Santé : Un secteur en progrès mais souffrant de déficiences

Santé : Un secteur en progrès mais souffrant de déficiences

vendredi, 26 juillet, 2013 à 10:52

Par Lahcen Laoufi.

Rabat – Convoquée après plus de cinquante ans de la tenue de la première édition, la deuxième conférence nationale sur la santé a servi de point de repère des réalisations accomplies et des défis qui restent à relever par le secteur.

Cela fait en effet plus d’un demi siècle que les professionnels de la santé ne se sont pas retrouvés dans pareil conclave pour se concerter sur la réalité du secteur et réfléchir ensemble aux remèdes à apporter aux maux d’un secteur, certes en progrès constant, mais qui, de l’avis de tous, souffre toujours de “malformations” de tous genres.

Si la première conférence nationale sur la santé, tenue en 1959, n’avait presque pas d’enjeux de taille pour un Maroc fraichement indépendant et un secteur alors embryonnaire, celle de 2013 réunissait tous les ingrédients d’un rendez-vous aux nombreux enjeux, tellement il s’agissait, dans un premier temps, de faire le bilan de cinquante ans d’actions inlassables et, par la suite, d’envisager l’avenir d’un secteur vital pour le citoyen puisque le touchant dans son vécu quotidien.

Et c’est d’ailleurs cette donne que SM le Roi Mohammed VI a retenue dans Son message aux participants, en soulignant la nécessité de mettre au point une charte nationale réaliste et applicable, qui place le citoyen au c ur du système de santé et s’attache à préserver les réalisations, à redresser les dysfonctionnements, à trouver les voies et moyens de dépasser les contraintes et à esquisser des perspectives d’avenir prometteuses, le tout devant s’inscrire dans une approche globale et novatrice et avoir pour dessein ultime de mettre à la disposition des citoyennes et des citoyens des prestations de haute qualité dans le cadre d’une démarche efficiente, juste et équitable.

Confronté à de nombreuses contraintes, relevées pertinemment par le message royal, notamment la modicité des ressources disponibles, par rapport aux attentes légitimes sans cesse croissantes des citoyennes et des citoyens, le secteur de la santé a entrepris depuis 1959 pas moins de trois réformes et 11 plans sectoriels avec en fin de compte des résultats jugés en-deçà des attentes. Les professionnels rappellent que le pays dépense 47,8 milliards de dh par an en faveur de son système de santé, le citoyen se taillant une part importante dans ces dépenses: La proportion des dépenses directes des ménages en santé s’élève à 25,6 milliards de dh (53 pc), un taux de loin plus élevé que les 20 pc recommandés par l’OMS en la matière.

Les dépenses des ménages restent donc excessivement élevées et ce malgré l’élargissement de la couverture médicale avec l’AMO et le lancement du programme Ramed qui profite aujourd’hui à près de six millions de Marocains en situation de précarité. Le département de la santé ambitionne de réduire les dépenses directes des ménages à 20 pc et étendre la couverture médicale aux citoyens non encore couverts. Un objectif qui ne peut être atteint qu’à travers la réduction des inégalités, estime l’OMS, qui relève que le démarrage du Ramed constitue en ce sens un enjeu majeur pour permettre aux populations vulnérables d’accéder aux soins de santé.

Mais cela ne se fera pas sans peine puisque l’accès d’une plus grande population aux soins de santé augmentera la demande de soins à laquelle il va falloir trouver des réponses. Un effort qui devra s’accompagner de mesures drastiques visant une baisse des prix des médicaments sur le marché national. Le ministre en charge du secteur reconnait que l’entreprise n’est pas aisée au regard des difficultés que rencontrent les négociations avec les professionnels du médicament. “Nous avons pris du retard sur ce dossier. On ne peut pas continuer à négocier indéfiniment. Des décisions seront prises”. Et d’admettre que “le prix du médicament est cher au Maroc. On ne peut pas le nier. Il nous faut une politique du médicament qui dépasse la question des prix. Toute la réglementation datant des années soixante doit être revue”.

Mais de tous ces défis que le secteur de la santé doit relever, celui se rapportant aux ressources humaines semble le plus dur à gagner. Le Maroc connait une pénurie aigue du personnel de santé, un déficit qui devrait s’aggraver avec le départ prochain à la retraite de quelques 7.000 membres du corps médical public, mettent en garde les professionnels. Le secteur souffre aussi d’un déficit chronique en cadres médicaux et paramédicaux (7.000 médecins et 9.000 infirmiers).

Le message royal aux participants à cette deuxième conférence sur la santé a brillamment relevé tous les enjeux de la réforme à engager pour sortir le secteur de sa léthargie: “Le secteur de la santé dans notre pays a connu des réalisations aussi importantes que variées”. Mais, “si importantes qu’elles soient, ces réalisations restent en deçà de nos ambitions dans ce domaine. Nous saisissons donc l’occasion de cette conférence pour réaffirmer Notre volonté constante d’inscrire la promotion du secteur de la santé parmi les grands chantiers essentiels du pays. Ceci tient à Notre conviction que le droit d’accès aux services de santé, qui a été consacré par la nouvelle Constitution du Royaume, constitue un des piliers majeurs pour la consolidation de la citoyenneté dans la dignité et pour la réalisation du développement humain global et intégré que Nous souhaitons pour Notre pays”, a souligné le Souverain dans son message.

SM le Roi a affirmé qu’il “s’agit également d’apporter des réponses efficientes, notamment aux problématiques se rattachant à la mise en uvre du droit constitutionnel aux soins, à l’attention, à la couverture médicale et à la sécurité sanitaire, ainsi qu’à l’adoption d’une bonne gouvernance sanitaire et à l’amélioration de la santé psychique et mentale et de la santé des personnes à besoins spécifiques et des personnes âgées”.

Le Souverain donne ainsi le ton de la réforme: la réunion “devrait être essentiellement un moment propice pour s’imprégner du sens des responsabilités et des valeurs de patriotisme. Car il s’agit de mettre au point une charte nationale réaliste et applicable, qui place le citoyen au c ur du système de santé et s’attache à préserver les réalisations, à redresser les dysfonctionnements, à trouver les voies et moyens de dépasser les contraintes et à esquisser des perspectives d’avenir prometteuses. Tout ceci doit s’inscrire dans une approche globale et novatrice et avoir pour dessein ultime de mettre à la disposition des citoyennes et des citoyens des prestations de haute qualité dans le cadre d’une démarche efficiente, juste et équitable”.

La réforme intervient donc dans un contexte politique et social nouveau avec une nouvelle loi fondamentale qui fait du droit à la santé un droit constitutionnel (Ar 31).

Quant aux principaux défis que le système de santé marocain doit encore relever, ils ont été définis par un livre blanc préparé par le département de la santé et qui va dans le sens de la consécration du droit élémentaire aux soins de santé en préconisant de centrer les soins sur les problèmes et les attentes des citoyens et de lutter contre les exclusions et les inégalités. Une tâche qui ne saurait se réaliser sans un consensus national sur les grands défis et les principales priorités d’action en matière de santé, une démarche collective pour intégrer la santé dans toutes les politiques publiques et développer la visibilité en matière de financement de la santé dans la perspective de la généralisation de la couverture médicale.

Ce consensus national autour de ce secteur vital pour le citoyen reste largement hypothéqué, à en juger par le boycott de la récente conférence de Marrakech par de nombreux syndicats des professionnels de la santé. Un boycott qui n’est pas pour arranger les choses.

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