Mali : un nouveau président dans l’espoir d’un nouveau départ

Taoufik El Bouchtaoui
Bamako -Redresser la démocratie, instaurer le dialogue avec les rebelles du nord et rétablir l’autorité sur tout le territoire national: les Maliens, mais aussi les partenaires étrangers, formulent de grandes attentes envers le nouveau président, Ibrahim Boubacar Keita, sans se faire d’illusions sur l’immensité des défis.

Alors que les résultats officiels de la présidentielle malienne ne doivent être proclamés que ce jeudi, M. Keita, surnommée IBK, a déjà reçu les messages de félicitations des dirigeants de plusieurs pays, son rival Soumaila Cissé ayant publiquement reconnu sa défaite lors de ce scrutin unanimement salué par de nombreux observateurs nationaux et internationaux.

“La tâche sera lourde et très lourde”, avait reconnu Ibrahim Boubacar Keita le 28 juillet, après son vote au premier tour. Ayant pour slogan “le Mali d’abord”, IBK avait affirmé que s’il était élu président de la République, sa première priorité sera la réconciliation nationale, en commençant par “recoudre le tissu national qui a été abimé”.

Le Mali a été divisé et traumatisé par une profonde crise politique et militaire qui avait débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le nord du pays, supplantés rapidement par des groupes jihadistes armés liés à Al-Qaïda pour le contrôle de cette vaste région, à la suite d’un coup d’Etat militaire qui, le 22 mars 2012, a renversé le régime du président Amadou Toumani Touré.

Les jihadistes ont laminé la rébellion touareg et l’armée malienne, avant d’être en grande partie chassés par l’intervention militaire franco-africaine toujours en cours au nord du Mali, avec l’appui d’une force de stabilisation onusienne (Minusma).

Le conflit a plongé en 18 mois le Mali dans la récession, accentué la pauvreté, ravivé les tensions entre communautés touareg, arabes et noires, et provoqué un exode massif d’environ 500.000 déplacés internes et réfugiés.

Après son investiture officielle, Keïta va devoir très rapidement prendre des mesures concrètes pour redonner confiance aux Maliens, qui espèrent tourner la page de cette sombre période de leur histoire.

“Eprouvés par des mois de crise généralisée à tous les secteurs d’activité, les Maliens fondent d’immenses espoirs sur le futur président dont ils attendent des actions urgentes et concrètes faces aux énormes défis auxquels est confronté le pays”, a déclaré à la MAP, Ibrahim Koudo, père de famille et employé dans une entreprise, soulignant que “le nouveau président doit marquer un tournant dans la gestion du pays” .

Pour la population malienne, dont la moitié vit sous le seuil de la pauvreté, “l’urgence est d’améliorer leurs conditions de vie, renforcer la justice, lutter contre le chômage, améliorer l’éducation, promouvoir l’accès aux services et relancer les activités économiques” , a affirmé pour sa part, Baba Lassin, commerçant à Bamako.

“Nous attendons beaucoup de lui (nouveau président) nous attendons qu’il se mette au travail pour des lendemains meilleurs pour toute la population et surtout pour nous les jeunes. Nous souhaitons un grand changement à tous les niveaux. Nous espérons que le futur chef d’Etat va donner une nouvelle dynamique à notre pays”, a indiqué Mme Awa Cissé.

Pour Keita, “beaucoup parmi nous les jeunes sont malheureusement sans emploi. Pendant des années, la jeunesse est restée en marge du développement. Il est grand temps pour résoudre ce problème à travers la création de structures d’insertion des jeunes dans le milieu professionnel. Il faut aussi promouvoir le système de formation et d’éducation”.

Le nouveau président qui sera élu à l’issue du second tour de l’élection devra s’atteler à la reconstruction du pays”, avait déclaré le chef de l’Etat malien par intérim, Dioncounda Traoré.