Visite du président sénégalais au Maroc : Donner un souffle nouveau à une coopération bilatérale déjà exemplaire (Radio Medi1)
Rabat – Le Président de la République sénégalaise, M. Macky Sall, qui entame jeudi une visite officielle de deux jours au Maroc, a affirmé que ce déplacement vise à “donner un souffle nouveau et une dynamique nouvelle à une coopération bilatérale déjà exemplaire”.
Dans une interview réalisée depuis Dakar par Omar Dahbi, Directeur de la rédaction de Radio Méditerranée Internationale Medi 1 et diffusée mercredi, M. Sall a affirmé que la relation entre les deux pays, forte d’une parfaite identité de vues, sur les questions aussi bien économiques que diplomatiques, “transcende les alternances politiques”.
Sur le plan économique, le Chef de l’Etat sénégalais a indiqué que la visite effectuée en mars dernier à Dakar, par SM le Roi Mohammed VI, a permis de relancer la coopération séculaire entre les deux pays qui partagent des valeurs communes.
“La coopération économique est excellente, et lors de la visite de SM le Roi Mohammed VI, plusieurs accords ont été signés dans divers domaines (transport, agriculture, commerce)”, a-t-il rappelé, faisant savoir que lors de sa visite officielle dans le Royaume des conventions de partenariat dans les domaines du tourisme, de la coopération islamique, de l’aquaculture, outre la coopération entre les conseils économiques et sociaux, les caisses de dépôt ainsi que des acteurs privés des deux pays, seront également signées.
“Ce sont là des projets concrets sur lesquels le Maroc et le Sénégal ont travaillé ensemble”, a-t-il fait valoir.
Evoquant la reprise des vols de Royal Air Maroc, avec près de 14 liaisons par semaine entre le Maroc et le Sénégal, M. Sall a affirmé qu’”un sérieux coup d’accélérateur a été donné à la coopération bilatérale”.
S’agissant de la question du Sahara, le président sénégalais a souligné que “compte tenu de la parfaite identité de vues, nous ne pouvons qu’avoir la même position que le Maroc et l’accompagner dans ce dossier”.
D’ailleurs, a-t-il rappelé, “sous les présidents Abdou Diouf, Abdoulay Wade et moi-même, les positions sont les mêmes et n’ont jamais changé”.
Le Chef de l’Etat sénégalais a, d’autre part, tenu à saluer le rôle de SM le Roi dans le développement de la coopération sud-sud, “à travers Ses voyages en Afrique, les délégations et les Chefs d’Etat qu’Il reçoit, et l’importance qu’Il accorde à cette question”.
“Nous sommes conscients, en tant qu’africains, que par la coopération sud-sud, nous pouvons développer des axes de partenariat sur plusieurs points, et des domaines de pointe, et partant, développer le commerce interafricain”, a fait valoir M. Sall.
Toutefois, a-t-il relevé, “il y a des préalables, à savoir le développement des infrastructures de soutien au développement de ce commerce, notamment le transport, et c’est là la réponse que tente d’apporter le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), en vue à la fois de promouvoir les échanges en Afrique, mais également ceux du continent avec le reste du monde”.
Sur un autre registre, le président sénégalais a estimé que la lutte contre le terrorisme international ne peut pas être simple ni rapide.
“C’est un fait établi. Il ne s’agit pas d’une guerre classique où vous faites face à un ennemi visible, mais une guerre asymétrique et diffuse.
Parfois cela peut prendre des formes visibles comme cela a été le cas avec les djihadistes au Mali, mais il ne faut pas croire que c’est fini parce qu’ils ont été désarticulés, la guerre doit se poursuivre”, a-t-il souligné.
Pour M. Sall, il s’agit également de travailler sur la prévention, à savoir lutter contre la pauvreté et donner des perspectives aux populations pour éviter qu’elles ne soient vulnérables et à la merci de personnes qui peuvent les enrôler pour des causes qui ne sont pas forcément celles de l’Islam.
Et d’affirmer que “Le Sénégal ne se sent pas particulièrement menacé, dans la mesure où le terrorisme peut frapper n’importe quel pays, c’est une menace mondiale”.
Abordant les mesures prises par les Etats africains en la matière, il a indiqué que les pays africains ont décidé, à travers l’Union africaine, de la mise en place d’une force d’intervention rapide en cas de nécessité qui soit capable de réagir et de régler le problème.
Evidemment, a-t-il poursuivi, “la mise en oeuvre prend du temps car il s’agit de quelque 54 Etats qui doivent réfléchir sur les mécanismes et la mobilisation des moyens. Il faut à ce stade passer par les communautés régionales (CEDEAO, UMA ), comme il faudra travailler sur la surveillance, la prévention, l’échange de renseignements etc, mais surtout opérer en amont en trouvant des alternatives à la pauvreté, le chômage, initier des réformes et promouvoir la démocratie”.
Interrogé sur ce qui fait la particularité sénégalaise, M. Sall a estimé qu’elle est le “fruit d’un long processus historique qui a mis le Sénégal sur la voie du dialogue pluriel et de la démocratie contradictoire, mais surtout depuis 1860 le pays connaît des élections même sous la colonie”.
“C’est tout cet héritage historique qui a abouti au modèle sénégalais que vous connaissez, celui d’une démocratie mature”, a-t-il affirmé.
Evoquant par ailleurs la nouvelle approche américaine en Afrique, notamment après la visite effectuée récemment par le président américain Barack Obama dans le continent, le président sénégalais a fait savoir que les Etats Unis “ont compris que l’Afrique était importante, et qu’il fallait une nouvelle approche dans le traitement avec ce continent, fondée sur le partenariat, la coopération et l’égalité, et non pas uniquement sur l’aide”.
“Ce n’est pas avec l’aide que l’Afrique s’en sortira. Notre vocation en tant qu’Africains n’est pas de rester dans un niveau de lutte contre la pauvreté, mais d’aller vers l’émergence, le développement et la création de richesses pour les populations”, a-t-il conclu.
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