Bio et Recherche agronomique: 3 questions à Imane Thami Alami, Directrice de recherche à l’INRA

Bio et Recherche agronomique: 3 questions à Imane Thami Alami, Directrice de recherche à l’INRA

vendredi, 6 novembre, 2020 à 12:20

Propos recueillis par: Samia Boufous
Casablanca – La directrice de recherche à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Imane Thami Alami, a analysé, dans un entretien accordé à la MAP, les enjeux du développement de l’agriculture bio au Maroc et le rôle de la recherche agronomique dans l’expansion de ce secteur à fort potentiel.
1. Comment s’explique la non-atteinte de l’objectif de 40.000 hectares de culture bio, fixé dans le cadre Plan Maroc Vert (PMV) qui arrive à échéance en 2020 ?

Depuis le lancement du PMV, nous avons réussi à tripler les superficies certifiés bio par les deux organismes certificateurs agréés par la tutelle, passant ainsi de 4.000 ha à près de 12.000 ha en 2019. Il peut y avoir d’autres surfaces certifiées par d’autres organismes certificateurs mais ceci ne changera en rien le gap qui nous sépare de l’objectif 2020 fixé par le PMV.

Cependant, les professionnels se plaignent du retard d’adoption de la loi sur la subvention à la certification bio et son décret d’application. Ce n’est qu’en septembre 2020 que le décret a été promulgué et son intégration dans la procédure du guichet unique virtuel sera effectuée en début 2021.

De plus, l’interprofession doit être renforcée par les ressources humaines et appuyée par les directions régionales de l’Agriculture et toute partie prenante susceptible d’apporter une plus-value à l’action vers la réalisation de cet objectif, qui sera encore plus défiant à l’horizon 2030, y compris la recherche agronomique qui est appelée à jouer un rôle important dans ce chantier.
2. Concrètement, quel est le rôle que peut jouer le marché bio pour doper la valeur ajoutée agricole, dans le cadre de la nouvelle vision agricole du Maroc ?

Il faut savoir que les tendances du consommateur, qu’il soit marocain ou étranger, penchent généralement vers des aliments Bio. Après toutes les problématiques causées par l’utilisation irrationnelle de produits chimiques de synthèse, le consommateur se trouve contraint à payer plus pour une garantie de conformité du produit consommé à certains standards.

Le bio jouit d’une certification qui oblige l’agriculteur de respecter des techniques de productions contraignantes, mais en contrepartie il offre un marché porteur et en pleine croissance.

En effet, il existe d’ores et déjà une forte demande des produits bio ce qui représente une niche où le savoir-faire de l’agriculteur marocain peut être valorisé et rentabilisé, et l’investissement dans cette niche peut être encouragé.
3. Quid de la recherche agronomique ? Comment pourrait-elle favoriser l’expansion du secteur bio au Maroc ?

La recherche agronomique peut faire beaucoup de choses pour soutenir la filière bio au Maroc. C’est notre rôle d’accompagner la consolidation des filières dans le cadre de la stratégie “Génération Green 2020-2030”.

Atteindre 100.000 hectares de superficies bio n’est pas un objectif facile à atteindre, mais il semble très réalisable au vu de ce qui est accompli dans des pays voisins comme la Tunisie qui atteint environ 35.000 ha en superficies bio.

L’INRA est prête à collaborer à travers ses chercheurs de différentes disciplines (économistes, sociologues, entomologistes, microbiologistes du sol, agronomes, agro-technologues, etc) pour formuler avec toute les parties prenantes de ce chantier, des programmes de recherche pertinents à même de répondre aux problématiques de la filière, en proposant des innovations, des technologies susceptibles de renforcer la filière.

Nous avons déjà entamé des projets sur la fertilisation organique, la microbiologie des sols, la lutte biologique et la caractérisation de la qualité des produits. Notre futur programme de recherche continuera les efforts entrepris dans ces thématiques en s’appuyant sur une approche transdisciplinaire réunissant plusieurs partenaires dans des plateformes d’innovation dans les principaux hubs potentiels de production bio.

Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts a mandaté l’INRA pour développer une vision en vue de créer un Centre National de l’Agriculture Biologique en concertation avec les institutions de formation, de recherche et de conseil agricole. Le développement de la filière des productions biologiques se fera nécessairement à travers la Recherche Agronomique qu’il faut renforcer par des ressources humaines qualifiées et d’équipements techniques et scientifiques.

Lire aussi

La régulation du transport via les applications intelligentes tributaire du consensus entre les professionnels du secteur (ministre)

jeudi, 28 mars, 2024 à 20:38

La régulation du transport via les applications intelligentes est tributaire du consensus entre les différents intervenants dans le secteur du transport en commun au sujet de l’introduction de ce mode de transport sur le marché, a affirmé, jeudi, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohamed Abdeljalil.

Fabrication de délit fictif lors d’une émission radio: la HACA appelle à préserver le droit du citoyen à des contenus médiatiques vigilants et sûrs

jeudi, 28 mars, 2024 à 19:59

La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) a appelé à préserver le droit du citoyen à des contenus médiatiques vigilants et sûrs, sur fond de l’affaire de fabrication de délit fictif et de diffusion de fausses informations au cours d’une émission radiophonique.

Permis de conduire: Une nouvelle chance pour les candidats recalés à l’épreuve théorique au premier jour du lancement du nouveau système (ministre)

jeudi, 28 mars, 2024 à 17:14

Les candidats ayant échoué à l’épreuve théorique pour l’obtention du permis de conduire, au premier jour du lancement du nouveau système, se verront accorder une nouvelle chance, sans que la première tentative ne soit prise en compte, a affirmé jeudi le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil.