En récession, l’économie tunisienne en quête de ressources

En récession, l’économie tunisienne en quête de ressources

lundi, 2 novembre, 2020 à 17:43

-Par : Driss Belkhadir-

Tunis – Face à des recettes en baisse et des dépenses qui ne cessent d’augmenter, le gouvernement tunisien s’ingénie à mobiliser les ressources nécessaires pour financer son économie, dont le déficit devient préoccupant dans un contexte marqué par un accès difficile au marché financier mondial.

Et pour cause, des clivages politiques qui ont manifestement jugulé le processus des réformes qui devraient être entreprises pour apporter la prospérité attendue par les Tunisiens au lendemain de la “révolution du Jasmin” survenue en 2011.

Avec un parlement profondément fragmenté et des acteurs en quête permanente d’un repositionnement sur l’échiquier politique, les principaux partenaires ne semblent pas avoir réussi à s’entendre sur la manière de résoudre les problèmes financiers et la dette du pays, qui représente environ 75 % de son PIB.

De surcroît, la crise de l’épidémie de coronavirus a provoqué un recul économique de plus de 21 %, soit la plus forte contraction de l’histoire du pays.

Alors que les Tunisiens se sentaient désenchantés par la situation du pays, le taux de chômage s’est accru et une profonde insatisfaction s’est installée face à l’absence de réponse aux attentes populaires pour un gouvernement et des institutions légitimes censés capables de résoudre les problèmes socio-économiques du pays.

Ainsi, l’économie tunisienne a continué de s’essouffler au fil des jours. A fin septembre dernier, le flux des investissements étrangers en Tunisie s’est établi à son plus bas niveau depuis 2010, selon l’agence tunisienne de promotion de l’investissement extérieur.

Le tourisme, quant à lui, a été lourdement impacté par la crise du coronavirus. Depuis mai dernier, les recettes touristiques n’ont cessé de régresser sous l’effet de la crise générée par la pandémie, selon la Banque centrale de Tunisie.

L’agence de notation Moody’s a de son côté dégradé les perspectives de la Tunisie, ce qui, selon les analystes, dénote que le gouvernement est incapable d’assurer à l’économie une éventuelle croissance et à conduire la politique de réformes et de redressement financier nécessaires pour restaurer un climat de confiance favorable aux investissements.

En second trimestre 2020, l’économie tunisienne a enregistré une récession record de -21,6% et passera, sur toute l’année 2020, à -9 à -10%, selon plusieurs économistes.

Néanmoins, malgré ces clignotants au rouge, la Tunisie semble déterminée à s’extraire de la crise. Dans ce sens, le gouvernement tunisien vient de proposer des mesures qui mettent en évidence un déficit atteignant un niveau inédit, estimé à 13,4% du PIB.

Pour financer ces mesures, le gouvernement de Hicham Mechichi doit faire des efforts pour mobiliser les ressources financières nécessaires, dans un laps de temps très court et dans un contexte caractérisé par un accès difficile au marché financier mondial.

Le coût de ce marché sera évidemment élevé en raison aussi de la rareté des liquidités due à l’impact de la crise sanitaire sur l’endettement des pays d’autant plus qu’aujourd’hui, il est très difficile pour le gouvernement de demander des prêts internationaux sans un taux d’intérêt colossal, selon les experts.

Face à cette situation, l’économiste Ezzeddine Saidane a proposé que la banque centrale de Tunisie procède au rachat de la dette publique. Selon lui, cette solution pourrait fournir au secteur bancaire plus de 7 milliards de dinars (1 euro = 3,20 dinars ) qui serviront au financement des entreprises commerciales.

Le rachat de la dette permettra, en outre, de pourvoir l’Etat en liquidité nécessaire au paiement de ses dettes, notamment auprès des sociétés tunisiennes, a-t-il expliqué.

De ce point de vue, les banques achètent de nouveaux “Bons de Trésor assimilables” et les revendent directement à la Banque centrale pour se refinancer. Mais, le Fond Monétaire International, par la voix de son représentant à Tunis, a réfuté cette thèse en soulignant que la domination de la politique monétaire par les besoins budgétaires a un impact négatif.

Pour sa part, le ministère chargé des Finances a proposé à la Banque centrale d'”acheter ferme” auprès des banques 4 ou 5 milliards de dinars, que le Trésor compte émettre au cours des prochains mois. Cela va certes permettre au Trésor de lever des fonds, et à l’Etat de boucler son budget 2020.

Néanmoins, cette opération risque d’accroître le taux d’inflation, car il s’agit d’une “création monétaire sans création de richesses”, mettent en garde les spécialistes.

Cette position est partagée par Fethi Nouri, membre du conseil d’administration de la Banque centrale, qui a affirmé que par cette opération, qui semble facile, il en résulte une montée de l’inflation à deux chiffres, 15 ou même 20 %.

“Le dinar tunisien sera alors sous pression et perdra de sa valeur”, a-t-il estimé.

Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abassi, a lui même affirmé que les orientations du gouvernement comportent des “dangers inflationnistes cruciaux”, qui auront de “graves répercussions” sur la croissance, le pouvoir d’achat, l’épargne et l’investissement.

Face à cette situation compliquée à laquelle il est difficile de remédier sans courir d’énormes risques, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, a souligné la nécessité de réguler les prix de certains produits alimentaires de base “de manière à les rendre à la portée des citoyens”, une mesure qui risque indubitablement d’entraver la mise en place d’un marché concurrentiel, nécessaire à la création des richesses.

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