Les écrivains marocains et Ramadan : recueillement et sérénité créative

Les écrivains marocains et Ramadan : recueillement et sérénité créative

mercredi, 17 juillet, 2013 à 11:31

Par Kawtar Krifi.

Rabat- En ce mois béni du Ramadan, avec ses ambiances de spiritualité et son rituel social et à l’instar de toutes les franges de la société, les gens de lettres s’accordent une pause pour la méditation, l’introspection de l’âme et le recueillement.

Les écrivains marocains ont leurs rituels et manières de gérer le temps durant le mois de jeûne, les uns dédient ce mois à la créativité et la réalisation des projets reportés, d’autres s’assignent une pause pour se ressourcer dans la perspective de nouvelles quêtes scripturales, certains le voient comme un moment propice pour la lecture alors que pour d’autres encore c’est le mois de la vie sociale, avec des échanges de visites familiales, de convivialité et de partage de ftour ou de shour ou pour suivre des spectacles.

Pour le dramaturge Abdelkrim Berrechid, Ramadan est, après la prière, le mois de l’écriture et de la lecture.

Du mois de Ramadan, il a le souvenir des années passées à Khémisset, confie-t-il à la MAP. “La plupart de mes oeuvres, ont été écrites durant le mois de Ramadan, c’est pour cela que j’en garde un goût spécial, d’autant plus que la plupart de ces textes ont toujours été en rapport avec le patrimoine”, poursuit-il en citant “Ibn Al-Roumi dans les bidonvilles”, “Imrou’l Qays à Paris” et “les Nuits d’Al-Mutanabi”.

Le mois de Ramadan est un moment de pureté et un auteur ne peut écrire que dans un moment de pureté, car l’acte créatif n’est pas un spectacle de consommation éphémère mais un discours et un message, poursuit-il, en soutenant que durant ce mois, se déchaîne son amour pour la langue arabe et sa passion pour la littérature arabe avec ses anecdotes, ses récits, ses légendes, ses mouallaqat et ses maqamate.

Berrechid dit avoir écrit le Ramadan de l’an passé, “On a dit que Socrate est mort”, une oeuvre qui relate la vie de ce philosophe de la Grèce antique et cette année il cogite sur la réécriture d’un autre texte, où s’enchevêtrent roman, théâtre, autobiographe et relation de voyage. Dans cet agrégat, il compte relater des moments de son parcours depuis son enfance en s’interrogeant sur un certain nombre de questions, en relation avec la société et avec l’existence.

La poétesse Widad Benmoussa affirme, quant à elle, qu’elle retrouve durant le mois de Ramadan le temps nécessaire pour s’adonner à la lecture et se rattraper dans la révision des ébauches de ses textes ou dans d’autres projets, notamment des recherches sur la vie et l’oeuvre d’auteurs soufis, d’écrivains ou d’artistes, intéressée en cela par leur univers et leur parcours.

Widad Benmoussa aime en Ramadan ses odeurs, la convivialité de ses tables et l’affection qui embaume la chaleur de ses soirées, tout en gardant avec le vivace souvenir de son enfance du magnétisme de ce mois à Ksar El Kébir, avec ses tantes réunies, avant et après le ftour, déclamant, dans un rituel presque sacré, des dhikrs et des panégyriques. Ce lien tissé avec Ramadan depuis son enfance, l’ont toujours incité à profiter d’un mois qui s’achève vite.

“Je réalise que durant Ramadan, j’écris davantage que les autres mois. Peut-être est-ce à cause du silence et de la sérénité qui enrobe ses matinées, ou peut-être ses longues veillées ? J’écris davantage durant Ramadan, sans que je sache pourquoi ? Peut-être que je ne me suis pas encore posée la question, mais je sais que ce mois a sa douceur et sa singularité spirituelle, dit-elle.

Le romancier Abdel Karim Jouaiti soutient, pour sa part que “Ramadan brise nos habitudes. C’est le mois de jeûne, de recueillement et d’isolement, surtout dans la ville connue par ses températures élevées comme Beni Mellal”.

Ramadan est un mois “unique, isolé, dur, fait de compassion et de générosité. Un mois où la notion de temps devient vivace, où la seconde et la minute revêtent une grande valeur, un mois où on fait attention aux grâces dont on ne perçoit pas la valeur durant le reste de l’année”, dit-il.

Jouaiti consacre ce mois à la lecture de textes classiques du patrimoine, Ramadan dernier il a lu quelques volumes du “Kitab Al Aghani” d’Abou El-Faraj Al-Isfahani et cette année, il entame l’oeuvre de Tabari et “Kitab Al-Imataa wal Mouanassa” de Abi Hayyan Tawhidi.

Pour lui, Ramadan, c’est un mois poétique, où la nuit triomphe du jour, “un mois qui restructure nos comportements et nos caprices. Un mois qui régente nos désirs et libère notre potentiel patience et de méditation”.

Lire aussi

La Chambre des Représentants parachève la composition de ses organes

jeudi, 18 avril, 2024 à 21:58

La Chambre des représentants a tenu, jeudi, une séance plénière consacrée à l’élection des membres du bureau de la Chambre, conformément aux dispositions de l’article 62 de la Constitution et de l’article 28 du règlement intérieur.

Gestion hydrique: le Maroc dispose d’une expérience riche à partager avec les autres pays (DG de la FAO)

jeudi, 18 avril, 2024 à 21:28

Le Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dispose d’une expérience riche en matière de gestion hydrique, a affirmé, jeudi à Rabat, le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. Qu Dongyu, soulignant que cette expérience peut être partagée avec les membres de la FAO, notamment les pays africains, confrontés à des pénuries d’eau

M. Bourita s’entretient à Rabat avec la vice-ministre coréenne des AE, en charge du climat et Envoyée Spéciale du 1er Sommet Corée-Afrique

jeudi, 18 avril, 2024 à 21:21

Le ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Africaine et des Marocains Résidant à l’Étranger, Nasser Bourita, s’est entretenu, jeudi à Rabat, avec la vice-ministre des Affaires Étrangères de la République de Corée, en charge du climat et Envoyée Spéciale du 1er Sommet Corée-Afrique, Hyoeun Jenny Kim.