Quatre questions à M’bark El Haouzi co-auteur de l’ouvrage “Les Gnawa de Lalla Mimouna”

Quatre questions à M’bark El Haouzi co-auteur de l’ouvrage “Les Gnawa de Lalla Mimouna”

mercredi, 30 septembre, 2020 à 12:53

Paris – “Les Gnawa de Lalla Mimouna” est un ouvrage qui vient de sortir aux Editions l’Harmattan à Paris, sous la signature de M’bark El Haouzi, chef des Gnawa du Todgha, et Erwan Delon, socio-anthropologue français. Dans un entretien à la MAP, M’bark El Haouzi, qui a participé à des rencontres consultatives sur le projet de candidature “des Arts Gnawa” sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, revient sur les raisons qui l’ont poussé à coécrire ce livre, nous parle de l’importance de la préservation de ce patrimoine pour les générations futures et défend avec véhémence les valeurs tagnaouites et combien elles sont toujours de mise à notre époque actuelle.

Q: Tout d’abord, pourquoi un ouvrage sur les Gnawa ? et qu’apporte-t-il de nouveau ?

M’bark El Haouzi: Je suis licencié en Langue et Littérature françaises depuis 1994 et j’ai présenté mon mémoire de licence sous le thème “Le festival des Gnawa Spectacles et Jeux Théâtraux dans la région d’Errachidia”. J’ai également réalisé des recherches sur la culture Gnawa car je suis moi-même Gnawa. J’avais donc une solide base de travail. Ensuite, j’ai rencontré le socio-antropologue Erwan Delon et en discutant, nous avons constaté qu’il y avait un manque concernant les études à propos des Gnawa de Lalla Mimouna.

En effet, la grande majorité des études avaient été faites sur les Gnawa de Sidna Bilal. Je crois que cela est déjà en soi original d’écrire un livre sur les Gnawa de Lalla Mimouna qui sont moins connus médiatiquement que ceux de Sidna Bilal. Mais cela ne s’arrête pas là : dans cette étude, les Gnawa de Lalla Mimouna se disent eux-mêmes, se racontent. C’est sans doute l’une des premières fois.

Enfin, nous avons opté pour l’utilisation du terme compagne pour qualifier les Gnawa de Lalla Mimouna et mettre en valeur le lien fondamental avec leur croyance : ces Gnawa vénèrent une femme : Lalla Mimouna, la compagne en l’honneur de laquelle et avec laquelle ils partagent toutes leurs activités. La compagne fidèle, inséparable des Gnawa ; celle qui réconforte, qui guérit et celle qui accompagne les Gnawa durant leur vie entière.
Q: Ce genre d’ouvrage participe-t-il à la préservation de ce patrimoine désormais inscrit au patrimoine culturel de l’humanité de l’Unesco ?

M’bark El Haouzi : Avant de répondre à votre question, je voudrai vous dire que j’ai participé à trois ateliers de formation sur le patrimoine culturel immatériel à l’UNESCO en 2011, 2014 et 2015. Et j’ai également participé la Rencontre consultative sur le projet de candidature « des Arts Gnawa » sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel auprès de l’UNESCO le 10 juin 2014 à Essaouira.

Pour revenir à votre question ; certainement, c’est ici l’occasion de contribuer à la préservation des danses et musiques propres au Sud-Est marocain et particulièrement aux Gnawa. Ceci en décrivant minutieusement et en mettant en lumière ces formes d’art, ce livre aura été l’occasion de montrer et confirmer la diversité culturelle au Maroc et « graver dans le marbre » et ainsi transmettre cet héritage, ce Patrimoine culturel immatériel.

Q: L’art et la musique Gnaoua sont désormais célèbres grâce à la création, il y a une vingtaine d’années, du Festival Gnaoua d’Essaouira, une ville qui est d’ailleurs considérée comme le sanctuaire de cette musique. Mais d’autres régions du Maroc, particulièrement celles du Sud-est peuvent également prétendre être détentrices de cet art millénaire. Toutefois, elles ne sont pas mises au devant de la scène ? Que proposez-vous pour y remédier ? Et est-ce que cet ouvrage vient leur rendre un peu justice ?

M’bark El Haouzi : Vous soulevez un point important. Il est primordial de donner de la visibilité aux Gnawa de Lalla Mimouna qui, comme nous l’avons évoqué précédemment, ont été longtemps éclipsés médiatiquement par les Gnawa de Sidna Bilal. Il faudrait, également, que les responsables locaux prennent conscience de la formidable chance d’avoir des groupes Gnawa dans leur région. Et ainsi qu’ils oeuvrent pour sauvegarder ce patrimoine et valoriser cette culture, en l’inscrivant dans les événements culturels locaux et en les aidant à organiser des festivals Gnawa dans le Sud-Est.

Q: On entend souvent parler des « valeurs tagnaouites ». Mais en quoi consistent-elles réellement ? Et sont-elles toujours de mise à notre époque actuelle ?

M’bark El Haouzi: Les Valeurs Tagnaouites sont nombreuses ; mais, nous pouvons en citer trois essentielles : le respect de soi et d’autrui, la décence entre les sexes et les générations, et le Mérou : l’entraide et l’union dans le douar.

Pour les Gnawa qui ont hérité de ces valeurs et les transmettent, ils les respectent et en font un point d’honneur. Cependant, nous connaissons une marchandisation du phénomène Gnawa. De ce fait, certains en profitent pour faire du business par le biais de la Tagnaouite perdant ainsi la pertinence et la ligne de conduite indispensables aux « vrais Gnawa ». C’est aussi ce que nous voulions expliquer dans ce livre en montrant ce que signifie être Gnawa au vingt et unième siècle, ce que cela implique de spirituel, au delà du folklore et du commercial.

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