Après quatre mois de fermeture, le Royaume-Uni s’apprête à redynamiser l’économie

-Par : Nabila Zourara-

Londres – Après quatre mois environ de restrictions drastiques imposées à la population depuis la découverte d’un variant de coronavirus hyper-contagieux en Angleterre, le gouvernement britannique s’apprête à redynamiser des secteurs vitaux de l’économie à partir de lundi.

Tous les commerces non essentiels sont ainsi autorisés à rouvrir à nouveau en Angleterre, au même titre que les salles de sport, spas, zoos et salons de coiffure ainsi que tous les restaurants et cafés, disposant de terrasses, dans le cadre d’un déconfimement progressif, décliné en quatre étapes.

C’est une bouffée d’air frais pour les Britanniques retenus chez eux tout au long de l’hiver. Le Premier ministre Boris Johnson, qui table sur le programme de vaccination massive pour lever les dernières restrictions en juin prochain, appelle toutefois à “la prudence” et au respect des règles de la distanciation sociale.

“Nous avons établi notre feuille de route (pour un déconfinement, ndlr) et nous la respectons”, mais “nous ne pouvons pas être complaisants. Vous avez vu les vagues de la maladie qui ont affecté notre pays et nous ignorons toujours si le vaccin sera efficace quand les contaminations vont augmenter à nouveau”, a déclaré le dirigeant conservateur en conférence de presse.

L’usage d’un passeport vaccinal pour pouvoir se rendre dans les cafés et les restaurants a été exclu par le Premier ministre, au motif que cela pourrait être “discriminatoire” envers les personnes qui ne peuvent pas recevoir un vaccin contre le Covid-19 pour des raisons médicales. Mais l’instauration d’un certificat sanitaire, qui indiquerait si une personne est vaccinée, testée négative au virus ou avait développé une immunité naturelle, reste envisageable.

Ce certificat fera l’objet d’essais pilotes lors d’événements de masse prévus dans les prochaines semaines, à l’image de la Coupe d’Angleterre de football ou les Brit Awards. Il ne sera toutefois pas exigé dans les transports publics et les magasins, ni dans les restaurants lors de leur réouverture.

Même si plus de 60% de la population britannique a reçu au moins une première dose d’un vaccin anti-Covid-19. Les voyages vers l’étranger demeurent interdits depuis l’Angleterre.

En approuvant sa feuille de route pour le déconfinement en début de cette semaine, le dirigeant conservateur a refusé de s’engager sur une date concernant le retour des voyages à l’étranger, initialement prévu le 17 mai.

“Tant que la situation n’est pas claire, le risque d’importer des nouveaux variants du virus est toujours présent et il faut être réaliste”, a déclaré M. Johnson, appelant ses compatriotes à “patienter” avant de réserver des vacances.

Le Premier ministre a cependant donné raison à Johan Lundgren, directeur général de la compagnie aérienne EasyJet, qui a averti que les trois tests de dépistage imposés aux voyageurs entrant au Royaume Uni, découragent les Britanniques à se rendre ailleurs.

Il a en effet laissé entendre dans une déclaration à la presse que les tests rapides de dépistage pourront être utilisés en vue de réduire les coûts des vacances.

Le Royaume-Uni n’a pas totalement fermé ses frontières durant la pandémie, mais les voyageurs qui souhaitent s’y rendre doivent fournir un test PCR négatif, effectué dans les 48h précédant le voyage. Ils doivent également s’auto-isoler à leur arrivée dans leur adresse de résidence pendant 10 jours, tout en effectuant deux nouveaux tests de dépistage, au 1er et au 8ème jour de la quarantaine.

Selon la presse britannique, le gouvernement prévoit d’autoriser la reprise des vols internationaux grâce à “un système de signalisation”, dans lequel les destinations sont distinguées en fonction du taux d’infection, des niveaux d’expansion des nouvelles souches et du progrès de leurs campagnes de vaccination.

S’il a payé un tribut très élevé à cette pandémie avec près de 127.000 morts au total, le Royaume-Uni connaît actuellement une forte baisse des hospitalisations et des infections par le Covid-19, grâce notamment au confinement strict qu’il a observé pendant près de quatre mois, mais aussi à l’avancée rapide de sa campagne de vaccination massive.

Le pays enregistre désormais moins de 5.000 cas et 50 décès par jour. Il compte par ailleurs 3.500 patients atteints du Covid-19 dans ses hôpitaux, soit dix fois moins qu’au début de l’année.

En dépit des multiples déboires du vaccin d’AstraZeneca développé en partenariat avec l’Université d’Oxford, la campagne de vaccination britannique va bon train. Plus de 37 millions de personnes ont été vaccinées dans tout le pays, dont plus de 31 millions ont reçu une première dose et plus de 5 millions ont eu leur deuxième injection.

Réagissant à la polémique autour d’un lien éventuel entre le vaccin AstraZeneca/Oxford et des caillots sanguins apparus chez certaines personnes vaccinées, le Comité mixte de la vaccination et de l’immunisation au Royaume-Uni (JCVI) a recommandé de ne pas injecter ce sérum aux moins de 30 ans. Ceux-ci peuvent se voir offrir d’autres vaccins alternatifs.

Outre les vaccins des alliances Pfizer/BioNTech et Oxford/AstraZeneca déjà utilisés au Royaume-Uni, le pays a entamé cette semaine le déploiement du vaccin anti-Covid-19 développé par le laboratoire américain Moderna.