Turquie: Le gouvernement choisit la fermeté contre ‘’les instigateurs’’ du scandale de corruption qui secoue le pays

Turquie: Le gouvernement choisit la fermeté contre ‘’les instigateurs’’ du scandale de corruption qui secoue le pays

mercredi, 8 janvier, 2014 à 10:40

— Par Mohammed Réda BRAIM —

Istanbul – Le gouvernement turc a mené dans la nuit de lundi à mardi une nouvelle vague de purge dans les rangs de la hiérarchie policière, montrant ainsi ses intentions de fermeté à l’égard de ceux qu’il considère être à l’origine du scandale de corruption sans précédent qui le secoue depuis décembre dernier.

Plus de 350 officiers de police ont été mutés ou démis de leurs fonctions essentiellement dans la capitale Ankara, ce qui fait de cette opération le plus important remaniement au sein de l’appareil sécuritaire turc depuis le déclenchement de ce scandale politico-financier, qui touche des personnalités influentes du monde de la politique et des affaires proches de l’entourage du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.

Ce dernier coup de balai dans les rangs de la police turque, qui a concerné environ 80 hauts responsables des services en charge de la lutte contre le terrorisme, les crimes financiers, la piraterie informatique et le crime organisé, porte à environ 600 le nombre total des responsables sécuritaires qui ont été touchés, dont le préfet de police d’Istanbul.

L’ampleur, le timing et certains profils ciblés en disent long sur les intentions du gouvernement qui cherche à ‘’nettoyer’’ une administration, accusée d’être infiltrées par les pro-Fethullah Gulen, ce prédicateur islamique turc, en exil aux Etats-Unis à la tête d’une influente confrérie, appelée ‘’Hizmet’’ (service).

Les deux parties, autrefois alliés, se sont engagées dans un bras de fer sur fond de la décision des autorités turques de supprimer les ‘’Dershane’’, ces écoles privées de soutien scolaire qui constituent une manne financière importante pour le mouvement Gulen.

Le chef du gouvernement n’a pas cessé depuis le déclenchement de ce scandale de pointer du doigt, sans le nommé, le mouvement Gulen et de l’accuser de créer un ‘’Etat dans l’Etat’’ et de provoquer cette crise politique pour nuire à l’image de son Parti de la Justice et de Développement (AKP – issu de la mouvance islamiste), à la veille d’échéances électorales importantes, les municipales prévues en mars et les présidentielles en août de cette année.

Outre la hiérarchie policière, le gouvernement turc s’est lancé dans une autre opération visant l’appareil judiciaire, l’autre administration réputée être sous l’emprise du mouvement Gulen, accusée par Erdogan de vouloir perpétrer un ‘’coup (d’Etat) judiciaire’’ en Turquie.

Le bras de fer avec la justice a connu mardi un nouveau rebondissement avec l’annonce du Haut conseil des juges et procureur (HSKY) d’ouvrir une enquête contre le nouveau préfet de police d’Istanbul, Selami Altinok, soupçonné d’avoir ordonné la non-exécution d’un mandat d’arrêt contre une trentaine de personnes proches du pouvoir.

Le HSKY, qui avait dénoncé publiquement les ‘’pressions’’ politiques sur les magistrats dans le cadre de l’enquête sur cette affaire de corruption, a décidé également de jeter toute la lumière sur les conditions dans lesquelles un procureur a été dessaisi de l’affaire.

La journée de ce mardi (7 janvier ) a été très mouvementée surtout après l’annonce de l’arrestation dans l’ouest de la Turquie, notamment à Izmir, de 25 personnes accusées de fraude et de corruption dans une affaire liée à des appels d’offres lancés par la Société turque des chemins de fer (TCDD).

L’entourage du chef du gouvernement turc est au coeur d’une enquête pour corruption, déclenchée le 17 décembre dernier après la rafle surprise menée par les forces de police sur demande de la justice dans la mégalopole turque d’Istanbul et la Capitale Ankara. Une vingtaine de personnes sont actuellement poursuivies notamment pour corruption, fraude et blanchiment d’argent, dont les fils de deux ministres démissionnaires, le PDG de la banque publique ‘’Halkbank’’ et les patrons de plusieurs groupes de construction.

Les conséquences de ce qui constitue désormais la plus grande affaire de corruption dans l’histoire de l’AKP, qui a fondé sa réputation, tout au long de ses 12 années à la tête du pouvoir, sur les valeurs de la probité, l’équité et la justice, ne se sont pas fait attendre.

Sur le plan politique, les trois ministres, dont les fils ont été incarcérés dans cette affaire (Intérieur, Economie et Environnement), ont démissionné, avant qu’Erdogan ne se voit obliger de procéder à un large remaniement ministériel, qui a concerné près de la moitié des portefeuilles, dont les plus importants sont ceux de la Justice et de l’Intérieur.

Le scandale a provoqué également une hémorragie dans l’AK-Parti suite à la démission de plusieurs membres influents, dont d’anciens ministres et des députés.

Sur le plan économie, la livre turque (TL), qui a été sérieusement affectée par ce scandale politico-financier, a poursuivi son enlisement. Elle a touché lundi un nouveau record historique à la baisse face au dollar et à l’euro, s’échangeant à 2,19 TL pour un dollar et à 2,98 TL pour un euro.

Sur le plan officiel, les autorités turques ne cachent plus l’impact économique négatif de cette affaire de corruption. Le vice-premier ministre, porte-parole du gouvernement, Bulent Arinç, avait estimé à plus de 100 milliards de dollars les pertes de l’économie turque suite à ce scandale.

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