Provinces méridionales de la Thaïlande: la quête pour la paix continue

Provinces méridionales de la Thaïlande: la quête pour la paix continue

jeudi, 25 juillet, 2013 à 12:49

Par Mustapha Sguenfle
Bangkok – La première chose qui frappe le voyageur dont les pas foulent les terres de la Thaïlande pour la première fois, c’est la dynamique. Avec 28 aéroports commerciaux, une infrastructure de classe mondiale, une capitale qui ne somnole jamais et une population animée par la valeur du travail, le tigre asiatique avance à pas de géant.

Néanmoins, ces avancées ne semblent pas préserver le pays de tout danger d’instabilité. Si la majorité des thaïlandais est bouddhiste, il y a une minorité assez importante de musulmans, estimée entre cinq et sept millions de personnes, qui est bien implantée dans la partie méridionale notamment, plus particulièrement au niveau des provinces of Yala, Pattani et Narathiwat.

Si les thaïlandais bouddhistes et musulmans semblent vivre en harmonie, les cinq provinces du sud frontalières avec la Malaisie (Yala, Pattani et Narathiwat, Satun et Songkhla), assistent depuis bientôt dix ans à une violente insurrection menée par des groupes séparatistes qui a coûté la vie à plus de 5.500 personnes. Samedi 29 juin encore, huit soldats ont été tués par une bombe artisanale dans la province de Yala, dans une des plus meurtrières attaques contre les forces de sécurité thaïlandaises au cours des dernières années.

L’insurrection que mènent certains groupes armés, dont le nombre est estimé entre 8 et 10, ne date pas d’hier. Sa complexité historique ne permet de l’aborder qu’avec beaucoup de précaution. Toutefois, deux éléments semblent définir les dessous du conflit.

D’une part, la population thaïlandaise majoritairement musulmane des provinces en question accorde une attention sans faille à l’aspect identitaire, principalement défini par les préceptes de l’Islam sunnite et les origines malaises qui datent de l’ancien sultanat malais de Pattani.

En a témoigné à la MAP un jeune de la population locale qui a affirmé que “La majorité de la population du sud veut la liberté et l’autonomie dans la gestion de leurs affaires, conformément aux préceptes de l’Islam et dans le cadre de la souveraineté de l’Etat thaïlandais .

D’autre part, plusieurs gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ont mal géré le dossier desdites provinces, optant pour une approche de confrontation basée sur des méthodes parfois musclées, dont les épisodes les plus tristement célèbres demeurent les incidents de Tak Bai et de la mosquée Krue Se en 2004.

Des groupes séparatistes, comme l’Organisation unie de libération de Patani (Patani United Liberation Organization, PULO) et le Front national révolutionnaire (Barisan Revolusi Nasional, BRN), ont, par conséquent, intensifié, à partir de 2004, leurs attaques jusqu’à un rythme endiablé (2.078 attentats en 2005 et 2.475 en 2007), précipitant inéluctablement la région dans un abîme infernal de violence.

L’Etat thaïlandais a compris que la logique de la confrontation ne pouvait qu’aggraver la situation et a, de ce fait, opté pour une politique plus seyante, basée sur la réconciliation et le respect des spécificités culturelles des provinces en question.

A cet effet, le directeur du bureau des affaires étrangères au sein du Centre administratif des provinces frontalières du sud (Southern Border Provinces Administrative Centre, SBPAC), Mangkol Sinsomboon, affirme que la nouvelle politique adoptée par le gouvernement thaïlandais vise à promouvoir la culture musulmane malaise thaïlandaise.

Le gouvernement reconnaît que la cause profonde du problème est due à la particularité de l’histoire et de l’identité de la population locale de ces régions , a précisé M. Sinsomboon à la MAP, en marge d’une réunion avec des journalistes du monde musulman invités, en juin dernier, par le ministère des affaires étrangères thaïlandais à rendre visite à la région.

Entité gouvernementale sous la responsabilité directe du Premier ministre, avec un secrétaire général nommé, le SBPAC supervise et met en uvre les politiques et stratégies de développement pour les provinces sud thaïlandaises.

Dans ce cadre, il a été procédé, entre autres, à la promotion du Yawi (dialecte malais parlé dans les provinces méridionales frontalières avec la Malaisie), à l’application des principes de la Charia dans les questions civiles (famille et héritage) dans 4 provinces (Satun, Pattani, Narathiwat et Yala), à la compensation des familles des victimes touchées par les violences avec une enveloppe dédiée de 2.080 millions de bahts (= Plus de 51 millions d’euros) en 2012-2013, et à l’allégement des procédures de la loi martiale.

De plus, les Pondoks (écoles coraniques) et Tadikas (écoles coraniques rattachées aux mosquées) sont subventionnées par l’Etat (entre 150.000 et 300.000 bahts annuellement (= entre 3.711 et 7.421 d’euros) pour chaque institution). Il existe même des écoles islamiques qui fonctionnent sous haut patronage royal, comme le cas de la Songsermislam School à Songkhla (800 élèves étudiant l’exégèse du Coran et la langue arabe, entre autres matières).Par ailleurs, des responsables gouvernementaux ont entamé, en mars dernier, des discussions de paix avec des représentants du BRN dans la capitale malaisienne, Kuala Lumpur.

Ces remarquables efforts consentis par le gouvernement thaïlandais, doublés d’une approche sécuritaire efficace, ont réduit sensiblement le nombre des attentats, qui sont ainsi passés de 1.154 attentats enregistrés en 2004 à quelque 963 en 2012 et 620 jusqu’à avril 2013, selon les chiffres fournis par le SBPAC.

De par un festival chromatique unique et une belle synesthésie d’essences et de chants répercutant les cris des oiseaux, les provinces méridionales de la Thaïlande offrent une place idéale pour la relaxation à laquelle toute violence ne sied point. La nouvelle politique de réconciliation et de développement de l’Etat thaïlandais et l’engagement dans un véritable processus de dialogue pour promouvoir la paix peut contenir cette vague de brutalité. Il est temps pour le sud de ce beau pays d’avoir la paix qu’il a tant méritée.

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