Afrique du Sud: Une rentrée délicate sur fond de vives tensions

Afrique du Sud: Une rentrée délicate sur fond de vives tensions

lundi, 16 septembre, 2019 à 13:00

.-Par Abdelghani AOUIFIA-.

Johannesburg – Des violences xénophobes meurtrières en passant par une hausse continue de la criminalité et une crise économique qui perdure, la rentrée politique paraît jalonnée de polémiques et de malaises internes qui compliquent la tâche du président sud-africain Cyril Ramaphosa de réaliser l’objectif qu’il s’était fixé de remettre le pays sur les rails.
Dans un climat aussi délétère, les mois qui viennent devront être des plus difficiles pour Ramaphosa, sous pression pour traduire sur le terrain ses promesses d’avant les élections générales de mai dernier que le Congrès National Africain (ANC, au pouvoir) a remportées avec une majorité réduite par rapport aux scrutins organisés dans le pays durant les 25 dernières années.
Les dossiers sur le bureau du patron de L’Union Buildings, quartier général du gouvernement à Pretoria, ne peuvent plus attendre. Le climat social ne semble plus prêt à supporter davantage de tension, et les Sud-Africains attendent avec impatience de bénéficier des dividendes de l’ère de l’émancipation, même si, plus de deux décennies après la fin du régime de la ségrégation raciale (apartheid) en 1994, de nombreux citoyens du pays de Nelson Mandela ont cédé au désespoir.
Ramaphosa sait que le temps n’est plus en sa faveur ni celle de l’ANC.
Sur le plan continental, les difficultés se multiplient. L’Afrique du Sud s’isole en Afrique. Les nouvelles vagues de violences xénophobes qui ont récemment ciblé des ressortissants subsahariens dans le pays, en particulier à Johannesburg, ont porté une grave atteinte à l’image du pays parmi «les frères africains».
Le Nigeria et le Zimbabwe voisin ont déjà rapatrié des centaines de leurs citoyens du pays de Mandela. Lors du Forum Economique Mondial sur l’Afrique, qui s’est tenu récemment dans la ville du Cap, trois pays africains: le Rwanda, le Malawi et la RDC, se sont retirés du conclave pour protester contre les violences.
La semaine dernière, le président rwandais Paul Kagame a durci le ton contre Pretoria. Il a purement et simplement appelé à l’expulsion de l’Afrique du Sud des instances de l’Union Africaine (UA), accusant les autorités sud-africaines de complicité avec les xénophobes.
Ramaphosa, en déplacement le weekend dernier à Harare pour prendre part aux obsèques du «camarade» Robert Mugabe, ancien président du Zimbabwe, a été hué par des milliers de zimbabwéens en colère. Il a été contraint de présenter des excuses pour les violences, estimant qu’elles vont à l’encontre des principes de l’africanité.
Ces violences, qui ne sont pas les premières du genre dans cette Afrique du Sud libre, interviennent au mauvais moment pour Ramaphosa qui s’apprête à prendre, l’année prochaine, la présidence de l’UA. L’organisation panafricaine s’est sentie «trahie» par une Afrique du Sud sensée travailler avec les autres pays importants du continent pour tirer l’Afrique vers l’avenir qu’elle mérite, un avenir fait d’intégration, de fraternité et de prospérité.
Cette semaine, des Envoyés spéciaux de Ramaphosa devront sillonner plusieurs pays du continent «pour les rassurer quant à l’engagement de l’Afrique du Sud en faveur des idéaux panafricains d’unité et de solidarité».
Sur le front interne, Ramaphosa fait face à d’autres problèmes non moins épineux. Le pays est rongé par une criminalité qui bat tous les records.
Des chiffres, dévoilés la semaine dernière au parlement par le ministre de la Police Bheki Cele, montrent une hausse de 3,4 pc des crimes violents en particulier les meurtres durant l’exercice 2018-2019.
Le rapport du ministre dresse, sans grande surprise, un tableau sombre de la situation sécuritaire du pays. Les chiffres indiquent que les meurtres ont augmenté de 686 cette année. Les données font également état de 47 meurtres de fermiers blancs. Ces assassinats suscitent de vives tensions raciales. Des membres de la minorité blanche du pays (environ 8 pc de la population) affirment être la cible d’une vague délibérée de meurtres destinée à leur faire quitter leurs terres.
Le rapport du département de la Police a fait l’objet d’un débat au parlement où les représentants de la nation ont souligné à l’unisson que les chiffres montrent que le pays «est en guerre contre lui-même».
En 10 ans, l’Afrique du Sud a enregistré 200.000 meurtres. C’est un signe que le pays est réellement en guerre, selon le parti de l’Economic Freedom Fighters (EFF), deuxième formation d’opposition.
Les chiffres ont eu l’effet de douche froide pour Ramaphosa, qui avait promis de réduire la criminalité de moitié durant les 10 prochaines années.
La hausse de la criminalité en Afrique du Sud est directement liée à la crise économique et à l’absence d’opportunités qui en résulte.
L’économie sud-africaine ne s’est jamais réellement remise de la crise financière mondiale de 2008. Depuis cette année, la croissance du PIB est restée désespérément molle. En 2018, cette croissance a été de l’ordre de 0,8 pc au moment où les prévisions de la Banque centrale du pays (SARB) pour 2019 prédisent 0,6 pc seulement.
Ce climat de ralentissement aggrave les déficits sociaux dont souffre le pays notamment un taux de chômage endémique qui affecte presque 30 pc de la population active, selon les chiffres officiels. Ce taux grimpe à plus de 50 pc chez les jeunes, de l’aveu même de Ramaphosa.
Le gouvernement sud-africain s’attend à davantage d’affaiblissement de la croissance économique en 2019. Il est peu probable que la croissance économique atteigne l’objectif de 1,5 pc fixé par la Trésorerie pour l’année 2019 car les conditions ont changé et le pays fait face à des contraintes grandissantes, a dit le ministre des Finances, Tito Mboweni.
Ces contraintes devront compliquer davantage la tâche du président Ramaphosa, qui avait promis de redynamiser la croissance, notamment en drainant des investissements étrangers d’une valeur de 100 milliards de dollars sur les cinq prochaines années.
Il s’agit d’un objectif qui semble s’éloigner dans un climat marqué par un affaiblissement continu de la confiance des investisseurs, actuellement à son niveau le plus bas depuis plus de 20 ans.
Les divisions qui rongent l’ANC s’ajoutent aux tracas de Ramaphosa, dont l’avenir à l’Union Buildings est loin d’être certain tout comme celui du pays qu’il dirige, estiment les analystes.

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