Ramadan au vieux Delhi: spiritualité et réjouissances aux saveurs indiennes

Ramadan au vieux Delhi: spiritualité et réjouissances aux saveurs indiennes

jeudi, 18 juillet, 2013 à 12:11

Par Omar Achy

New Delhi- Les trombes d’eau qui s’abattent sur le vieux Delhi rafraîchissent la chaleur humide en cet après-midi de juillet. La saison de la mousson bat déjà son plein mais dans cette partie historique de la capitale indienne, rien ne peut perturber l’activité grouillante qui fait la réputation inégalée de ce quartier historique populaire et commerçant.

En cette période de l’année, l’ambiance dans ce qui fut la capitale de l’empire moghol, se poursuit même jusque tard dans la nuit.

Et pour cause, le Ramadan ou Ramzan, comme il est prononcé ici en langue ourdou, rythme la vie de la cité. Les moghols, sous Shah Jahan (1582 -1666), cinquième empereur de cette dynastie, y avaient établi leur capitale jusqu’en 1857 avant que la puissance colonisatrice britannique ne construise une ville moderne au sud, baptisée New Delhi (nouvelle Delhi).

Monument historique phare au coeur du vieux Delhi, la grande mosquée Jama Masjid, bâtie par Shah Jahan, non loin de sa demeure, le Fort rouge, est surtout un haut lieu de l’Islam dans ce géant d’Asie, où les Musulmans représentent aujourd’hui près de 14 pc des 1,2 milliard d’habitants à majorité hindoue.

Tout au long du mois sacré, une atmosphère festive, dans la piété et le recueillement, règne sur les lieux comme d’ailleurs dans tout le reste de ce pays à la civilisation millénaire riche par sa diversité culturelle et ethnique.

Pour Amjad, un habitué du quartier, le mois sacré est vécu dans la même ambiance de réjouissances partout parmi les 140 millions de Musulmans en Inde.

De Bihar au nord jusqu’au Kerala au sud ou encore de Lucknow et à Mumbai, coeur de l’économie indienne, le mois sacré est un grand moment de spiritualité et d’ambiance festive qui culmine le jour de Eid Al fitr, assure ce jeune licencié en histoire de l’Université Jamiaa Mellia Islamia.

Dans le vieux Delhi, qui n’est qu’à une demi-heure de trajet en rickshaw, tricycle à moteur permettant de contourner quelque peu un trafic extrêmement dense, le visiteur peut se déplacer du sud de la métropole de 18 millions d’âmes, beaucoup plus moderne, pour s’imprégner dans un tout autre univers marqué de l’empreinte historique, culturelle et architecturale musulmane.

Outre la grande mosquée et le fort rouge, les bazars sont au quotidien une grande attraction pour des milliers de visiteurs locaux et étrangers. Rues tumultueuses et grouillantes, vieilles maisons à l’architecture ancienne, échoppes garnies de toutes sortes d’articles et de produits, d’épices et de fruits et légumes, de vêtements ou de bijoux, et une cuisine qui fait bien souvent honneur à la réputation mondiale de la gastronomie indienne si riche et variée.

Les couleurs, les sons et les senteurs rappellent, certes avec moins d’intensité, les souks et les marchés de bien des cités anciennes du Maghreb ou de l’Orient à travers le monde islamique.

Reste que même comparées au standard indien, Chandni Chowk, artère principale de la vielle ville, est de loin surpeuplée. Pour bien des Musulmans, indiens comme étrangers, cette partie de la capitale, une métropole cosmopolite, constitue tout naturellement l’endroit prisé en ce mois sacré. Ils y viennent faire des achats et des provisions mais surtout pour vivre pleinement l’ambiance de piété et de recueillement propre au mois du Ramadan.

Surplombant le quartier, Jamiaa Masjid, qui peut accueillir jusqu’à 25.000 personnes, connaît une grande affluence de fidèles tout au long du mois béni, en particulier à partir de la rupture du jeûne et pour les tarawih.

Signe de solidarité et de communion, le repas de l’Iftar est servi par la mosquée dans l’immense cour extérieure. Place ensuite aux prières dans une ambiance de ferveur et de dévotion.

A l’image de Najib Irfi, un enseignant qui réside à Gurgaon, une ville à la périphérie de New Delhi, rencontré avec son épouse et ses deux enfants, des familles entières choisissent Jamiaa Masjid pour rompre le jeûne et accomplir ensuite les prières.

Le Ramadan est un mois de partage et de bénédictions, souligne le quadragénaire vêtu d’une kurta en laine blanche, la barbe bien taillée.

“Notre devoir est d’apprendre aux enfants les valeurs que symbolise ce pilier de l’Islam”, ajoute-il en faisant signe de la tête à son fils aîné de déplacer un plat de samousa, beignets épicés populaires en Inde, vers une autre nappe en papier dressée sur plusieurs mètres où s’agenouillent d’autres fidèles, visiblement moins fortunés.

A la fin des prières, la vie reprend toute sa vitalité dans les rues marchandes. Certains déambulent à travers les échoppes profitant de l’air frais du soir, d’autres plus nombreux préfèrent plutôt siroter un Chai, thé indien au lait et aux épices, une citronnade ou un jus de canne à sucre. Mais, les gourmets profitent aussi de leur présence dans la vielle ville pour déguster un poulet Biryani, un chami Kebbab ou un curry de pieds de mouton, des spécialités de la cuisine moghole que seul le mythique restaurant Karim détient le secret.

Pendant les veillées ramadanesques, cette ambiance festive continue parfois jusqu’à l’heure du S’hour. Plus que durant toute autre période de l’année, Chandni Chowk, coeur battant du vieux Delhi, mérite bien sa réputation légendaire de carrefour éclairé par la lune.

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