Echéances électorales de 2014 : Les partis politiques sud-africains en quête du jeune électorat

Par Mohammed El Kansouri

Pretoria  – Les grandes manœuvres menées par les partis politiques sud-africains pour séduire l’électorat ont démarré bien tôt. Les différentes formations n’ont pas attendu le début officiel de la campagne électorale et décidé de commencer d’approcher les jeunes électeurs, qui ont été appelés, le week end-dernier, à s’inscrire sur les listes électorales en perspective de la 5-ème législature (avril-juillet 2014). Une échéance qui permettra d’élire une nouvelle Assemblée nationale qui conduira au choix du nouveau président du pays.

Ainsi, les partis bien établis, au pouvoir ou dans l’opposition, comme pour les nouveaux venus dans le paysage électoral, sont tous appelés avant de convaincre les jeunes électeurs par leur programme, de les persuader d’abord à s’inscrire sur les listes électorales.

Le pays de Nelson Mandela est jeune. Pour les 20 prochaines années, on évalue entre 14 à15 millions le nombre des jeunes de 15 à 29 ans.

Pour les élections de 2014, la Commission électorale indépendante indique que 31,4 millions d’électeurs seront appelés aux urnes et 35 pc d’entre eux seront âgés de 18 à 30 ans. Autant dire que le vote jeune est bien convoité par tous les partis politiques.

Ces partis ont tous insisté sur la nécessité de faire plus pour l’éducation et l’emploi : 65 pc des jeunes sont au chômage et ceux qui sortent du système éducatif ont peu de chance de trouver un emploi parce que leur formation n’est pas à la hauteur de ce qu’exige le monde du travail, ne leur reste alors que l’oisiveté forcée.

Selon une enquête menée par une organisation internationale, 73 pc sont fiers d’être sud-africains. 40 pc pensent que le pays va dans la bonne direction et seulement 29 pc ne sont pas satisfaits de leur situation actuelle.

Mais les jeunes ne forment pas un bloc uniforme et tous les partis vont tenter de capter leur voix. En réalité, la majorité des partis politiques ne sont pas vraiment en mesure d’attirer les votes des jeunes.

L’Alliance démocratique qui fait de gros efforts pour attirer les électeurs noirs peut séduire une frange des jeunes urbains de moins de 30 ans qui ont bénéficié des avantages du Black Economic Empowerment et qui forment le gros des troupes de la nouvelle bourgeoisie noire.

Le parti au pouvoir, le Congrès national africain (ANC),  a, quant à lui, multiplié les appels à la jeunesse. Ainsi lors de la commémoration du soulèvement de Soweto du16 juin 1976, les militants de l’ANC ont rappelé l’importance de cet événement pour l’histoire de la libération du pays où la jeunesse, en descendant dans la rue, a donné un coup d’accélérateur à la lutte.

Le nouveau parti d’opposition Agans South Africa, crée par la célèbre militante anti-apartheid  et l’ex-directrice de la Banque mondiale, Mamphela  Ramphele, ne ménagera aucun effort pour capter les jeunes nés après l’apartheid.  Mamphela Ramphele (65 ans),  s’assigne comme tâche de raviver l’espoir de construire la nation de l’arc en ciel. Toutefois, les observateurs s’interrogent sur le poids que pourrait avoir ce parti et sa capacité de changer la donne. C’est-à-dire détrôner le Congrès national africain (ANC) au pouvoir.

L’autre parti des Combattants de la liberté économique (EFF) fondé par Julius Malema qui avait été exclu du rang de la jeunesse du parti au pouvoir, l’ANC, pourra-t-il changé la donne et séduire les jeunes ?

Selon des politiciens, la défense de Julius Malema des pauvres est mise à mal par ses dépenses qui ont attiré l’attention de la justice. Son programme de nationalisations tous azimuts relève plus de la rhétorique électorale que de la prise en compte de la réalité économique du pays.

Alors, à quelques mois des prochaines échéances législatives de 2014, les partis affutent leurs arguments pour convaincre les jeunes à faire des choix qui pourront avoir vraiment une influence sur leur vie future. Mais pour qui ces jeunes et les autres électeurs vont-ils voter ? La majorité votera pour l’Anc, le parti, qui en dépit de ce que l’on peut lui reprocher, reste le parti qui a mis fin au régime d’apartheid et entrepris la transformation de la société sud-africaine.

Bien des critiques peuvent lui être adressées sur la conduite des affaires du pays, la corruption, la criminalité, la pauvreté persistante pour beaucoup de Sud-africains, mais quel autre parti est en mesure de faire mieux et surtout de convaincre les électeurs qu’il fera mieux ?.