Le Québec et l’Est du Canada accueillent l’année 2014 sous le signe des tempêtes de neige et d’une vague de froid exceptionnelle

-Par Hassan EL AMRI-.

Montréal – Après une fin d’année 2013 politiquement tonitruante sur les plans provincial avec la controversée Charte de laïcité, et fédéral avec les suites de l’interminable feuilleton du scandale des dépenses du Sénat ou le “Sénatgate”, les Québécois ainsi que les habitants de l’Est du Canada se souviendront longtemps des derniers jours de l’année qui vient de s’écouler et de ce début 2014.

Et pour cause: “Dame nature” est venue se mêler des célébrations des fêtes de fin d’année avec des tempêtes de neige et une vague de froid glacial ponctuée de températures “sibériennes” ayant pulvérisé les records de mercure enregistrés depuis plusieurs décennies dans la province à cette même époque de l’année.

En effet, les premières tempêtes de neige et de pluies verglaçantes ayant balayé ces régions durant les derniers jours de l’année 2013 ont plongé des centaines de milliers de foyers du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick dans le noir pendant plus d’une semaine, contraignant des dizaines de milliers de familles à passer les fêtes de Noël loin de chez elles ou sous la lumière des bougies.

Malgré l’intervention des équipes des compagnies locales d’électricité pour la réparation des lignes électriques en vue de permettre à leurs clients de se chauffer et de s’éclairer à nouveau, la tâche n’a pas été de tout repos surtout que l’attentisme et la colère de la population allaient crescendo en raison du manque de communication concernant la durée du rétablissement du courant électrique.

Par ailleurs, plusieurs stations-services ont souffert d’une pénurie d’essence pour manque d’approvisionnement car plusieurs compagnies pétrolières n’arrivaient plus à effectuer leurs livraisons de carburant en raison des routes bloquées, notamment dans l’est du pays.

La situation a été particulièrement délicate dans la province de l’Ontario et dans certaines régions du Québec, comme l’Outaouais, où les livraisons ont été perturbées depuis près de deux semaines, ce qui a contraint les responsables des compagnies d’hydrocarbures à consentir de grands efforts pour le rétablissement rapide de l’approvisionnement et la réduction de l’impact de ces pénuries sur les consommateurs qui s’apprêtaient à prendre la route pour aller célébrer les fêtes de Noël et de fin d’année en famille.

D’autre part, le trafic aérien a été sérieusement perturbé avec des centaines de vols annulés ou retardés au départ comme à l’arrivée dans les aéroports de Toronto, d’Ottawa, de Montréal et de Halifax.

Après ces tempêtes de neige, c’était au tour d’une vague de froid polaire exceptionnel, due à une haute dépression qui empêchait la remontée de l’air chaud du sud, de frapper de plein fouet le Québec et les régions avoisinantes.

Même si l’hiver québécois est connu pour être des plus rigoureux, ce froid sibérien, qui a pris d’assaut le Québec en ce début de 2014 a été marqué par des températures exceptionnelles déclassant les marques enregistrées il y a plusieurs décennies.

Ainsi, jeudi et vendredi derniers, des températures minimales allant de -28 à -42 degrés ont été répertoriées à travers la province. En tenant compte du refroidissement éolien, les gens qui ont osé braver le froid et sortir dehors ont ressenti plutôt des températures oscillant entre -38 et -52 degrés surtout en soirée.

Selon les météorologues canadiens, les températures moyennes à cette époque de l’année étaient d’au moins cinq ou six degrés plus basses que les records de froid établis il y a des dizaines d’années, notamment dans les principales villes de la province, en particulier Québec, Montréal, Sherbrooke, Gatineau, Laval, Val d’or, Saguenay, Longueuil, Gaspé ou Drummonville.

Face à ce climat “arctique” qui n’a pas empêché les automobilistes de circuler, les autorités québécoises ont lancé des alertes concernant plusieurs tronçons de route glacés ou enneigés, dans lesquelles elles ont appelé les conducteurs à faire montre de davantage de prudence et de vigilance sur les routes et d’être toujours munis d’une trousse de survie pouvant leur être utile en cas de panne.

Malgré ces alertes, de nombreux accidents et carambolages ont été recensés à travers la province, la Sûreté du Québec ayant enregistré au cours de la seule journée de vendredi dernier plus de 200 accidents dans les régions de Québec et de Montréal, où les routes étaient très glacées par endroits, sans pour autant déplorer de victimes.

Confrontée à cette vague de froid polaire, la société de production et de distribution d’électricité “Hydro Québec” a appelé, de son côté, ses clients à réduire leur consommation, particulièrement lors des heures de pointes entre 6h et 9h du matin et entre 16h à 20h du soir pour assurer la viabilité du service et éviter toute panne générale.

Par ailleurs, Hydro-Québec a déclaré avoir été sur le point d’atteindre une nouvelle pointe historique de consommation, jeudi dernier, entre 16h et 20h, alors que la demande en électricité a atteint 38.750 mégawatts, à 17h13.

Selon les responsables de la société québécoise, ce chiffre obtenu n’a rien de surprenant, puisqu’ils s’attendaient même à dépasser la barre des 38.797 MW, enregistrée le 23 janvier 2013.

Par pareil froid fracassant, qui a forcé tout le monde à bien se couvrir pour sortir à l’extérieur, les organismes d’aide aux sans-abri ont redoublé d’efforts afin de venir en aide aux personnes itinérantes pour permettre à cette frange très vulnérable de se trouver une place au chaud dans les établissements et refuges aménagés à cette fin.

A ce propos, les responsables de ces établissements ont assuré que le nombre de lits disponibles pour assister ces personnes à faire face à ces températures extrêmes répondait suffisamment à la demande d’hébergement même pour une période à court terme, sachant que le froid extrême est la principale cause de mortalité liée aux conditions météorologiques au pays avec une moyenne d’environ 100 cas de décès chaque année.

Autre répercussion de cette vague de froid, qui s’est abattue sur la province du Québec et l’Est du Canada, la suspension de la navigation fluviale à cause des amas de glace qui ont sérieusement perturbé le trafic maritime, ce qui a poussé plusieurs brise-glaces à travailler jour et nuit pour dégager des voies maritimes devenues impraticables.

Après ce début d’hiver qui n’a donné aucun répit aux autorités québécoises et des autres régions situées à l’Est du Canada, et avec un mercure qui a refusé de fléchir en ce début 2014 pour avoisiner les températures minimales moyennes de la saison, la vie a repris cours, en fin de semaine, dans les principales villes du Québec, profitant de cette courte clémence de Dame Nature.

En effet, les piétons et les voituriers “frigorifiés” ont réinvesti, samedi et dimanche, les principales rues de leurs villes, comme c’est le cas à Montréal, après s’être cachés du froid pendant les derniers jours même si le mercure affichait -12 Celsius.

Mais cette accalmie ne sera que de courte durée, puisqu’un nouveau “cercle neige-froid glacial” est prévu dès lundi ou mardi avec son lot de maux de tête pour la population qui devra braver des conditions météorologiques extrêmes pendant encore quelques semaines en attendant des jours meilleurs.