L’Argentine fait une offre généreuse à ses créanciers en vue d’un retour sur les marchés financiers

Par Hicham Lakhal

Buenos Aires – L’Argentine a fait une offre généreuse de plusieurs milliards de dollars afin de mettre fin à un litige qui n’a que trop duré et pour préparer le retour de Buenos Aires sur les marchés financiers, et partant, relancer une économie stagnante depuis quatre ans.

Après des négociations d’une semaine à New York le gouvernement du président Mauricio Macri a fait une offre de 6,5 milliards de dollars pour régler un litige qui dure depuis 2001 avec des fonds d’investissements spéculatifs également connus sous le nom des “Fonds vautours” car ils se spécialisent dans l’achat des titres de dette dans l’objectif de faire de la spéculation.

Il est vrai que le montant proposé est inférieur de 25 pc par rapport aux neuf milliards de dollars que le juge américain Thomas Griesa avait condamné l’Argentine à verser aux fonds spéculatifs qui exigent un remboursement intégral plus intérêts et éventuels arriérés de retard, mais il s’agit d’une somme qui dépasse de loin les sommes “modiques” investies par ces institutions dans l’achat des titres de la dette argentine.

L’offre de Buenos Aires a suscité l’intérêt de deux des six institutions les plus influentes, à savoir “Montreux Partners” et “Dart Management”, ce qui signifie que la stratégie du gouvernement argentin consiste désormais, selon les observateurs, à diviser les créanciers afin que ceux qui acceptent l’offre fassent pression sur les plus récalcitrants.

Et même si tous les fonds spéculatifs acceptent l’offre du gouvernement argentin, il faudra encore qu’elle obtienne l’aval du Congrès national, où des conditions favorables attendent Macri en raison de la scission de 14 parlementaires du “Front pour la victoire” – qui a gouverné le pays sous l’ancienne présidente Cristina Fernandez de Kirchner- faisant peser la balance en faveur de la coalition “Cambiemos”.

En attendant, l’Argentine a reçu un soutien important de la part de Washington via le Secrétaire du Trésor américain, Jack Lew, qui a appelé le ministre de l’économie argentin, Alfonso Prat-Gay pour saluer les efforts faits de bonne foi par le gouvernement argentin.

Par ailleurs, Daniel Pollack, le médiateur chargé du dossier n’a pas caché, dans un communiqué, son optimisme quant à la possibilité que tous les créanciers aplanissent leurs divergences et qu’un préaccord soit conclu avec l’Argentine, à la lumière des signaux positifs émis par les deux parties.

Dans le même ordre d’idées, l’Argentine a annoncé la semaine dernière avoir conclu un préaccord avec des créanciers italiens portant sur le versement de 1,35 milliard de dollars, dont 900 millions de dollars de dette plus les arriérés de paiement.

L’Argentine a obtenu une décote de près de 50 pc sur les 2,5 milliards de dollars réclamés par le fonds italien lorsqu’il avait saisi le Centre International pour le Règlement des Différends relatifs aux Investissements relevant de la Banque mondiale.

L’offre argentine a également suscité l’intérêt des médias internationaux, dont le quotidien britannique “The Financial Times” qui a exprimé son soutien aux négociations engagées par le gouvernement du président argentin, en appelant les institutions financières détenant les titres de dette argentine à accepter l’offre de Buenos Aires.

Quatorze ans après l’entrée de l’Argentine en défaut de paiement, les prémisses d’une solution commencent à se dessiner à l’horizon à travers une offre plus généreuse que les précédentes, estime ce quotidien à large diffusion dans le monde.

Il ne fait nul doute qu’une offre de cette envergure est une preuve que les fonds spéculatifs sont en position de force en raison des jugements définitifs rendus par le juge américain Griesa et qui ont obligé l’Argentine à rester hors des marchés financiers jusqu’au paiement de ses dettes.

Toutefois, le président Mauricio Macri, qui vient de passer deux mois à la tête de l’Exécutif, est déterminé plus que jamais à se débarrasser d’un cauchemar qui a eu de grandes répercussions sur l’économie de l’Argentine, en étant convaincu qu’il n’y a aucune alternative à l’ouverture du pays sur le monde, une position qu’il avait affiché sans ambages lors du Forum économique mondial de Davos.