Brexit : Les Suisses partagés entre incertitude politique et opportunité économique

Brexit : Les Suisses partagés entre incertitude politique et opportunité économique

mardi, 21 juin, 2016 à 13:16

Par Abdellah Chahboun

Genève- A la veille d’un scrutin à l’issue plus incertaine que jamais sur le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, les Suisses sont partagés entre incertitude politique et opportunité économique, mais plus sereins sur leur “splendide isolement”.

  S’il est vrai qu’une partie des Helvètes, et avant tout les milieux financiers, espèrent de tout cœur que les Britanniques tournent le dos à Bruxelles, le Brexit est loin de susciter partout une telle euphorie.

  Même les formations de droite nationaliste qui remettent totalement en question l’intégration européenne de la Suisse suivent avec un certain détachement la campagne outre-Manche et la possible perspective d’une Grande-Bretagne optant pour la voie solitaire.

  Au Parlement, seules deux interventions en lien avec le Brexit ont été déposées ces derniers temps, contre 67 au total sur l’abattage des loups. Tel est le constat dressé lundi, non sans humour, par l’éditorialiste du plus grand quotidien suisse NZZ am Sonntag.

  Une sortie de la Grande-Bretagne serait en effet saluée par ceux, nombreux, qui souhaitent s’affranchir complètement du marché intérieur de l’UE, à commencer par le parti majoritaire de l’UDC (populiste eurosceptique) mais aussi les banques suisses, traditionnelle refuge de capitaux.

  A l’instar du mouvement europhobe Ukip, la puissante droite populiste se bat contre toute forme d’ancrage suisse en Europe, plus particulièrement la libre-circulation des personnes. Elle juge qu’il est possible de conclure un accord de libre-échange avec l’Union qui préserve aussi bien les intérêts des entreprises et des citoyens que le fait de “single market”.

  Assez distants du point de vue politique et géographique, la Suisse et le Royaume-Uni ont pour dénominateur commun leur profond scepticisme à l’égard de Bruxelles. Et pour preuve, pas plus de 16 pc de la population est encore favorable à une adhésion à l’UE, soit le chiffre le plus bas depuis vingt ans, d’après un sondage de l’Ecole fédérale de Zurich.

  Côté investissement, un retrait du Royaume-Uni de l’UE n’en finit pas de susciter l’inquiétude des entreprises helvétiques, dont les investissements dépassent les 80 milliards de dollars en terre britannique.

  La moitié des firmes considèrent que les perspectives économiques s’assombriraient, alors que 13,5 pc d’entre elles pensent que la conjoncture s’améliorerait, selon les conclusions d’une récente enquête de la British-Swiss Chamber of Commerce.

  L’enquête met en lumière la confusion qui règne autour d’une potentielle et brutale séparation entre Londres et Bruxelles. “Les sociétés des deux pays sont en train de s’interroger sur les scénarii prévisibles au cas où les Britanniques devraient choisir de quitter l’UE et de suivre éventuellement le modèle suisse”, relèvent les auteurs de l’étude.

   De l’avis de Peter Brabeck, président du géant agroalimentaire Nestlé, “chaque entreprise va devoir réévaluer les implications d’investir au Royaume-Uni”.

   Plus optimiste, le PDG d’UBS, Sergio Ermotti, estime que la plus grande banque helvétique, qui emploie 5.500 personnes à Londres, “va y garder une forte présence”, mais cela “dépendra de toute une série de facteurs qui ne sont toujours pas clairs”.

  S’il est enclenché, le processus de Brexit prendra environ deux ans à l’issue desquels le pays devrait renégocier ses accords et ses relations avec l’UE et le reste du monde. “Il n’y aura pas de choc soudain ou de catastrophe si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne”, rassure de son côté Jan Atteslander, membre d’EconomieSuisse, la plus importante fédération d’entreprises suisses.

  Cela n’empêche pas qu’il y aurait un revers de la médaille car, de l’avis de certains analystes, un Brexit risque de précipiter la Suisse dans un scénario inconfortable en provoquant d’abord un nouveau choc du franc, monnaie refuge par excellence. Ensuite, l’UE pourrait suspendre les discussions sur la clause de sauvegarde en matière d’immigration proposée par Berne après le vote suisse contre la libre-circulation des travailleurs.

  Selon le secrétariat d’État à l’Économie, le Royaume-Uni est le troisième récepteur d’investissements en provenance de la Suisse. Fin 2013, les firmes helvétiques employaient 193.700 personnes au Royaume-Uni, soit la quatrième plus grande concentration d’emplois suisses à l’étranger.

  Les firmes britanniques ont investi et accumulé 22 milliards de dollars en Suisse à fin 2013, menant à la création de 26.000 emplois. Les groupes HSBC, Vodafone, BP et Unilever disposent de la plus forte présence dans le pays helvétique de toutes les entreprises britanniques.

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