souligné que dans son répertoire musical, le groupe interprète des chants revisités de la Mongolie et des compositions influencées par la musique contemporaine occidentale ou celle de l’Inde.

Jouant de diverses flûtes, Tournier joint donc sa voix à celle d’Epi dans un véritable “dialogue” flûte-voix teintée qui exprime, comme par miracle, des jaillissements de vitalité joyeusement offerts à l’air et au soleil.

C’est dans la féérie de ce lieu chargé d’histoire et de charme que les plus belles mélodies du monde entier révèlent toute leur splendeur. Le site de Chellah, espace de découverte des rythmes du monde, accueille ainsi les plus belles voix venant de contrées lointaines pour le bonheur d’un public de profanes ou de fins connaisseurs.

Lire aussi

Les perspectives de coopération entrepreneuriale entre le Maroc et l’Espagne sont prometteuses (Responsable andalou)

jeudi, 25 avril, 2024 à 23:50

Le conseiller (ministre régional) de la Présidence du gouvernement andalou, chargé de l’Intérieur, du Dialogue social et de la Simplification administrative, Antonio Sanz, a qualifié, jeudi, de «prometteuses» les perspectives de coopération pour consolider davantage les liens entrepreneuriaux entre le Maroc et l’Espagne.

Mme Hayar présente à Addis-Abeba l’expérience du Maroc dans la mise en oeuvre des ODD

jeudi, 25 avril, 2024 à 23:46

L’expérience du Royaume du Maroc dans la mise en oeuvre des Objectifs de développement durable (ODD) a été présentée, jeudi à Addis-Abeba, par la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Aawatif Hayar.

Le renforcement du capital humain, clé de voute d’une industrie de tourisme forte et durable (Mme Ammor)

jeudi, 25 avril, 2024 à 23:31

Le renforcement du capital humain constitue la clé de voute d’une industrie de tourisme forte, durable et résiliente, devant aboutir à l’amélioration de la qualité des services offerts par la destination Maroc, a affirmé, jeudi à Rabat, la ministre de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire, Fatima Zahra Ammor.