Industrie de la mode: un secteur touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus

Industrie de la mode: un secteur touché de plein fouet par la pandémie de coronavirus

lundi, 20 avril, 2020 à 16:01

Par -Nabila Zourara-

Londres – A l’instar de nombreux secteurs ébranlés par la pandémie de coronavirus, l’industrie de la mode a été touchée de plein fouet par les mesures de confinement ayant entraîné la fermeture des magasins et des usines de textile et conduit à l’annulation des défilés de mode.

Durement sapées par la crise, plusieurs enseignes de mode ont été contraintes de fermer leurs boutiques, voire même leurs plateformes en ligne. C’est le cas notamment de la célèbre marque “Net à porter”, ou des chaînes de mode “Oasis” et “Warehouse”, qui se sont effondrées à cause de la crise sanitaire, affectant quelque 2.300 travailleurs.

Outre les plateformes de mode, les effets de la pandémie de coronavirus se font ressentir également chez les stylistes dont les revenus dépendent directement de la saison en cours et qui accusent une baisse conséquente de leur activité.

Interrogée par la MAP sur l’impact de la crise actuelle sur le secteur, la spécialiste de mode basée à Londres, Jalila El Mastouki, relève que la pandémie a affecté aussi bien “les marques bien établies, que celles émergentes”.

“Comme le virus s’est propagé en Europe dès le début la saison 2020, l’ensemble des designers s’apprêtaient à lancer leur collections. Ils ont, par ailleurs investi beaucoup d’argent dans la préparation des shows, avec tout ce que cela implique de dépenses en termes de Marketing et de relations publiques”, déplore Mme El Mastouki, également fondatrice de la plateforme de mode arabe “Strories from Arabia”

“La pandémie a non seulement affecté les marques émergentes, qui venaient de pousser dans le marché au cours des 5 dernières années et qui comptaient beaucoup sur l’actuelle saison pour multiplier les ventes, elle a même contraint certaines à annoncer leur faillite, tandis que d’autres continuent à se battre pour survivre”, explique la spécialiste de mode marocaine.

D’autres sociétés demeurent toutefois optimistes de voir la crise se dissiper prochainement, pour pouvoir rouvrir dans les deux prochains mois, ajoute-t-elle.

Évoquant les nouvelles éditions de “Men fashion week” qui devaient normalement se tenir à Londres, Milan et New York en juin prochain, Mme El Mastouki souligne que “ces dernières ont été toutes annulées, portant un coup dur aux grandes marques de Fashion, mais infligeant aussi une grosse perte aux designers, qui se préparaient tout au long de l’année pour exposer leurs nouvelles collections”.

Le secteur a été également touché par l’annulation de la Fashion Week haute couture, un rendez vous incontournable de la mode, qui allait se dérouler à Paris en juillet, poursuit Mme El Mastouki.

En plus des défilés de mode, le report ou l’annulation de grands festivals et événements internationaux qui permettent d’habitude aux stars et aux personnalités célèbres de représenter certaines marques, a aussi contribué à l’exacerbation de la crise du secteur, ajoute-t-elle.

“La crise était imprévisible!”, dit-elle, notant que parmi les marques britanniques les plus touchées figure notamment la chaîne de grands magasins “Debenhams” qui, en échec face à la concurrence agressive du commerce en ligne, a fini par annoncer sa faillite.

Etant une grande institution de commerce au Royaume-Uni, l’effondrement de cette enseigne représente une grande chute pour le marché britannique.

S’agissant du soutien apporté par le gouvernement de Boris Johnson aux enseignes durement touchées, Mme El Mastouki souligne que les mesures prises par le British Fashion Council, chargé de l’organisation de la London Fashion Week, demeurent “insuffisantes” par rapport aux besoins des différentes sociétés de mode.

La spécialiste de mode ajoute que le secteur de luxe, profondément affecté par la crise sanitaire ne pourrait se rétablir “avant au moins trois ou quatre années”. Elle estime, par ailleurs, qu’en cas d’une potentielle deuxième vague épidémique, les sociétés de mode devraient s’aligner sur “un plan B” pour pouvoir “se ressaisir”.

A cet effet, poursuit-t-elle, de nombreuses compagnies, qui n’étaient pas présentes en ligne, à l’instar de Chanel et de Hermès, ont commencé à envisager le retour sur des plateformes virtuelles, tandis que la célèbre marque italienne Georgio Armani a déjà fait son premier show en ligne.

Ces défilés virtuels, bien qu’ils ne remplissent pas exactement le rôle des shows traditionnels ancrés dans l’univers de la mode, ils offrent aux designers un espace pour exposer leurs nouvelles collections et toucher un public plus large.

Pour ce qui est de l’industrie de la mode au Maroc, Mme El Mastouki relève que les stylistes de caftans sont les premiers affectés par la pandémie, d’une part parce que ce secteur dépend particulièrement des défilés de mode mais aussi des fêtes de mariage qui ne peuvent guère se tenir dans les conditions actuelles de confinement, et d’autre part en raison de l’impact économique de la crise sanitaire sur l’ensemble du secteur, conclut-elle.

La paralysie de l’économie mondiale a plongé l’industrie de la mode dans une situation inédite jamais connue depuis la crise financière de 2008. Selon une étude réalisée par le cabinet de conseil BCG en collaboration avec la banque “Bernstein” et l’association “Altagamma” , la pandémie de coronavirus fait chuter les ventes mondiales de luxe de 30 à 40 milliards d’euros cette année, laissant invendu un stock de 10 à 15 millions de pièces destinées à la Chine, qui représente plus du tiers de la demande mondiale.

Cette étude a été, cependant, réalisée avant que l’industrie italienne de la mode et du textile ne soit mise en quarantaine. Cette dernière vaut à elle seule 107,9 milliards de dollars.

Lire aussi

Le ministre comorien de l’agriculture salue l’essor du secteur agricole marocain

vendredi, 19 avril, 2024 à 20:18

Le ministre comorien de l’agriculture, de la pêche, de l’environnement, du tourisme et de l’artisanat, porte-parole du gouvernement, Houmeid M’Saidie a salué, vendredi à Rabat, l’essor du secteur agricole marocain, devenu “une marque de fabrique” pour tout le continent africain.

Les moyens de promouvoir la coopération agricole au centre d’entretiens entre M. Sadiki et son homologue de la Guinée-Bissau

vendredi, 19 avril, 2024 à 19:59

Les moyens de promouvoir la coopération dans le domaine agricole ont été au centre d’entretiens, vendredi à Rabat, entre le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohamed Sadiki et son homologue de la Guinée-Bissau, Fatoumata Djau Baldé

Casablanca-Settat : le Conseil de la région approuve les documents constitutifs de la société régionale multiservices

vendredi, 19 avril, 2024 à 18:38

Le Conseil de la région de Casablanca-Settat a approuvé en session extraordinaire, les documents constitutifs de la Société Régionale Multiservices (SRM) Casablanca-Settat.