Brahim le fournier se remet à l’ouvrage pour la demande “Spécial Ramadan”

Brahim le fournier se remet à l’ouvrage pour la demande “Spécial Ramadan”

vendredi, 19 juillet, 2013 à 15:17

Par Khalid Abouchoukri.

Casablanca – Avec le mois de carême, Brahim a retrouvé du coeur à l’ouvrage. Son four, qui ne tournait plus à plein régime depuis un bout de temps, s’est réveillé de sa léthargie pour satisfaire une demande “spécial Ramadan”.

Depuis que les femmes faisant leur pain se font de plus en plus rares, l’homme, qui se voyait confier quotidiennement la cuisson du pain avec quelques “gentillesses” pour en prendre bien soin, ne voit plus ce “défilé” de planches en bois “Wasla”, une désaffection qui risque de lui faire perdre son fameux tour de main.

Trente ans durant, il allumait, presque machinalement chaque matin, le bûcher pour amener la sole et la voûte intérieures en briques à la température d’utilisation. Mais, en ces temps durs dus à la “fainéantise des femmes qui refusent de passer des heures au fond de leur cuisine”, il regrette ses gestes qui lui ont procuré le plaisir du travail bien ficelé mais également quelques gronderies.

Si le pain est trop cuit, racorni ou juste non croustillant, c’est toujours de sa faute, parce qu’il n’a pas respecté les “consignes” des temps de levée, qui sont le plus souvent variables suivant la qualité de la farine et surtout de la température ambiante.

La petite porte en fer, qu’il clorait pour “refermer” le four lors des cuissons afin de conserver la température, n’est plus entrebâillée à longueur de journée quand il ne faisait qu’une à deux fournées par jour. Et encore, cela dépend. L’été et les départs en vacances amènent les familles à se rabattre sur le pain du “souk”.

Quelques ménages, rares, préparent encore du pain en ce mois mais c’est surtout les cuissons des “latates” (planches à cuir en tôle) de poissons, des cakes, des rates de veau farcies à la viande hachée (tihane), des msemmen farci et des tanjia qui meublent ses journées, raconte-t-il avec regret tout en continuant, tire-braise en main, à retirer, dans des gestes simples et magiques, les braises puis, à l’aide de l’écovet (chiffon attaché à l’extrémité d’un long manche de bois) à nettoyer la sole en fin de feu. Une opération nécessaire avant la cuisson.

Après le rush de la semaine précédant le Ramadan pour les farines du “Sellou” , Brahim guette avec impatience la ruée de l’Aïd où il sera très sollicité pour que les cornes de gazelle, macarons, amuse-gueules salées ou sucrées, Ghriba, Fakkas et autres friandises soient croquants, ni trop cuits ni durcis.

Ce ne sera pas, non plus, la grande bousculade, tempère-t-il. Les temps ont changé et le mode de vie a beaucoup évolué. De plus en plus, les gens préfèrent encore le “confort” de ne rien préparer et de commander aux boulangeries-pâtisseries, dit-il avec un brin de nostalgie.

Amina, qui a la charge de deux enfants, n’a pas le temps de pétrir son pain même si, dans un coin de sa cuisine, elle dispose d’un sac en jute contenant de la farine parfaitement moulue et blutée. En rentrant du travail, le soir, elle prépare hâtivement le dîner après l’achat du pain à l’épicerie du coin de la rue.

Ce n’est que le week-end qu’elle peut se permettre le luxe de travailler la pâte, de la diviser en boule puis de l’aplatir avant de le donner à cuire au fournier de son quartier. Sauf que ses enfants refusent catégoriquement de ne se goinfrer que du pain du jour, se lamente-t-elle, montrant du doigt, dans un geste de désolation, un sachet en plastique gorgé des restes du pain.

Un drame que ne vit point Fatiha, une voisine du palier. Cette femme employée ne fait le détour de la boulangerie que très rarement. Une machine électrique, trônant sur sa paillasse de cuisine, mélange et pétrit la pâte.

Elle prépare, trois fois par semaine, le pain familial. Elle gagne ainsi du temps et économise de l’argent. La bonbonne de son four à gaz dure près d’un mois et elle accomplit les autres tâches ménagères tout en cuisant, en même temps, gratins de légumes au fromage ou à la chapelure, quiches et poulet rôti.

Les restes du pain, si elle ne peut plus en faire du “tarda” ou “rfissa laâmya” (morceaux de pain secs recuits à la vapeur de la couscoussière avec lentilles, fèves et oignons), elle a trouvé la parade pour en faire du Pudding au pain rassis, trempé dans le lait et mixé au sucre, oeufs, raisins secs ou chocolat.

Elle résiste à cette “facilité” de la vie qui consiste à tout acheter, même les repas chauds. “C’est avec amour et sincère implication que je leur concocte des mets et repas équilibrés, quitte à y passer des heures”, explique cette mère de famille, rectifiant toutefois aussitôt: “Mais je ne le fais pas tous les jours. C’est bien de casser, de temps à autre, la routine des plats faits maison en se faisant livrer à domicile des repas rapides”.

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