Sao Paulo, le cœur battant du Brésil ralenti par la pandémie

Sao Paulo, le cœur battant du Brésil ralenti par la pandémie

mercredi, 7 avril, 2021 à 14:11

-Par : Khalid ATTOUBATA-

Sao Paulo – Depuis sa création en 1554, Sao Paulo, une ville aux dimensions d’un pays, n’a jamais failli à son rôle de leader qu’elle assume notamment au plan économique. La métropole brésilienne de plus de 21 millions d’habitants, capitale d’un Etat homonyme de près de 47 millions d’âmes, est considérée comme le cœur battant du Brésil, mais aussi de toute la région sud-américaine, durement affectée par la pandémie.

La devise choisie pour cette ville, jadis connue principalement par son industrie cafetière et sucrière, illustre bien cette volonté de faire de Sao Paulo une locomotive du développement économique : “Non ducor, duco” (je ne suis pas mené, je mène).

Si le Brésil est affligé économiquement par le covid-19 c’est justement en raison principalement de l’impact de la pandémie sur la machine de production qu’est cet Etat du sud-est, qui a comptabilisé plus de 2,5 millions de cas d’infection et 78.554 décès.

Mardi, Sao Paulo a enregistré un nouveau record de 1.389 décès en 24 heures, ce qui montre que l’état, ainsi que tout le Brésil, n’est pas prêt de retrouver la normalité de sitôt.

La situation continue de préoccuper au plus haut point, bien que le gouverneur de l’Etat Joao Doria, d’ailleurs un pressenti pour la course présidentielle de l’an prochain, a décrété plusieurs mesures de quarantaine pour freiner la propagation du virus, au grand dam du président de la République fédérative, Jair Bolsonaro.

L’état pourrait néanmoins être la clé de la sortie de la crise sanitaire. L’Institut Butantan, un des laboratoires de référence dans l’hémisphère sud qui relève du gouvernement régional, s’apprête à distribuer 8,4 millions de doses produit à partir d’intrants importés du laboratoire chinois Sinovac et du consortium AstraZeneca/Oxford. Le laboratoire prévoit d’être 100% autonome dans les semaines à venir.

Pour comprendre l’importance de cet Etat pour le Brésil, il faudra jeter un coup d’oeil sur le classement des pays par PIB, où l’État de Sao Paulo, un des 27 du pays sud-américain, figure, selon la Banque mondiale et le FMI, au 21e rang (603,4 milliards de dollars), avec un PIB qui a augmenté en 2019 de 2,5%, soit le double de celui enregistré au plan national (1,1%).

C’est dire que le PIB de Sao Paulo était supérieur à celui de pays comme la Pologne, la Suède, la Belgique, l’Argentine, l’Autriche, la Norvège, l’Irlande, Singapour et le Danemark. En comparaison avec les pays de la région, l’Etat est la troisième économie et le troisième marché de consommation en Amérique latine. Comparée aux autres métropoles économiques du monde, la ville de Sao Paulo arrive à la 11è place dans un classement dominé par Tokyo.

L’État de Sao Paulo, premier producteur mondial de jus d’orange, de sucre et d’éthanol, possède le plus grand port – Santos – et le plus grand aéroport – Guarulhos – d’Amérique latine. Les deux hubs gigantesques sont conçus pour soutenir l’émergence du Brésil et de Sao Paulo en particulier comme l’une des plus grandes économies du monde, à l’instar des autres infrastructures pionnières qu’abrite Sao Paulo, qui concentre 80% des événements d’affaires en Amérique latine, en plus d’être le plus grand centre de loisirs et de divertissement de la région, selon le gouvernement régional.

Parmi les principales industries figurent l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et la métallurgie. Pratiquement toutes les multinationales possèdent un siège social à Sao Paulo, soit pour commercialiser sur le marché brésilien, soit pour produire à des fins d’exportation.

En 2019, avant l’éclatement de la pandémie, l’aéroport a enregistré un mouvement de 43 millions de passagers, le volume le plus élevé jamais enregistré au cours des 35 années de l’aéroport, dont 28,3 millions concernent des vols intérieurs (66%) et environ 14,7 millions de passagers embarqués ou débarqués sur des vols internationaux.

Pour sa part, le port de Santos a traité 134 millions de tonnes en 2019, un volume de 0,6% supérieur aux 133,1 millions de tonnes traitées en 2018 (fret conteneurisé de 4,1 millions d’EVP (unité équivalente à un conteneur de 6 mètres). La plateforme est cruciale pour l’exportation des produits brésiliens, notamment agricoles.

Du fait de cette attractivité économique, Sao Paulo a toujours été une destination prisée des migrants des quatre coins du monde et d’autres régions du Brésil. La cité est la plus grande ville peuplée de descendants d’Italiens ou qui ont une ascendance italienne (environ 60 %).

La ville compte aussi la plus forte communauté japonaise hors du Japon (près de 326.000 personnes), alors que d’importantes communautés juives et syrio-libanaises sont aussi présentes, tout comme de plus en plus de citoyens du Mercosur.

L’une des populations les plus marquantes de la ville est la population arabe. Les Libanais et les Syriens sont venus en grand nombre entre 1900 et 1930 et continuent d’affluer. Les restaurants arabes abondent dans toute la ville. La très fréquentée rue du 25 mars a été créée par des Arabes, dont la plupart étaient marchands.

La ville de Sao Paulo est aussi l’une des plus violentes au Brésil, malgré les efforts de réduire la criminalité et le nombre d’homicides, notamment dans les mythiques favelas où s’activent des gangs comme Premier Commando de la Capitale, un des principaux cartel d’Amérique du sud.

Sao Paulo est une ville dont l’histoire se confond avec celle du Brésil, constituant un reflet de la diversité culturelle et sociale du pays de 212 millions d’habitants, ainsi que de son ambition de compter parmi les grandes puissances.

Elle est aussi une référence dans le domaine sportif, du football en l’occurrence, la plus célèbre des disciplines au Brésil. La ville est le fief des clubs les plus célèbres du pays comme Botafogo, Sao Paulo, Corinthians, mais aussi Santos, où ont évolué des stars comme Pelé, Neymar, ou encore Robinho.

Durant une histoire de près de 500 ans, Sao Paulo s’efforce d’assumer le rôle de leader et de moteur de développement de tout un pays, un rôle qui impose de relever plusieurs défis auxquels fait face la métropole comme les inégalités sociales, la mobilité urbaine et la criminalité. Des défis que la pandémie accentue encore plus et qui pourraient devenir plus ardus à relever par cette métropole sud américaine.

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