Le Chili, un pays fortement impacté par les effets de la sécheresse et des aléas du réchauffement de l’Océan Pacifique

Le Chili, un pays fortement impacté par les effets de la sécheresse et des aléas du réchauffement de l’Océan Pacifique

mardi, 3 septembre, 2019 à 12:52

Brahim Salaheddine AMHIL
Santiago – Le Chili, pays andin avec des frontières en Antarctique, souffre terriblement des effets de la sécheresse et des aléas du réchauffement de l’Océan Pacifique, conséquences fâcheuses du changement climatique, qui règne en maître sur la planète.

En effet, la disponibilité en eau a diminué ces dernières années de 37% dans certaines régions du Chili, d’autant plus que les ressources en eau sont parmi les plus touchées par le changement climatique.

Le Chili, qui compte parmi les pays touchés par le changement climatique, dispose, selon le Bilan hydrique national, demandé par la Direction générale de l’eau (DGA) du ministère des Travaux publics et établi par une équipe de spécialistes de la Faculté des sciences physiques et mathématiques (FCFM) de l’Université de Chili, d’une disponibilité d’eau moyenne de 10 à 37% inférieure à celle d’il y a 30 ans.

Certes, le pays andin affronte depuis plusieurs années un déficit en ressources hydriques, mais depuis quelques années, les spécialistes évoquent une crise majeure accentuée par le développement économique, la croissance démographique et le changement climatique.

De plus, 2019 est la huitième année d’affilée où le Chili fait face à une grave pénurie de précipitations, une situation qui ne semble pas évoluer de manière positive à court terme.

Au Chili, les secteurs les plus consommateurs d’eau sont l’agriculture (environ 77%), l’industrie (9,1%), les mines (7%) et l’eau potable et l’assainissement (5,9%).

Dans son classement, l’Institut de Ressources Mondiales (WRI) a placé le Chili à la 18e place parmi les pays soumis à un stress hydrique extrême.

Les effets du manque de précipitations se sont déjà fait ressentir dans diverses régions du pays. Dernièrement, le ministère de l’Agriculture a déclaré les régions de Coquimbo (nord), Valparaíso (centre) et O’Higgins (sud) “zones de crise agricole” et plusieurs localités sont en pénurie d’eau et enregistrent d’importantes pertes de production agricole, qui occupe une place de choix parmi les exportations chiliennes.

De même, 17 municipalités de la Région métropolitaine de Santiago ont également été déclarées zones de crise agricole.

D’ici à 2050, l’eau disponible au Chili sera réduite d’un tiers dans certaines régions, selon les projections actuelles, ce qui réduira les cultures à plus forte intensité d’eau, en particulier celles qui n’ont pas bénéficié d’améliorations technologiques.

“Bien que cette sécheresse finisse par prendre fin, la situation de stress hydrique persistera”, a averti le professeur à l’Université de Santiago, Raúl Cordero.

De son côté, le professeur Pablo Álvarez, du département d’agronomie de l’Université de La Serena, estime essentiel de commencer “une nouvelle façon de penser le territoire”, car malgré les progrès technologiques, “nous ne parviendrons pas à conserver ce que nous avons”.

Pour le ministre de l’Agriculture, Antonio Walker, le Chili enregistre un déficit de précipitations de 72% dans la région métropolitaine, faisant de cet hiver l’un des plus secs des 60 dernières années.

Dans un pays où 76% de la surface est touchée par la sécheresse, la désertification et les sols dégradés, selon un rapport publié en 2018 par la Fondation du Chili, les experts pointent du doigt le réchauffement de l’océan Pacifique, comme principal facteur de cette “méga-sécheresse”, qui empêche le transit de fronts chargés de précipitations qui se déplacent du sud au nord en période hivernale.

En effet, cette sécheresse est la conséquence d’anomalies persistantes dans les schémas de circulation atmosphérique, dues aux changements de la température de la surface de l’Océan Pacifique.

En l’absence d’infrastructures adéquates telles que des réservoirs, une situation de stress hydrique pourrait, à l’avenir, affecter l’approvisionnement en eau potable dans les centres urbains.

La représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture au Chili, Eve Crowley, a appelé l’industrie agroalimentaire à assurer la transparence du stock de produits alimentaires et à améliorer sa distribution, afin d’éviter la hausse des prix.

En cas d’augmentation éventuelle des prix des denrées alimentaires suite à la sécheresse, Mme Crowley a appelé le secteur agroalimentaire à améliorer sa planification et distribution pour éviter une telle augmentation.

En accueillant la COP25 en décembre prochain, le Chili se présente en fervent défenseur de l’éco-durable et de la préservation des ressources naturelles de la planète.

Début juin, le président chilien Sebastián Piñera avait annoncé la fermeture de huit centrales à charbon d’ici à 2024 dans le cadre d’un plan de mise en arrêt complète des 28 centrales thermoélectriques à l’horizon 2040.

Lors d’une cérémonie, organisée dans le Parc du bicentenaire de Cerrillos qui accueillera en décembre prochain la 25e Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP25), M. Piñera a annoncé que d’ici à 2024, les huit plus anciennes centrales thermoélectriques du Chili, situées dans les municipalités d’Iquique, Tocopilla, Puchuncaví et Coronel et qui représentent 19% de la capacité installée en termes de centrales à charbon, seront mises à l’arrêt d’ici à 2024, tout en qualifiant cette décision du “meilleur héritage que nous puissions donner à nos enfants”.

Actuellement, le système électrique national au Chili compte 28 centrales thermoélectriques à charbon, avec une moyenne de 18 années d’exploitation, qui émettent 26% du total des gaz à effet de serre (GES) et représentent près de 40% de la production totale d’électricité du pays andin.

Fin mai, le gouvernement chilien avait annoncé l’émission d’un “emprunt vert” pouvant atteindre 1,5 milliard de dollars pour financer des projets respectueux de l’environnement, a déclaré le ministre des Finances, Felipe Larraín.

“Il s’agit de la première obligation verte souveraine à être émise dans la région”, a déclaré M. Larraín, qui était accompagné des ministres des Transports, Gloria Hutt, et de l’Environnement, Carolina Schmidt.

Avec la recrudescence des impacts du changement climatique sur la périodicité des précipitations et leur constance, le Chili fait face à une situation de stress hydrique dont les conséquences pourraient impacter de manière fort négative l’agriculture, un des piliers de l’économie chilienne, et favoriser les incendies de forêts et de végétation lors de la période estivale qui débute en décembre et prend fin en mars.

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