L’agriculture connectée au Maroc, une tendance qui va croissant

L’agriculture connectée au Maroc, une tendance qui va croissant

mercredi, 20 mars, 2019 à 16:24

.- Par Driss HACHIMI ALAOUI-.

Oujda – A une vingtaine de kilomètres de Berkane, Khalid Ramdani, ingénieur agronome, s’arrête en voiture avant de sortir ses outils de travail, un drone, une tablette et d’autres gadgets électroniques, avec pour mission de réaliser des prises de vue aériennes sur une centaine d’hectares plantés d’arganiers.

Sous le regard curieux de quelques enfants de la commune de Chouihia, ce grand féru de l’informatique procède à des vérifications techniques avant de lancer dans les airs, selon un plan de vol prédéfini, son engin volant équipé d’une caméra haute résolution.

Après avoir obtenu les autorisations administratives nécessaires, Khalid, président de la coopérative du Centre numérique sise à Berkane, ne cesse depuis plusieurs mois d’apporter son expertise agricole et informatique acquise au Maroc et en Europe.

Léger et facile à manipuler, le drone permet un suivi et des vues beaucoup plus détaillées que l’imagerie satellitaire, confie-t-il dans une déclaration à la MAP, notant que cet outil volant effectue en l’espace de quatre heures des taches qui nécessitent habituellement trois à quatre jours de levées topographiques.

Jusqu’ici la mission de Khalid n’est pas encore accomplie, car il aura à traiter les données recueillies au bureau de la coopérative, qui regroupe une dizaine de jeunes informaticiens œuvrant dans le développement d’applications mobiles agricoles et dans la création de logiciels à la demande des agriculteurs de la région, pour leur faciliter la gestion des ventes, des stocks, du budget et de la main d’œuvre.

En effet, le drone, précise Khalid, permet après traitement des images prises d’identifier les besoins du sol, de localiser le stress hydrique, de repérer les maladies et les zones où poussent les mauvaises herbes et partant de mener une intervention proactive et ciblée.

Les nouvelles technologies façonnent le monde d’aujourd’hui, que ce soit dans les airs ou dans les profondeurs de la terre comme ces sondes intelligentes sous forme de capteurs électroniques plantés à des niveaux différents dans le sol pour mesurer une multitude de paramètres dont la température, l’humidité ou encore la salinité des terres.

“Cette technologie permet aux agriculteurs de suivre en temps réel l’état de santé du sol pour ensuite pouvoir intervenir efficacement et en temps opportun”, explique le professeur chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), Rachid Hadrya, qui vient de planter une dizaine de capteurs dans une grande ferme d’agrumes aux environs de Berkane.

“Les paramètres mesurés en continu grâce à ces capteurs sont collectés par des stations radio qui transfèrent les données recueillies à une station mère qui, à son tour, transmet à l’agriculteur en direct et où qu’il soit, des informations sur l’état d’évolution des cultures”, fait savoir M. Hadrya, spécialiste dans la modélisation, la télédétection et les SIG.

La digitalisation de l’agriculture est une tendance sur laquelle surfent tant de jeunes à travers le Maroc et qui peuvent d’ores et déjà se targuer d’avoir réussi ce pari, à l’image de la startupeuse gadirie, Meryem El Ouafi, qui a développé un système unique de nano-irrigation permettant d’économiser jusqu’à 80% d’eau par rapport aux systèmes conventionnels utilisés dans l’agriculture et la gestion des espaces verts et des zones arides.

L’on cite également à titre non exhaustif, le projet de recherche de la doctorante Asmae Zbiri, qui est en passe de développer un système d’alerte précoce à la sécheresse dans des zones pastorales arides et semi-arides au Maroc.

Ce projet mené à l’INRA d’Oujda a pour but de gérer les risques de la sécheresse à un stade précoce, en se basant sur les images satellites via des indicateurs hydrologiques et des indices de végétations. Un projet qui permettra aux décideurs d’obtenir les indicateurs nécessaires pour l’élaboration de plans et de mesures d’urgence à même de prévenir les périodes de sécheresse et de mieux gérer les cultures.

Au niveau institutionnel, les différents départements œuvrent d’arrache-pied pour se mettre au diapason de cette révolution technologique qui offre d’énormes perspectives au secteur agricole.

Il convient de citer dans ce sens les systèmes informatisés visant à optimiser le rendement agricole, entre autres, le CGMS-MAROC (Crop Growth Monitoring System – Maroc), un système initié par l’INRA en collaboration avec des instituts de recherche nationaux et internationaux.

Selon le docteur Hamid Mahyou, chef du Centre régional de la recherche agronomique d’Oujda, le CGMS, téléchargeable en application mobile, vise à surveiller le développement des cultures à partir des conditions météorologiques, des caractéristiques des sols et des paramètres des cultures, de simuler la croissance des cultures et de comparer les conditions météorologiques de la campagne en cours par rapport à la base de données historiques.

M. Mahyou qui insiste toujours sur l’importance des technologies de pointe dans la promotion du secteur agricole, a évoqué également le système Fertimap, un projet de “carte de fertilité des sols cultivés du Maroc”.

Fruit d’un partenariat entre le ministère de l’Agriculture et le Groupe OCP, dans le cadre du Plan Maroc Vert, cet outil permet, selon M. Mahyou, de développer un système innovant de conseil en fertilisation en vue d’optimiser la production par le biais de l’analyse de l’état de fertilité des sols et les besoins en éléments fertilisants les cultures.

Il sied de rappeler aussi le lancement, par le ministère de l’Agriculture, du Système national d’identification et de traçabilité animale (SNIT), premier du genre à l’échelle nord-africaine, utilisant une technologie innovante basée sur l’identification des animaux par des boucles électroniques qui fonctionnent par radiofréquence.

En somme, le Maroc connait une tendance qui va crescendo dans la création et l’utilisation de ces applications et outils ayant pour buts d’aider les agriculteurs notamment à identifier et prévenir les parasites des cultures et les maladies, connaître le temps idéal pour la plantation de graines, ou encore prévoir le stress hydrique.

Et pour inciter les jeunes à s’impliquer davantage dans le processus d’innovation et de créativité, le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de l’Industrie, de l’Investissement, du Commerce et de l’Économie numérique ont récemment lancé un appel à projets de recherche en Intelligence artificielle et ses applications. Doté d’une enveloppe budgétaire de 50 millions de dirhams, ce projet sera investi dans la promotion de la recherche en matière d’intelligence artificielle dont notamment des projets sur l’agriculture de précision et les systèmes intelligents de gestion de l’eau.

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), il a été estimé que grâce aux nouvelles technologies, l’internet des objets dispose d’un potentiel énorme à même d’augmenter de 70% la productivité agricole d’ici 2050, avait expliqué le Secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, lors d’un colloque scientifique, organisé en décembre dernier à l’Agropole de Berkane,  sur “La transformation digitale, levier de développement du secteur agricole et agro-alimentaire”.

La modernisation de l’agriculture, portée par le Plan Maroc Vert qui a ouvert de vastes chantiers, constitue, a-t-il noté, une dynamique ayant repositionné l’agriculture en tant que secteur moteur de l’économie, attractif pour les jeunes et pour l’investissement, avec un recours très élargi à la technologie.

L’agriculture connectée aura à coup sûr de beaux jours devant elle, car les jeunes agriculteurs ont grandi avec le web, l’ordinateur et les Smartphones, et ils sont conscients des avantages sans limites offerts par les nouvelles technologies.

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