
“Projet du patrimoine juif du Cap-Vert”, retour sur une migration peu connue des juifs marocains
Par Naoufal Enhari.
Rabat – Honorer la mémoire des familles juives marocaines ayant immigré au Cap-Vert au cours du 19è siècle, tel est l’objectif du “Projet du patrimoine juif du Cap-Vert”, une initiative pionnière qui fait la lumière sur un chapitre peu connu de l’histoire du continent africain.
En effet, vers le milieu des années 1800, une vague d’immigration de juifs marocains, peu évoquée dans les livres d’histoire, s’était amorcée vers l’archipel du Cap-Vert, souvent via Gibraltar, à la recherche de nouveaux débouchés économiques.
Situé dans l’océan Atlantique à environ 483 km des côtes du Sénégal, l’archipel du Cap-Vert était à l’époque une plaque-tournante du commerce transatlantique contrôlée par le Portugal. L’abolition par ce dernier pays de l’Inquisition en 1821 et la signature d’un traité de commerce et de navigation l’année suivante avec la Grande-Bretagne ont ainsi facilité la migration et la libre installation de juifs séfarades marocains dans les îles capverdiennes.
Carol Castiel, initiatrice du “Projet du patrimoine juif du Cap-Vert”, explique que les liens entre les juifs séfarades du Cap-Vert et le Royaume du Maroc sont “directs et indissociables” comme en témoignent les inscriptions sur les pierres tombales des cimetières juifs de l’archipel.
Mme Castiel, de passage la semaine dernière à Rabat, a souligné que ces inscriptions renseignent amplement sur l’origine de ces migrants juifs, qui pour la plupart étaient originaires de Tanger, Tétouan, Rabat ou Mogador (l’actuelle Essaouira).
Cette journaliste américaine et ancienne fonctionnaire de l’USAID, qui s’est rendue à plusieurs reprises au Maroc pour les besoins de ce projet, relève qu’il devait y avoir des “raisons multiples et complexes” à l’origine de cette migration. A commencer par la détérioration de la situation économique et la montée du chômage au milieu des années 1800 au Maroc suite à la guerre avec l’Espagne.
Une fois installés au Cap-Vert, les juifs marocains exerçaient pour la plupart des activités à caractère économique comme le commerce international et le transport maritime, ou travaillaient en tant qu’administrateurs pour le compte de l’autorité coloniale portugaise qui contrôlait l’archipel stratégique du Cap-Vert, ajoute-t-elle.
Les derniers vestiges concrets de cette présence juive marocaine au Cap-Vert restent principalement les cimetières, dont plusieurs sont dans un état de délabrement avancé. D’où la raison d’être du “Projet du patrimoine juif du Cap-Vert” qui vise notamment la restauration et la préservation de ces cimetières dans les îles de Santo Antao, Boa Vista et Sao Tiago.
Les inscriptions en hébreu et en portugais sur les pierres tombales dans les petits cimetières juifs à travers ces îles indiquent aussi que la majorité de ces migrants portaient des noms sépharades distinctifs tels que : Anahory, Auday, Benoliel, Benros, Benathar, Benchimol, Brigham, Cohen, Levy, Maman, Pinto, Seruya et Wahnon.
Ces juifs marocains vivaient, travaillaient, et prospéraient au Cap-Vert. Mais comme ils étaient peu nombreux par rapport à la population locale catholique, les mariages mixtes étaient très répandus. Cette assimilation à la population locale a fait qu’il n’existe pratiquement aujourd’hui aucun Juif pratiquant dans l’archipel, fait encore observer Mme Castiel.
Les initiateurs du projet veulent ainsi poursuivre les interviews et les recherches dans les archives sur les familles juives et leurs descendants au Cap-Vert afin de mieux cerner l’ampleur et les détails de cette présence.
L’historienne portugaise spécialiste de l’Afrique, Angela Sofia Benoliel Coutinho, relève, de son côté, que dans les archives au Portugal et au Cap-Vert “on trouve des références concernant une centaine d’individus, hommes et femmes, mais surtout des hommes” qui sont des juifs marocains ayant migré vers les îles capverdiennes.
Plusieurs descendants de ces juifs marocains résident toujours au Cap-Vert alors que d’autres sont actuellement au Portugal ou aux Etats-Unis d’Amérique, assure Angela Benoliel Coutinho, qui dit être elle-même descendante d’une famille juive de Rabat.
Le Projet du patrimoine juif du Cap-Vert (CVJHP, de son sigle en anglais) est une organisation à but non lucratif enregistrée aux Etats-Unis. Elle compte parmi les membres de ses Conseils d’administration et consultatif plusieurs personnalités influentes et de renommée internationale.
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