Aomar Boum: Faire rayonner un pan de l’histoire judéo-marocaine aux Etats-Unis

Aomar Boum: Faire rayonner un pan de l’histoire judéo-marocaine aux Etats-Unis

jeudi, 19 décembre, 2019 à 13:41

Par Omar Achy

Washington- Dans le milieu de la nombreuse et dynamique communauté juive marocaine en Californie, Aomar Boum est une figure connue et respectée. Ce professeur d’anthropologie à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA), originaire de Foum Zguid, dans la province de Tata, a fait du rayonnement d’un pan de l’histoire judéo-marocain aux Etats-Unis, l’essence de ses recherches et ses écrits.

“Tbark Allah aalek à Si Aomar Boum”, répétaient en chœur, et dans un parfait accent marocain, des membres de la communauté juive de Los Angeles. Ce jour-là, l’anthropologue faisait une présentation au centre culturel de la synagogue “Em Habanim Sephardic Congregation”, au nord de la métropole américaine.

Les membres de cette communauté étaient nombreux, et de toute les générations, à venir alors célébrer la richesse de l’identité du Maroc et ses valeurs de paix, de tolérance et du vivre-ensemble, sous la Dynastie Alaouite. L’événement tenu en présence aussi de Rabbins, de professeurs et de chercheurs, comprenait aussi une exposition de photos et la projection d’un documentaire qui proposent de redécouvrir différentes facettes du patrimoine culturel juif marocain.

Dans le cadre de son travail de recherche, Aomar Boum a initié, ces dernières années, un ambitieux projet portant sur la communauté juive marocaine dans le Grand Los Angeles et les différentes facettes de la riche culture judéo-marocaine transmise entre générations.

“Mes recherches académiques dans cette partie des Etat-Unis m’ont permis de côtoyer l’une des communautés juives les plus prospères de la diaspora aujourd’hui”, a souligné Aomar Boum, arrivé aux Etats-Unis au terme de ses études aux universités Caddi Ayad de Marrakech, Mohammed V à Rabat et Al Akhawayn à Ifrane couronné par un doctorat en sociologie de l’Université de l’Arizona.

“Mon travail académique n’aurait pu aboutir sans la volonté et la confiance de la communauté qui m’a permis d’interviewer ses membres âgés, assister aux dîners de Shabbat et d’avoir accès aux synagogues sans restrictions. (…) Dans leurs lieux de travail, foyers et congrégations, je sentais, en tant qu’anthropologue historien marocain, que je n’ai jamais quitté le Maroc”, a confié à la MAP le chercheur et auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire juive marocaine.

Selon lui, quelque 100.000 juifs marocains sont établis aux Etats-Unis, dont environ 20.000 dans la seule Californie.

“Ces populations ont non seulement prospéré dans leurs communautés respectives, mais elles ont réussi à conserver leurs propres identités culturelle et religieuse sans perdre leurs complexités linguistiques et religieuses”, a précisé Aomar Boum, qui est coordinateur d’un programme sur les études anthropologiques à l’UCLA.

Il a enchaîné: “Les juifs marocains aux Etats-Unis parlent français, espagnol, arabe, amazigh, darija et anglais. Ils mangent du couscous, de la matbucha, de la harira et des tajines pendant et après le shabbat. Leurs prières sont incomplètes sans les maqams marocains traditionnels et leurs maisons regorgent d’objets culturels et de souvenirs du Maroc”.

L’anthropologue marocain a, par ailleurs, indiqué qu’à l’heure où le monde fait face à une montée du racisme et de l’intolérance, le rôle clé de feu SM Mohammed V dans la protection des juifs marocains pendant la Seconde Guerre mondiale revient en force pour rappeler combien le Royaume s’est affirmé, au fil du temps, comme un modèle de coexistence pacifique, une réalité perpétuée sous le leadership de Feu SM Hassan II et aujourd’hui de SM le Roi Mohammed VI.

L’initiative de SM le Roi Mohammed VI visant à restaurer les cimetières, les synagogues et les Mellahs a donné des “résultats positifs sans précédent aux niveaux national et mondial”, et consolidé l’image du Maroc en tant que terre de tolérance et de dialogue inter-religieux, a-t-il poursuivi.

Pour Aomar Boum, l’attachement des Juifs marocains à leur patrimoine est le fruit des efforts de tous les Marocains sous le leadership de la dynastie Alaouite, pour préserver la place des Juifs dans la nouvelle nation indépendante, un affluent ensuite consacré dans la Constitution de 2011.

Et d’ajouter que le fait que le Royaume possède le seul musée du Judaïsme dans le monde arabe à Casablanca, et que des écoliers et des étudiants marocains le visitent pour en apprendre davantage sur la composante juive de l’histoire et de la culture marocaines, témoignent de la place unique du Maroc dans le monde “qui doit servir d’exemple”.

Sur le plan académique, l’anthropologue a souligné que le Maroc occupe une place unique dans les recherches académique sur les Juifs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

“Il y a beaucoup plus d’études sur les juifs du Maroc que sur toute autre communauté du Moyen-Orient”, a-t-il noté évoquant entre autres raisons la taille de la communauté, les juifs marocains sont, rappelle-t-il, les plus nombreux dans le monde arabe aujourd’hui.

Les juifs marocains continuent de créer et de façonner leur judaïsme à travers le pèlerinage vers le Maroc, les célébrations rituelles et le tourisme.

Alors que l’étude des communautés juives était traditionnellement et exclusivement réservée aux étrangers durant les périodes coloniale et postcoloniale, les chercheurs marocains, musulmans et juifs, se tiennent aujourd’hui, a ajouté Aomar Boum, côte à côte en tant que pionniers dans le domaine des études juives nord-africaines.

Dans l’université publique marocaine, de nouvelles générations de professeurs et d’étudiants diplômés étudient et écrivent le récit national juif, a-t-il dit ajoutant que “la perspective marocaine” est considérée comme un ajout crucial au domaine des études juives aux États-Unis, étant donné que les historiens, linguistes et anthropologues marocains musulmans ayant accès à des sources arabes publient en anglais dans des revues américaines et européennes.

Le chercheur a tenu, dans se sens, à rendre hommage à une longue lignée de chercheurs marocains et non marocains qui ont joué un un rôle clé dans l’établissement des fondations de ce domaine et la préservation de l’histoire de cette communauté au Maroc et ailleurs, citant des noms comme Germain Ayache, Haim Zafrani, Mokhtar Soussi, Mohammed Daoud, Mohammed Kenbib, Daniel Schroeter, Mohamed Chahlan, Mohamed Medlaoui, Jamaa Baida, Susan Miller, Emily Gottreich, Khalid Ben Srhir, Thomas K. Park, Sarah Stein.

L’anthropologue a émis enfin l’espoir que le travail accompli aujourd’hui au centre pour les études juives de l’Université de Californie, qui a lancé un site web spécifiquement dédié à la communauté marocaine, balisera la voie à d’autres recherches par des étudiants diplômés actuels et futurs d’écrire l’histoire de cette communauté et d’autres communautés marocaines à l’étranger en Floride, à New York, Toronto, Montréal et dans le reste d’Amérique du Nord et latine.

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