Les produits Halal, un marché en pleine expansion en Belgique

Les produits Halal, un marché en pleine expansion en Belgique

vendredi, 19 juillet, 2013 à 11:46

Par Mahjouba Agouzal

Bruxelles – Le marché des produits halal connait un grand essor en Belgique, avec une expansion significative dans le secteur agro-alimentaire, et un potentiel d’exportations dans de multiples domaines de biens de consommation autre que les produits carnés.

Le halal se diversifie, conquiert les grandes enseignes et devient très concurrentiel. Avec une croissance annuelle de près de 15pc, ce secteur est devenu particulièrement rentable et dépasserait même le marché du bio.

Il n’y a pas de données officielles sur le poids du marché Halal en Belgique, mais il serait évalué à 1,5 milliard d’euros par an. Un chiffre confirmé par Bruno Bernard, expert belge en export et co-auteur du livre ‘comprendre le Halal’, pour qui cette explosion du marché Halal s’explique d’un point de vue sociologique, par un phénomène générationnel et un changement dans les comportements de consommation.

Les personnes issues de la troisième génération consomment différemment que la première et deuxième génération des musulmans venues en Belgique. Elles sont instruites, exigeantes, avec un pouvoir d’achat plus élevé, et préfèrent faire leurs courses dans les supermarchés, plutôt que dans le magasin du coin, indique-t-il dans un entretien à la MAP.

“On est moins dans une consommation de masse de produits traditionnels, basics mais, plutôt avec des produits qui ont des marges très élevées, (compléments alimentaires, cosmétiques, produits de soin), la note et le coût augmentent, donc les ventes de produits halal explosent”, a-t-il poursuivi.

Mais pour lui, “c’est le marketing qui a boosté le marché Halal plus que les consommateurs musulmans eux-mêmes “. Pour ne pas perdre une clientèle musulmane qui représente près de 5 à 10 pc des consommateurs, les fabricants sont amenés à décliner des produits différents certifiés Halal, comme par exemple pour les yaourts et des bonbons pour enfants sans gélatine de porc, dit-il.

Jusqu’à alors confiné dans les magasins de quartier, le halal a désormais fait son entrée dans la cour de la grande consommation. Attirées par ce marché juteux, plusieurs enseignes ont lancé leurs propres marques de distributeur, et proposent des gammes de produits halal, censés séduire un public cible, dans un pays qui compte une population de 600.000 musulmans.

Sur le marché belge, la gamme des produits Halal s’est diversifiée. Elle ne se limite plus à la viande, mais s’étend à d’autres produits comme les boissons, le chocolat, les bonbons, les biscuits, les produits laitiers ou volaillers (foie gras), en passant par des petits pots pour bébé et même des soins cosmétiques, souligne Bruno Bernard.

Afin d’aider les entreprises belges et européennes à se positionner sur un marché en plein développement, la Chambre de commerce et d’industrie de Bruxelles (BECI) a lancé en 2009 un processus de certification Halal.

Bruno Bernard, également consultant externe pour la BECI, explique que cette certification halal est réalisée selon une méthode ” rigoureuse “.

D’abord, il y a un audit de l’usine pour contrôler la conformité des locaux et la chaine de production. Ensuite, un imam d’un pays musulman fait le déplacement pour examiner le site et donner le feu vert définitif. L’entreprise en question se voit alors décerner sa certification qui est valable pour un an. Lorsque celle-ci expire, le procédé doit être repris. Les certificats sont facturés au prix fixe de 1.500 euros, explique-t-il.

La BECI certifie ainsi des boissons, des produits laitiers, cosmétiques ou encore médicaux, où l’absence d’alcool ou de dérivés du porc doit être garantie pour pénétrer le marché des consommateurs musulmans.

La Chambre ne certifie pas les produits carnés, la certification de la viande étant ” complexe”, tient à préciser M. Bernard.

Le système de certification soulève toutefois une certaine polémique en particulier parce qu’il y a plusieurs organismes de certification, tous indépendants, et qu’il est possible que les critères de certification varient de l’un à l’autre. Plusieurs consommateurs musulmans sont sceptiques et ne savent pas s’ils doivent se fier à ces labels de certification Halal.

Il y a effectivement une balkanisation en Europe des offices de certification. Il n’y a aucune certification apposée par l’Etat, ce sont des organismes indépendants, et c’est ce qui cause la difficulté de la certification. En plus, c’est devenu du business, il y a des certificateurs sans scrupules qui prennent jusqu’à 50.000 euros par certification, s’indigne-t-il.

L’avantage de la BECI c’est que la certification est adossée à une Chambre qui existe depuis trois cent ans, souligne Bruno Bernard.

Depuis 2009, la BECI a ainsi délivré des certificats Halal à plusieurs entreprises parmi lesquelles des sociétés en Belgique, mais aussi en France, en Allemagne, et au Luxembourg, notamment. Et le nombre des certifications a fortement augmenté ces derniers temps, insiste l’expert belge.

Et grâce à cette certification, plusieurs entreprises belges ont ainsi pu gagner des parts de marchés dans les pays du Golfe, en Indonésie, en Malaisie, au Maroc, mais aussi dans d’autres pays européens comme en Allemagne ou il y a une forte communauté musulmane turque, ajoute-t-il.

Avec près de 1,5 milliard de musulmans dans le monde, soit 20PC de la population mondiale, le marché du Halal présente de larges perspectives aux exportations. Et pour s’offrir une ouverture sur ce marché mondial du halal en plein boom, et qui pèse plusieurs centaines de milliards de dollars, 73 entreprises belges se sont regroupées au sein d’un ” club Halal “, avec le soutien de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex).

Les membres du club partagent des informations, échangent leurs expériences et forment des délégations pour participer aux grands événements sur les produits halal dans le monde.

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