Le cinéma pour humaniser la prison

Le cinéma pour humaniser la prison

vendredi, 28 juin, 2013 à 15:03

.–Par Rachid SAMI–

Khouribga- La vie en prison est réglée comme du papier à musique. Le temps de “la récréation”, le temps aussi des visites familiales, le nécessaire panier. Mais la prison ne se résume pas à cela. Il existe aussi un temps pour le Festival du Cinéma Africain de Khouribga qui a réservé des projections aux pensionnaires de la prison locale.

Pendant trois jours de suite, du mardi à ce jeudi, les détenus ont pu voir des films marocains. Des projections données dans une ambiance bon enfant où ils ont pu pour un moment échapper à leur condition. Les enfants d’abord qui ont regardé avec émerveillement le film “Majid” du réalisateur Nassim Abassi qui raconte l’histoire d’un enfant qui tente de mettre un visage sur ses parents tragiquement disparus dans un incendie. Un film qui redonne l’espoir à tous les enfants qui mènent une vie difficile.

Dans une salle comble, en présence des responsables de la prison et un groupe de journalistes marocains et africains, les 64 jeunes pensionnaires, tous habillés de la même façon, en survêtement de sport, ont ainsi jeté un regard sur le monde extérieur, re-goûter à la liberté.

Le jour suivant, les femmes détenues, 36 au total, avait rendez-vous avec l’histoire à travers le film “Kharboucha”, premier long- métrage du cinéaste Hamid Zoughi dans lequel il revient sur les tribulations et les luttes de cette chanteuse populaire dans son combat engagé contre l’injustice et la tyrannie à l’époque du fameux caïd “Aïssa Tamri”.

Un film également fort apprécié par les femmes d’autant qu’elles sont toutes en admiration devant le talent et la résistance farouche de cette star de la Aïta, d’hier et d’aujourd’hui. Un moment rare de détente et d’émotion pour ces femmes en captivité comme d’ailleurs pour les hommes qui ont regardé ce jeudi le film “La route vers Kaboul”, premier long-métrage du réalisateur Brahim Chkiri. Mais cette fois-ci, pour des raisons de sécurité et aussi de capacité d’accueil de la salle de projection qui ne peut pas contenir les quelque 1400 prisonniers, les places étaient limitées. Il n’en reste pas moins que les responsables de la prison, bien rôdés à l’organisation de telles manifestations, ont relevé le challenge en permettant au plus grand nombre d’assister à cette comédie sociale émaillée de scènes caustiques et parfois ubuesques. Ils étaient plus de 600 devant le grand écran aménagé dans une grande salle et un peu partout, tout autour dans des gradins. Le spectacle était au rendez-vous tout comme les précédentes projections, dans une ambiance décontractée, sans gêne ni interdits. Un moment pendant lequel les frontières de la prison se sont effacées d’un coup pour céder la place aux rêveries… à la vie tout simplement.

Pendant des heures, les barrières et les barreaux ont cédé, donnant lieu à une sympathique fête au fil du film et aussi aux rythmes endiablés de la musique Gnaouie et des Abidat R’ma dans une représentation donnée avant la séance cinéma par une troupe composée de prisonniers. La prison est devenue subitement humaine et les prisonniers des hommes, des femmes et des enfants comme les autres. Pas le moindre signe d’agressivité, ni de tristesse.

C’est une bien belle manière d’humaniser la prison, de permettre à ses pensionnaires de retrouver ne serait-ce qu’une illusion de liberté. Et c’est d’ailleurs la nouvelle stratégie prônée depuis des années par la Délégation Générale de l’Administration Pénitentiaire et de la réinsertion qui cherche par ce biais à donner une deuxième chance à ceux et celles qui séjournent dans les prisons.

A la prison civile de Khouribga, un établissement neuf inauguré il y a de cela à peine trois ans, cette récréation n’est pas une exception, ni encore moins une attraction saisonnière à chaque édition du festival du cinéma africain, mais un élément parmi tout un programme artistique et pédagogique étalé sur toute l’année carcérale. Les responsables de la prison, tous des diplômés universitaires, organisent périodiquement des activités sportives, culturelles et cultuelles en faveur des prisonniers et ce, en partenariat avec la société civile et différentes délégations ministérielles, notamment celles représentant le ministère de la culture et le Habous et les affaires islamiques. Des ateliers sur les arts ainsi que des cycles de psalmodie coranique et de prêche pour renforcer la foi des pensionnaires de la prison.

Et pour favoriser la réinsertion socio-professionnelle des détenus, cette prison dispose d’un centre pédagogique de formation dans différentes filières, notamment le bâtiment, la couture, l’informatique ou encore la plomberie. Une formation à la vie professionnelle qui rencontre beaucoup de succès à telle enseigne que certains détenus qui ont accompli leur peine retournent à la prison pour continuer leur formation et passer leurs examens de fin d’année.

A cela s’ajoutent, les leçons obligatoires d’alphabétisation pour les mineurs détenus. Et aussi une bibliothèque et une salle multimédias et tant d’autres prestations dédiées à la réinsertion des prisonniers pour les aider à supporter les affres de la captivité et surtout à se réconcilier avec la société. Bref, une prison à visage humain qui redonne l’espoir.

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