Le rôle des jeunes dans la préservation du patrimoine gnaoui authentique en débat à Essaouira

Le rôle des jeunes dans la préservation du patrimoine gnaoui authentique en débat à Essaouira

dimanche, 21 juillet, 2019 à 10:31

Essaouira – Un colloque dédié à débattre du rôle que les jeunes doivent jouer en vue de la préservation du patrimoine gnaoui authentique, a été organisé samedi à Essaouira et ce, dans le cadre de la 2è édition du Festival ”Génération Gnaoua des Jeunes”.

Placé sous le thème ”le patrimoine gnaoui et les jeunes pour le développement et l’échange interculturel”, ce colloque se propose de jeter la lumière sur l’art gnaoui authentique et ancestral, tel que légué par les grands Maâlems et donc, de voir comment ce patrimoine peut être transmis fidèlement aux jeunes, tout en les incitant à en assurer la relève et à le protéger.

Cette rencontre alliant à la fois aspect culturel, intellectuel et artistique de Gnaoua, a été marquée par la présence d’un aréopage d’artistes, d’intellectuels, de chercheurs, et d’acteurs associatifs du Maroc et d’ailleurs.

Intervenant à cette occasion, M. Ahmed Harrouz, artiste-peintre, intellectuel et membre de l’Association Essaouira-Mogador, a salué l’initiative prise par les jeunes de l’Association ”Origines Gnaoua Essaouira” d’organiser ce colloque pour soumettre à étude la question du patrimoine gnaoui en tant qu’un tout indivisible rassemblant à la fois musique, art, culture, style de vie, philosophie et rituel.

Ce colloque est l’occasion de soulever un certain nombre de questionnements importants sur la préservation de ce patrimoine (répertoire, tradition…), sa pérennisation, et son positionnement aux côtés des autres créations artistiques existantes, dont gnaoua fait partie aussi, a ajouté M. Harrouz, s’interrogeant si ce patrimoine gnaoui authentique est transmis tel qu’il est aux jeunes générations, ou bien il est en train de dérailler de sa trajectoire naturelle et donc à se réduire uniquement en une simple ”prestation artistique (musicale)”.

Il a, dans ce sens, passé en revue un certain nombre de grands Maâlems qui ont contribué à la préservation de cet art authentique, voire même à l’emporter au-delà des frontières nationales, estimant, dans ce sens, indispensable pour les jeunes d’emprunter les voix des ancêtres, et de veiller à ce que ce patrimoine séculaire, continue de refléter et de reproduire toutes ces dimensions culturelle, philosophique, artistique et rituelle, mais aussi de contribuer à faciliter cet échange interculturel ainsi que le développement escompté.

M. Pascal Amel, écrivain et directeur d’un studio d’enregistrement musical à Essaouira, qui a longtemps travaillé sur la musique gnaoua, a insisté, quant à lui, sur la nécessité de faire la nuance entre le terme ”musique gnaouie” qu’on utilise le plus souvent pour rapprocher le public de manière générale et le situer par rapport aux autres genres musicaux, tel le blues, le jazz…, et ”l’art gnaoui” ou ”Tagnaouite” qui incarne plusieurs dimensions.

”Parler de préservation et de transmission de l’art gnaoua aux générations montantes suppose d’abord de prendre en considération tous ces aspects spirituel, artistique, culturel, rituel et musical de cet art ancestral et authentique”, a insisté M. Amel, mettant en avant la responsabilité que les jeunes se doivent d’assumer pour faire connaître davantage cet art, le préserver, le pérenniser et surtout d’oeuvrer pour que ce legs ancestral ne soit pas dénaturé ou réduit à de simples démonstrations musicales et de danses.

”L’art gnaoua c’est une culture, ce sont des traditions, c’est un style de vie et un rituel qu’il convient de respecter scrupuleusement, notamment en ces temps modernes”, a-t-il dit.

M. Anas Azza, président de l’Association ”Origines Gnaoua Essaouira”, a mis en avant l’importance de ce débat et de soulever toutes les questions intéressant l’art gnaoui, notant que c’est cette approche d’inviter l’art gnaoua authentique au banquet de la réflexion et du débat qui anime tous les jeunes membres de son association.

Et de poursuivre que ”gnaoua n’est pas seulement de la musique, c’est un mode de vie et une philosophie”, a-t-il enchaîné, invitant les jeunes à s’impliquer davantage dans tous les efforts visant d’abord à prendre connaissance du patrimoine existant y compris celui gnaoui, et de s’investir pleinement dans sa préservation car il y va de la préservation de l’identité nationale.

”Nous devons prendre conscience de la richesse de notre patrimoine, d’en faire bon usage pour promouvoir davantage notre culture riche et diversifiée, la valoriser et la préserver, et par là exercer pleinement nôtre citoyenneté”, a dit M. Azza, estimant qu’un effort intellectuel considérable doit être consenti pour assurer une transmission ”fiable” de ce patrimoine aux générations à venir.

Par la suite, les grands Maâlems gnaouis présents, dont Ahmed Bakbou (Marrakech), Abdellah Akherraz (Essaouira), Abdelkader Amlil (Rabat) et Hamid Dakaki (Fès), ont livré des témoignages sur leurs riches expériences en matière de promotion, de valorisation et de préservation du patrimoine gnaoui, insistant sur la nécessité pour les jeunes de prendre le flambeau pour assurer la relève et consolider davantage la place de l’art gnaoui au plan national comme sur la scène internationale.

Tout en déplorant le fait qu’au départ, aucun intérêt n’a été accordé à la garantie de la relève et que la transmission de cet art aux jeunes se faisait uniquement dans un cadre restreint (confrérie, famille), ils ont souligné l’impératif d’accorder une importance cruciale à l’encadrement des jeunes pour en faire de véritable ”ambassadeurs” et authentiques Maâlems de Tagnaouite dans les années à venir.

Ils ont également convié l’assistance, chacun à son tour, à apprécier des morceaux (Melouk) tirés du répertoire gnaoui authentique.

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