Face à des défis à la pelle, Biden promet un agenda ambitieux

-Par : Omar ACHY-

Washington – Le président élu américain Joe Biden se retrouve dès sa prise de fonction mercredi, aux prises avec des défis à la pelle sur le plan intérieur avec une nouvelle vague virulente de coronavirus, une économie en berne et des tensions sociales qui virent à la violence dans un pays profondément polarisé.

Le 46ème président des Etats-Unis, 78 ans, qui veut unir et “guérir” l’Amérique, a déjà étalé son vaste programme avec en tête l’accélération de la vaccination anti-Covid avec 100 millions de vaccinations durant les 100 premiers jours de son mandat, les Etats-Unis frôlant le pic de 400.000 décès à cause de la pandémie.

Il s’est engagé à invoquer la Loi sur la production de défense pour booster la production des équipements nécessaires et à ouvrir des milliers de centres gérés par les services de secours fédéraux pour mener à bien l’opération massive de vaccination.

Biden a en outre présenté un plan de soutien massif de 1,9 trillion de dollars à la fois pour juguler la crise sanitaire et appuyer les ménages et les entreprises à travers notamment une aide exceptionnelle de 2.000 dollars aux Américains gagnant moins de 75.000 dollars par an.

La refonte de la politique climatique, un effort plus poussé pour contrer la puissance excessive des entreprises technologiques, et la suspension de la construction du mur frontalier avec le Mexique figurent aussi parmi les priorités du prochain locataire de la Maison Blanche qui entend, en politique étrangère, réduire les tarifs imposés par son prédécesseur et rompre avec sa stratégie de “l’America first”, bien que les experts ne s’attendent pas à des changements fondamentaux de la diplomatie américaine.

Avec l’appui du Congrès, passé sous le contrôle de son parti, le président démocrate aura les mains libres pour mettre en œuvre une large partie de son programme. D’autres actions plus progressistes au niveau domestique, comme l’extension de l’assurance médicale Obamacare et la réduction drastique des émissions de carbone pour atteindre zéro émission d’ici à 2050, risquent néanmoins de faire face à un blocage de la part même des modérés au sein de son propre camp et les limites d’une majorité très réduite.

Le prochain locataire de la Maison Blanche devrait, par ailleurs, d’abord assurer la confirmation des membres de son cabinet qui nécessite pour la majorité la confirmation au Sénat.

Biden, qui a promis un cabinet à l’image de la population américaine, a misé sur l’expérience avec plusieurs proches qui l’ont déjà côtoyé durant ses huit années comme vice-président de Barack Obama. Une fois les candidats confirmés, son cabinet sera composé d’une douzaine de femmes et de plusieurs membres issus des minorités.

Déjà majoritaires à la Chambre des représentants, les démocrates ont réussi à faire basculer le contrôle du Sénat auparavant dominé par les républicains. Mais, cette chambre haute du Congrès sera néanmoins divisée à 50 parlementaires pour chacun des deux partis. La vice-présidente Kamala Harris aura le pouvoir de trancher en cas d’égalité.

M. Biden a souvent exprimé l’espoir de former des coalitions et garantir des compromis pour adopter son agenda et faire avancer ses choix pour sortir l’Amérique de la profonde crise actuelle.

“Notre tâche aujourd’hui et pour les quatre années à venir est (…) de permettre un renouveau de la politique dont la finalité est de résoudre les problèmes, pas de souffler sur les flammes de la haine et du chaos”, a-t-il récemment déclaré.

Son long parcours à Washington, ses talents de négociateur et sa réputation de centriste suffiront-ils à réduire la fracture idéologique au sein de son propre parti et favoriser les compromis partisans ? L’enjeu est de taille pour apaiser et réconcilier, comme il le souhaite, une nation aujourd’hui divisée et polarisée notamment après des violences inédites au Capitole et une seconde procédure de destitution historique du président républicain sortant.