L’action humanitaire, une culture ancrée dans la pratique ophtalmologique

L’action humanitaire, une culture ancrée dans la pratique ophtalmologique

jeudi, 23 mai, 2019 à 14:40

— Propos recueillis par Imane BROUGI —

Rabat-L’action humanitaire et l’engagement pour la bonne cause est une culture ancrée chez les médecins ophtalmologues au service de l’amélioration de la santé oculaire, en facilitant l’accès aux soins même dans les zones les plus éloignées, a souligné Loubna Refass, médecin ophtalmologue et membre du Syndicat national des ophtalmologistes libéraux du Maroc (SNOLM).

“L’ophtalmologie et l’action humanitaire sont intimement liées, il s’agit de quelque chose d’indissociable. Depuis notre première année de formation nous participons de manière régulière à des campagnes médicales dédiées à toutes les tranches de la société dans les différentes régions du Royaume, nous estimons que cela fait partie intégrante de notre métier”, a relevé Docteur Refass dans un entretien à la MAP en marge de la campagne médicale organisée par le SNOLM au profit de chauffeurs professionnels en partenariat avec le Comité national de prévention des accidents de la route (CNPAC) et l’Association marocaine médicale de solidarité (AMMS).

“Au Maroc, la couverture médicale et les moyens alloués au secteur de la santé demeurent insuffisants, il est donc de notre devoir de s’engager humainement”, a-t-elle insisté, notant que les médecins ophtalmologues ont toujours répondu présents à toute initiative sociale solidaire qui défend la noble cause, à l’exemple de la campagne au profit des chauffeurs professionnels sous le thème “Ma sécurité dans ma santé visuelle” qui a connu la participation de plus de 32 médecins ophtalmologistes membres du syndicat.

Grâce à cette campagne nous avons dépisté près de 300 chauffeurs professionnels, en procédant à des examens ophtalmologiques complets, à savoir la prise de l’acuité visuelle et la réfraction, avec la prescription des corrections optiques lorsque celles-ci s’avéraient nécessaires, et l’examen complet du segment antérieur et postérieur, ainsi que la tonométrie et la rétinographie. Nous allons également assurer l’accompagnement des cas nécessitant un traitement ophtalmologique particulier et régulier, a-t-elle fait savoir.

Sur le choix de cette catégorie, Dr Loubna Refass a soulevé que la santé visuelle et la prévention des accidents de la route vont de pair. “En effet, les chauffeurs portent une lourde responsabilité, qui est la préservation de la vie des citoyens qu’ils transportent ainsi que les autres usagers des routes, donc il est impératif d’avoir une vue parfaite et optimale afin de réduire le nombre des accidents de la circulation et de garantir la sécurité routière”, a-t-elle dit.

Malheureusement, cette catégorie ne bénéficie souvent pas d’une couverture médicale, ce qui représente pour nous une priorité absolue. A ce titre, le SNOLM s’engage auprès du CNPAC à organiser davantage de campagnes de dépistage au profit de cette catégorie particulière de travailleurs, a-t-elle poursuivi.

S’agissant du dépistage visuel, elle a attiré l’attention sur une question très importante, à savoir la confusion dans certains esprits entre opticiens et ophtalmologues. Sur ce sujet, elle a expliqué que plusieurs ne sont pas conscients de l’importance de la santé oculaire et confondent malheureusement les rôles de ces deux professions bien distinctes mais complémentaires.

“Il faut comprendre qu’un examen ophtalmologique comprend la prise de l’acuité visuelle et la correction optique, qui en est une partie indissociable, mais ne se limite pas à cela. En effet, Il y a une probabilité d’environ 40 pc d’avoir une pathologie médicale autre surajoutée au problème réfractif, qui peut être potentiellement cécitante voire mortelle, et qui n’aurait pas été diagnostiquée lors d’un simple examen de vue”, a-t-elle averti.

Raison pour laquelle l’examen de la vue relève purement de la compétence d’un médecin ophtalmologue qui ne va pas se limiter à une correction optique mais qui va aller au delà, en cherchant tous les problèmes qui peuvent exister dans le système visuel, qui est beaucoup plus complexe qu’on le croit. De plus, les problèmes visuels nécessitant le port de lunettes, que nous appelons vices réfractifs, ne sont pas anodins, raison pour laquelle la classification internationale des maladies (ou CIM) les reconnait comme tels, car ce sont bel et bien des maladies, à prendre en charge par le médecin, a-t-elle noté.

De son côté, le président de l’AMMS, Dr Mohammed Belmekki a indiqué que la campagne “Ma sécurité dans ma santé” a un double intérêt, d’abord dépister les maladies silencieuses ophtalmologiques mais aussi sensibiliser cette catégorie de professionnels à l’importance de l’examen ophtalmologique, qui ne doit être effectué que par un médecin ophtalmologiste.

Le manque de sensibilisation risque de sous estimer cet aspect de la santé visuelle. Malheureusement il existe plusieurs maladies silencieuses qui attaquent le système oculaire, il est donc de notre devoir de relever ce défi en travaillant main dans la main au service de la santé visuelle, a-t-il insisté.

La vision joue un rôle très important dans la prévention des accidents sur la voie publique d’où le choix de cibler les chauffeurs, a-t-il indiqué, appelant à faciliter l’accès aux soins, élargir la couverture médicale et impliquer toutes les parties prenantes.

Il existe plusieurs maladies silencieuses cécitantes au Maroc, notamment le glaucome où le patient ne souffre d’aucune douleur ou rougeur oculaire ni baisse de l’acuité visuelle mais son champ visuel se rétrécit progressivement jusqu’au stade ou il s’éteint de manière définitive. Au cours de l’évolution de cette maladie un chauffeur aura d’énormes difficultés et ne pourra pas anticiper un danger. C’est une maladie irréversible, a-t-il souligné.

Dans cette campagne nous avons détecté d’autres maladies silencieuses liées aux complications ophtalmologiques du diabète. Plusieurs chauffeurs souffrant du diabète ne bénéficient pas d’examens ophtalmologiques, donc cette campagne a permis de les dépister à un stade précoce pour prévenir les complications et permettre à ces patients de continuer leur activité professionnelle, a-t-il relevé.

Pour sa part, Dr Mouhcine El Bakkali, président de l’association Réseau de l’Education et Solidarité en Ophtalmologie (RESO) et membre du SNOLM, a souligné que les associations marocaines d’ophtalmologie sont l’exemple typique de la solidarité humaine, notant que l’engagement des associations en ophtalmologie a commencé à l’aube de l’indépendance en organisant des campagnes médicales qui sillonnent le Maroc et qui prodiguent des services de qualité gratuitement.

Aujourd’hui le Maroc compte près de dix associations œuvrant dans le domaine de la santé oculaire, les plus importantes demeurent l’AMMS et la Fondation Hassan II d’ophtalmologie, s’est-il félicité, mettant en avant les actions menées par le tissu associatif en faveur de l’amélioration de la santé visuelle.

Les maladies oculaires sont très répandues au Maroc, avec une couverture sanitaire en la matière qui reste insuffisante. Vu ce constat, les médecins ophtalmologues ont décidé de prendre l’initiative d’organiser des campagnes médicales tout au long de l’année et dans les différentes régions du Royaume, a-t-il soutenu.

Ces campagnes gratuites menées par des médecins marocains sont organisées en coordination et avec l’aval du ministère de la Santé, car il s’agit d’un secteur bien organisé, pour éviter que des personnes non qualifiées ne puissent s’y immiscer et pratiquer illégalement la médecine, a-t-il précisé.

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