“Version des fées” de Souad Jamai, un conte contemporain qui déconstruit les clichés sur les femmes

Rabat – Et si les héroïnes des contes populaires n’étaient pas des princesses attendant le prince charmant pour les sauver, mais des femmes fortes et indépendantes qui savent se prendre en charge ? C’est l’idée qui est à la base de “Version des fées”, dernier roman de Souad Jamai, un conte moderne à travers lequel l’auteure passe des messages sur nombre de questions intéressant les femmes d’aujourd’hui.

Tel que présenté par son auteur lors d’une rencontre tenue mardi dans le cadre de la 28ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL), “Versions des fées”, qui vient de paraître aux éditions La Croisée des chemins, s’emploie à déconstruire les préjugés véhiculés par la culture populaire, notamment les contes pour enfants, autour de la femme et de la condition féminine.

En faisant côtoyer Shéhérazade, la Belle au bois dormant, Cendrillon, Aicha Qandicha et l’inspecteur Ali (personnage créé par Driss Chraibi) dans un univers fantastique où l’Orient et l’Occident ne font qu’un, Souad Jamai relate sa “version des faits” qui défie les convenances et ébranle les stéréotypes liés à l’image de la femme dans l’inconscient collectif.

Tout commence par l’histoire d’une fée évadée d’un conte de Shéhérazade qui “commence à se poser des questions existentielles, ce qui l’amène à faire grève parce qu’elle trouve que son travail consistant à exaucer les vœux des petites filles n’a plus de sens. Les filles, en l’occurrence les héroïnes des contes pour enfants comme Cendrillon et la Belle au bois dormant, sont alors amenées à se débrouiller seules pour réaliser leurs vœux”, explique l’écrivaine qui est également médecin cardiologue et metteuse en scène.

Un détournement de faits aussi original qu’hilarant qui crée des situations incongrues frôlant parfois le ridicule et qui appuie ce travail de démystification entrepris par l’auteure. “J’ai fait exprès de caricaturer les personnages et de grossir les caractères pour mieux faire passer mon message et débarrasser les filles de ce ‘syndrome de Cendrillon’ qui fait qu’elles soient constamment dans l’attente d’un prince charmant pour les délivrer, au lieu de chercher à se délivrer par elles-mêmes et de reconquérir leur liberté”, martèle-t-elle.

Pour Souad Jamai, un conte ne sert pas seulement à divertir les petits, mais aussi et surtout à “éveiller leur sens critique et leur transmettre des valeurs et des enseignements qui puissent les protéger à l’avenir”.

Née à Rabat, Souad Jamai est une cardiologue, romancière, dramaturge et metteuse en scène. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages qui s’inspirent de son expérience de médecin comme “Un Toubib dans la ville (2017), “Des Ailes de papier” (2019) et “Le Serment du dernier Messager” (2021) pour lequel elle a reçu le Prix Ivoire pour la littérature africaine d’expression francophone à Abidjan.

En 2018, elle a écrit et mis en scène “Le K-barré des médecins”, une pièce de théâtre jouée uniquement par des médecins, qui a rencontré un vif succès.