“Les profs au feu et l’école au milieu” un réquisitoire sans nuance contre le système d’enseignement belge

“Les profs au feu et l’école au milieu” un réquisitoire sans nuance contre le système d’enseignement belge

mercredi, 11 septembre, 2013 à 10:55

Par : Morad Khanchouli

 

Bruxelles- On s’attendait à une rentrée scolaire plutôt ordinaire, avec des débats de routine sur l’insuffisance des places ou encore sur la cherté des fournitures, mais la publication d’un pamphlet sur le modèle actuel de l’école belge est venue briser l’entendement régnant.

Dans “Les profs au feu et l’école au milieu”, l’écrivain jeunesse Frank Andriat, professeur depuis plus de 30 ans, tire sur tout le monde, intente des “procès” contre ceux qui ont “conduit l’école à sa ruine”. Seuls ses collègues enseignants en sortent “indemnes”.

En 144 pages et dix commandements, il dissèque un par un les maux d’une “école qui fait de nos enfants des cancres”, comme n’hésite pas à qualifier celui qu’on lui colle déjà l’étiquette du professeur grincheux.

En voulant “dire tout haut ce qu’on pense tout bas”, Frank Andriat se fait beaucoup d’”ennemis”. Pédagogues, ministres, inspecteurs, parents d’élèves tout un chacun a eu sa part des flammes de la “colère” à l’origine de son brûlot.

En première ligne de ses cibles, les pédagogues. “L’effondrement” du système, l’auteur l’impute à ces pédagogues, ces didacticiens qui ont “pris l’école en otage”, ces “activistes des sciences de l’éducation qui, voulant marquer l’histoire de leurs idées révolutionnaires, se voient perpétuellement remis en question par d’autres fauteurs de troubles pédagogiques”.

Car, si l’école ne remplit plus sa mission aujourd’hui, c’est que la pédagogie lui dit comment elle doit travailler, voit l’auteur, qui considère que les pédagogues et les didacticiens sont utiles quand ils proposent aux enseignants des pistes leur permettant de réfléchir à leur métier, pas quand ils imposent leur vision de l’avenir.

Complètement faux, rétorquent les concernés, qui y voient surtout une “vision caricaturale” des pédagogues. Les allégations de Frank Andriat sur le manque de connaissance du terrain par les pédagogues et didacticiens sont à coté de la plaque, répond Jean-Louis Dumortier, didacticien et chargé de cours à l’Université de Liège.

“Dire que nous n’avons pas l’expérience de terrain est faux. Trois mois par an, au moment des stages, je me rends dans des classes, je connais le terrain, alors que monsieur Andriat, lui, n’a l’expérience que de sa propre classe”, se défend-il.

Une autre réaction plus virulente cette fois est venue de Marc Demeuse, chercheur en science de l’éducation à l’université de Mons, qui affirme que tout le monde doit contribuer à son niveau au développement de l’enseignement, car, l’école est un bien commun, destiné à former les adultes de demain et financé par tous. A ce titre, elle n’appartient donc pas aux “seuls enseignants bricoleurs”, même de génie.

Deuxième catégorie sur le banc des “accusés”, l’écrivain nomme les ministres. Sans un brin de diplomatie, il fustige : “les ministres de l’enseignement souffrent d’une maladie particulière : la décritude ! S’ils sont là où ils sont, c’est, pensent-ils, pour faire mieux que leurs prédécesseurs. Faire plus, inventer des contrats stratégiques, des décrets-Missions, des décrets Robin-des-bois et des décrets-inscriptions”. Les réformes seraient surtout lancées, selon lui, pour “répondre à une échéance électorale”.

Ces accusations sont des “raccourcis déplacés”, réagit Marie Arena, en charge de l’Enseignement de 2004 à 2008, rappelant que quand elle est arrivée à l’enseignement, le contrat pour l’école a été élaboré en “parfaite concertation avec les enseignants”.

L’actuelle ministre de l’enseignement obligatoire, Marie-Martine Schyns pense, elle, que l’école mérite mieux qu’un pamphlet ! Tout en reconnaissant tout de même que certaines réformes n’ont pas suffisamment associé les enseignants, qu’elles donnent le sentiment d’être venus d’en haut et qu’il aurait fallu partir de la base, elle relève que tous les projets en route aujourd’hui privilégient l’engagement volontaire, le travail collaboratif et non des idées imposées.

L’auteur s’en prend particulièrement aux inspecteurs qui ont “quitté leur rôle de flic des matières pour devenir Ayatollahs des compétences qui disent aux profs comment travailler”.

Pour lui, les inspecteurs veulent savoir “si les profs ont suivi les formations exigées par les hautes sphères, s’ils travaillent par compétence, s’ils animent correctement leurs classes en rendant les apprentis actifs. oubliée la liberté pédagogique, au feu les projets, bazardée la personnalité”.

Sur ce point les réactions étaient plutôt modérées. Faute de réponse des inspecteurs eux-mêmes, l’ancien ministre de l’enseignement, Jean-Louis Dumortier avoue à demi-mot que certains inspecteurs n’ont pas les connaissances pour évaluer à bon escient, mais refuse de dire que les profs ne sont jamais consultés.

Et les parents dans tout ça. Frank Andriat ne leur jette pas des fleurs. Il leur reproche de “s’indigner que les profs exigent autant de leur progéniture et les empêchent de vivre leur jeunesse !”.

Les parents n’ont pas tardé à monter au créneau. Pour la fédération des associations de parents de l’enseignement officiel, Frank Andriat s’enferme dans “une nostalgie qui présente le risque d’ignorer l’évolution du monde”. Il ne faut pas se contenter de jeter les accusations, car selon la FAPEO, la crise du système éducatif s’est installée couche après couche à la suite de réponses trop simples, voire réductrices, à des problèmes complexes.

Enfin, s’il est une catégorie qui est ménagée par le coup de gueule d’un professeur en colère, ce sont bien ses collègues. Parce que “le prof devient responsable, voire coupable de tous les échecs, de toutes les déviances et, plus les réformes se multiplient, plus il doit rendre compte de chacun de ses faits et gestes. L’école des devoirs est devenue celle de tous les droits sous prétexte de citoyenneté responsable et de démocratie participative”.

Et pour que sa “révolte” donne des résultats, Frank Andriat ne compte pas s’arrêter là. Car si beaucoup se sont résignés, il n’en est pas question pour lui : “J’adore mon métier ! Mais j’ai le sentiment que, sur le terrain, tout le monde est un petit peu perdu. C’est ce qui m’a donné l’élan pour écrire ce texte, avec l’espoir que ça puisse un peu remuer les consciences”.

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