Réforme du régime de change: entre perspectives et appréhensions

Réforme du régime de change: entre perspectives et appréhensions

jeudi, 18 janvier, 2018 à 15:42

 

-Propos recueillis par Fatima Zahra Raji-

Rabat – La décision du gouvernement d’adopter un nouveau régime de change continue à alimenter le débat sur la portée de cette mesure et sur ses retombées attendues sur la compétitivité de l’économie nationale, ainsi que sur les craintes des citoyens de voir la valeur du dirham se déprécier et le niveau de l’inflation et de la dette publique s’aggraver.

Si le gouvernement porte de grands espoirs sur cette réforme destinée à renforcer l’ouverture de l’économie marocaine sur les marchés internationaux et promouvoir les exportations, des appréhensions persistent cependant quant à l’assimilation de cette réforme par les différentes composantes de l’économie nationale.

A ce propos, le professeur universitaire, Hassane El Arafi, souligne l’importance de faire la distinction entre la flexibilité maîtrisée et la flottabilité totale de la monnaie nationale, notant que dans le cadre du premier régime de change, la Banque centrale continue d’intervenir pour réguler le marché alors que dans le second, la parité de la monnaie dépend totalement du marché et de la loi de l’offre et de la demande.

L’adoption d’un régime de change flexible traduit la volonté des autorités marocaines de réduire la pression sur les avoirs en devises à travers la dynamisation des exportations et la réduction des importations, a expliqué M. El Arafi, professeur de Finances publiques et fiscalité à l’université Mohammed V de Rabat-Agdal dans une déclaration à la MAP.

Pour faire aboutir cette réforme, a-t-il ajouté, il est nécessaire de renforcer la résilience de l’économie face aux chocs exogènes, en premier lieu les fluctuations des cours de pétrole et de devises, et de disposer d’un système financier performant.

Il a formulé à cet égard certaines interrogations au sujet de la capacité d’adaptation de l’économie nationale et des secteurs productifs à cette réforme structurelle, et aussi sur les mesures préventives pour faire face au risque d’apparition d’un marché noir parallèle des devises, ainsi que les implications sur le pouvoir d’achat des consommateurs et sur la facture des produits pétroliers.

De son côté, l’expert en Finances Omar El Kettani, a évoqué dans une déclaration similaire la vulnérabilité aux risques sur le marché international et “l’incapacité à l’heure actuelle de l’économie marocaine à défendre la monnaie nationale par une industrie forte”.

Le régime de change fixe a permis pendant plus de 20 ans de préserver la valeur du dirham en raison de l’ancrage de celui-ci par rapport à un panier de devises constitué principalement de l’euro et du dollar, et les fortes relations commerciales du Maroc avec les pays qui s’appuient dans leurs échanges économiques sur ces deux devises, a ajouté M. El Kettani, notant que pour se prémunir des incidences du régime de change flexible sur l’économie, il est impératif de disposer d’un important stock de liquidités pour sauvegarder les équilibres macroéconomiques.

Il est également nécessaire d’accompagner cette réforme par des mesures du développement social, a-t-il dit, expliquant que toute dépréciation de la valeur du dirham conjuguée à une hausse de l’inflation impactera le pouvoir d’achat des consommateurs.

A signaler que le ministre de l’Economie et des finances Mohamed Boussaid a assuré mercredi que les conditions économiques actuelles du Royaume sont convenables pour initier cette réforme, eu égard à la solidité du secteur financier national et à la vigueur des indicateurs macroéconomiques, en particulier le niveau approprié des réserves de change et le contrôle continu de l’inflation.

Il a également insisté sur le fait que la fluctuation du taux de change dans une bande limitée à ±2,5% reste faible, surtout par rapport aux taux de fluctuation actuelle (en 2017 la valeur du dirham a augmenté de 7,6% face au dollar et baissé de 5,1% par rapport à l’euro), ce qui n’affecterait pas de manière significative le niveau d’inflation et donc le pouvoir d’achat des citoyens.

Le Maroc a adopté lundi dernier un nouveau régime de change plus flexible où la parité du dirham est déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation élargie à ±2,5%, contre ±0,3% auparavant.

Cette réforme du régime de change a pour objectif de renforcer la résilience de l’économie nationale aux chocs exogènes, de soutenir sa compétitivité et d’améliorer son niveau de croissance. Elle devrait accompagner les mutations structurelles qu’a connues l’économie marocaine durant ces dernières années, notamment en termes de diversification, d’ouverture et d’intégration dans l’économie mondiale.

 

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