2013, année de “vaches maigres” et espoir d’une rentrée sociale avec en ligne de mire un dialogue sérieux et responsable (Responsables syndicaux)

2013, année de “vaches maigres” et espoir d’une rentrée sociale avec en ligne de mire un dialogue sérieux et responsable (Responsables syndicaux)

dimanche, 29 septembre, 2013 à 9:47

Propos recueillis par Nezha Boulenda.

Casablanca – Les centrales syndicales n’ont pas caché, lors des célébrations de la fête du travail, leur alarmisme à l’encontre des performances sociales du gouvernement Benkirane, un pessimisme amplifié par un inachevé dialogue social en 2013, une année “de vaches maigres”.

La situation actuelle est marquée par une “panne” du dialogue social au moment où le gouvernement s’est, non seulement, dérobé de ses obligations envers les salariés mais a pris des décisions portant un coup dur au pouvoir d’achat des citoyens et affectent leurs capacités à accéder aux services de base (enseignement, santé et logement), ont estimé les dirigeants des centrales syndicales (CDT, FDT et UMT).

A cet effet, le secrétaire général adjoint de la Confédération démocratique du travail (CDT), Abdelkader Zaïr, a estimé, dans un entretien à la MAP, qu’il est difficile de parler d’une rentrée sociale avec un programme clair et un ordre du jour précis et sur lequel toutes les parties au dialogue social sont d’accord et ce, à cause de l’interruption du mécanisme du dialogue tripartite, d’autant que l’exécutif n’a montré aucune intention pour reprendre les négociations et a opté pour “les manœuvres pour gagner le temps”.

“L’absence d’une volonté politique pour un véritable dialogue à même de satisfaire les revendications de la classe ouvrière” a provoqué l’interruption du dialogue social, a relevé, de son côté, le secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), Miloudi Moukharik, notant que la “valeur de tout dialogue réside dans les acquis en faveur des salariés”.

Le responsable a ainsi qualifié 2013 d’année “de vaches maigres, une année blanche” au niveau du dossier social.

Même son de cloche chez M. Larbi Habchi, membre du bureau central de la Fédération démocratique du travail (FDT), pour qui “la scène sociale a connu des tensions alimentées par le gouvernement” qui a, entre autres, transformé les sessions de ce dialogue “en simples rencontres formelles pour la consommation médiatique”.

Le challenge dans la prochaine étape, a-t-il affirmé, consiste à ouvrir les canaux de négociations tripartites avec un ordre du jour précis et clair portant sur le respect des droits et libertés syndicales, le règlement des litiges et la sauvegarde du pouvoir d’achat.

Les trois centrales conviennent aussi que la rentrée sociale intervient dans un contexte politique et économique endogène pâtissant des conséquences des situations sécuritaires et politiques régionales instables et des répercussions de la crise économique mondiale, particulièrement chez les partenaires clés du Royaume parmi les pays voisins européens.

Mais face à ces faits, le gouvernement a plutôt aggravé la crise par ses mesures et décisions qui affectent et la classe ouvrière et les catégories populaires par le truchement du système d’indexation, le gel du dialogue tripartite et le non-respect de ses engagements de mise en œuvre du reste de l’accord du 26 avril 2011, de révision du système des rémunérations et des indemnités, de la retraite, ainsi que d’autres dossiers sociaux en suspens. Ceci devrait constituer la plateforme de tout futur dialogue, ont estimé les responsables de ces organisations syndicales.

Le gouvernement a pris une batterie de décisions impopulaires avec l’augmentation des prix du carburant en plus des mesures à venir concernant les régimes de retraite et la caisse de compensation, a indiqué M. Zair.

L’exécutif se doit de faire preuve de courage et d’audace en engageant un véritable et sérieux dialogue social tout en menant les réformes urgentes tendant à protéger les droits des couches démunies et moyennes et en soutenant les entreprises qui se conforment à leurs obligations sociales et fiscales, a expliqué M. Habchi.

De même, le dirigeant de l’UMT, qui appelle le gouvernement à mettre en œuvre l’accord d’avril 2011, plaide en faveur de la reprise du dialogue pour satisfaire les revendications de la classe laborieuse.

La négociation, unique option pour relancer ce dialogue et aboutir à des résultats satisfaisants susceptibles de consolider la cohésion sociale, doit englober aussi la protection des libertés syndicales et la ratification de la convention 87 relative à ces libertés, l’annulation de l’article 288 du code pénal, l’ouverture de dialogues sectoriels avec l’objectif d’aboutir à des conventions collectives, l’indemnité pour perte d’emploi et le respect des statuts du travail, a détaillé M. Moukharik.

Ces responsables syndicaux ont aussi abordé les dernières augmentations des prix du carburant et d’autres produits de base qu’ils ont fermement rejetées car “détériorant un peu plus la situation économique et sociale des travailleurs et des masses populaires”.

Pour M. Zair, ces augmentations engendreront la perturbation du cycle de production et l’émergence de métiers non structurés et fragiles qui, sans nul doute, auront un impact négatif sur la rentabilité et la compétitivité de l’économie nationale.

Elles ne sont qu’une “solution de replâtrage” et une “démarche unilatérale” alors qu’elle est supposée être décidée dans le cadre d’un dialogue national, a estimé M. Moukharik, revendiquant le rejet de ce système d’indexation “inéquitable pour l’ensemble des masses populaires”. le responsable de l’UMT a appelé à un dialogue sur la réforme de la caisse de compensation et à chercher des solutions alternatives au système d’indexation, estimant qu'”il n’est nul besoin de mesures à postériori”.

Les dirigeants des trois centrales ont, en outre, prôné la nécessité de coordination et de concertation approfondie avec les organisations syndicales à propos des futures étapes, afin de relancer le dialogue et d’inciter le gouvernement à revenir sur ces dernières décisions.

Ils ont réclamé la convocation, de manière pressante, d’une session du dialogue tripartite avec un ordre du jour convenu pour prévenir les tensions sociales, tout en faisant porter au gouvernement l’entière responsabilité de la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen.

Et de conclure qu’il est urgent de “sortir le pays de cette situation d’attentisme” due au retard dans la formation du gouvernement Benkirane II, de reconsidérer les approches politiques, financières et économiques, de rétablir la confiance des partenaires sociaux par le truchement de l’institutionnalisation du dialogue social et sa transformation en un mécanisme permanent pour l’examen des cahiers revendicatifs de la classe laborieuse afin d’assurer une vie digne à l’ensemble des salariés.

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