Les dirigeants algériens demeurent “prisonniers” d’une époque révolue (expert)

Rabat – Les gouvernants algériens, qui produisent à l’égard du Maroc un discours d’une autre ère, sont “prisonniers” d’une époque révolue et éprouvent beaucoup de difficultés à entrer dans une réalité stratégique et géopolitique nouvelle, a estimé M. Mohamed Benhamou, président du centre marocain des études stratégiques (CMES).

Ces dirigeants, qui ont beaucoup de mal à s’inscrire dans l’avenir, souffrent d’une “amnésie géopolitique totale” et d’une “myopie stratégique grave”, poursuit l’expert marocain, soulignant qu’en s’inscrivant dans des “logiques de confrontation”’ et en voyant le Maroc comme “l’ennemi idéal”, le régime algérien continue à utiliser une presse aux ordres pour délivrer des “messages venimeux”.

M. Benhamou en veut pour preuve la dernière livraison du journal algérien El watan sur des “provocations marocaines contre l’Algérie” qui n’existent que dans l’esprit de l’auteur de cet article.

“Il est certain, a dit à la MAP cet expert en relations internationales, que l’on retrouve dans cette livraison supportée par ce journal, mais non signée par les services de sécurité algériens un discours qui appartient à une autre ère, une autre époque”.

A cette “logique de confrontation” inscrite dans l’ADN des dirigeants algériens qui voient dans le Royaume un “ennemi idéal”, le Maroc fait preuve de sagesse dans ses réactions et de clarté constante dans ses choix stratégiques pour un Maghreb unifié et fort par ses membres, a-t-il affirmé.

N’en déplaise à El Watan et à ses commanditaires, le Maroc est “grand par son passé, par son histoire, par son présent et par son avenir (…) Et cette grandeur lui a été en quelque sorte fatale quand la colonisation est arrivée et son territoire a été mis en coupe entre plusieurs puissances coloniales”, a rappelé M. Benhamou.

Dire aujourd’hui que le Maroc est “hégémonique” dans son approche c’est ignorer cette vérité historique et passer sous silence le choix fait par le Maroc de laisser de côté le différend territorial sur le Sahara oriental et la question du tracé des frontières avec l’Algérie afin de favoriser l’édification du Maghreb, poursuit l’universitaire marocain, soulignant que le Maroc a fait de l’édification maghrébine un “choix stratégique et prioritaire” seul à même de réaliser les aspirations des peuples de la région de vivre dans cet espace d’intégration harmonieux et unifié face aux défis de développement.

L’approche marocaine a toujours été marquée par un haut sens de la retenue et de la sagesse, du bon voisinage et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de ses voisins ou des autres pays étrangers, a encore expliqué M. Benhamou.

Pour les Marocains, a poursuivi M. Benhamou, l’intégrité territoriale et la souveraineté du Maroc sur son Sahara est un “choix irréversible pour lequel ils ont fait beaucoup de sacrifices depuis la fin du protectorat et ils sont prêts à en faire davantage”.

Les efforts de développement entrepris par le Maroc dans ses provinces du sud, destinés à créer “une justice régionale” en faveur de cette région, sont une preuve supplémentaire de l’engagement positif et réaliste vers la création d’un climat propice à la sortie de l’impasse dans laquelle l’Algérie a placé tout le Maghreb, a-t-il dit.

De même, le Maroc a présenté une proposition d’autonomie pour les provinces du sud, dans le cadre d’une régionalisation avancée, ce qui prouve le choix du Royaume pour l’édification d’un Etat moderne et démocratique selon une démarche participative et inclusive.

L’Algérie est “frileuse” de ce modèle marocain dans ses dimensions de réforme politique, des grands chantiers ouverts, du dynamisme de son économie et du respect dont il jouit auprès de la communauté internationale, a dit l’expert marocain, ajoutant que le modèle marocain est d’autant plus “gênant” pour l’Algérie que ce pays est complètement bloqué, en dépit d’une apparence de calme. Il couve une véritable poudrière sociale malgré des richesses accaparées par une caste au pouvoir.

Pour le professeur Benhamou, c’est l’Algérie, par ses choix “irréfléchis et irresponsables” et sa volonté affichée d’être “l’Etat leader” dans la région, qui a mis le train de l’intégration maghrébine dans l’impasse.

La “doctrine de l’Etat pivot” dont l’Algérie a toujours rêvé est une “doctrine caduque” parce qu’elle a été balayée par les bouleversements stratégiques et géopolitiques dans la région et dans le monde, a-t-il martelé.