L’histoire simplifiée, ou comment écrire l’histoire autrement

L’histoire simplifiée, ou comment écrire l’histoire autrement

samedi, 10 juin, 2023 à 14:03

Par Jamaleddine BENLARBI

Rabat-L’écriture de l’histoire du Maroc évolue vers une approche simplifiée visant à rendre l’information historique plus accessible pour le lecteur souhaitant découvrir les faits marquants de l’histoire de son pays autrement, à travers des ouvrages qui ne l’encombrent pas d’événements et de détails secondaires.

C’est la tendance partagée par les participants à la 28ème édition du Salon International de l’édition et du live (SIEL), car les stands recélant des livres de sciences humaines, y compris les livres d’histoire, représentent environ 52% des exposants, avec 737 exposants venus de 51 pays, présentant une offre qui dépasse 120.000 publications.

Cet engouement pour les œuvres historiques simplifiés au Maroc s’explique par le fait que de nombreux lecteurs recherchent des livres d’histoire qui adoptent un récit simple et racontent autrement les événements passés pour toucher un plus large lectorat.

Parmi les historiens ayant emprunté ce nouveau chemin figure l’historien marocain, Mohamed Jabroun, qui a édité un livre en dix parties, intitulé “Histoire du Maroc pour les enfants et les jeunes”, où il raconte, sous forme de dialogue avec des enfants, les événements historiques les plus marquants du Maroc, avant et après l’avènement de l’Islam, ainsi que les principaux Sultans ayant gouverné le Royaume.

Sa démarche a porté ses fruits car elle a coïncidé avec l’intérêt croissant de la population pour l’acquisition de livres traitant de l’histoire marocaine, en particulier de la périodes du Protectorat ou des événements historiques ayant une incidence sur le présent de la nation marocaine.

Dans ce contexte, Mohammed Jabroun estime, dans une déclaration à la MAP, qu’il existe “un besoin urgent d’écrits destinés au grand public plutôt qu’aux spécialistes”, ajoutant que “tout livre d’histoire générale portant sur le Maroc est destiné à connaître un grand succès”.

Il insiste que cet engouement pour l’acquisition des livres d’histoire au Maroc “réfute de nombreuses idées reçues sur la faiblesse de ce type de littérature”, soulignant qu’il existe une réelle demande pour les livres d’histoire, qui sont les plus lus au Maroc, après les romans.

L’historien, également membre de l’Association marocaine de recherche historique et président de l’Association marocaine de la culture andalouse, affirme que “les Marocains sont avides de connaître et de lire l’histoire de leur pays”, ajoutant que l’écriture historique s’impose face à d’autres genres littéraires en raison de sa crédibilité et de sa présentation des faits historiques, ainsi que de la réputation des écrivains et historiens auteurs de ces publications

Mohamed Jabroun, qui vient de publier un livre sur “l’histoire du Maroc de l’apparition de l’homo sapiens à la conquête islamique”, attribue cet engouement du public à “la soif des Marocains de recevoir des réponses sur des événements passés, que ce soit au cours de l’histoire récente ou lointaine”.

Le chef du Département d’histoire à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat, Abdelaziz Tahiri, a souligné, de son côté, qu’il existe des livres d’histoire publiés chaque année au Maroc, écrits soit par des historiens professionnels, ou déclinés sous forme de mémoires ou de journaux intimes, précisant que les écrits relevant de la catégorie de la mémoire sont soit des témoignages sur l’univers carcéral ou des mémoires des victimes de violations des droits de l’homme, ainsi que les romans historiques.

L’académicien, lauréat du Prix du Livre du Maroc dans la catégorie des sciences humaines en 2017 pour son livre “Mémoire et histoire”, estime que l’intérêt croissant des éditeurs pour les livres d’histoire est également dû au fait que ce genre d’ouvrages “recouvre l’histoire”.

Quant à la qualité des livres et leur capacité à relater les faits historiques, Abdelaziz Tahir affirme qu’il existe de nombreuses publications de qualité qui apportent une nouveauté sur le plan de la recherche académique, tandis qu’il y a aussi des livres qui nécessitent davantage d’examen, d’analyse et de révision.

Il souligne, par ailleurs, que l’intérêt pour les livres d’histoire est lié à la demande croissante de la société marocaine pour son histoire qui est motivée par plusieurs facteurs, notamment la conviction de l’importance de l’histoire dans la découverte de l’identité nationale et “la compréhension du présent à travers le passé, car il y a un désir social de connaître l’histoire et de retrouver le passé”.

Cela se reflète, ajoute l’académicien, par l’intérêt porté aux livres d’histoire constaté lors du SIEL, que ce soit par la participation aux séances de dédicaces ou par l’acquisition dans les différents stands de livres ayant une dimension historique.

Mais malgré cet intérêt, le professeur Tahir estime que “ce qui est publié dans le domaine de l’histoire et dans d’autres domaines ne répond pas aux attentes en termes de quantité, comparé à d’autres pays”, en particulier car “l’écriture historique est nécessaire pour la société, et une nation ne peut pas saisir son identité, son essence et sa mémoire sans une écriture historique rigoureuse”.

En ce qui concerne la manière dont l’histoire peut trouver la place qu’elle mérite parmi les autres disciplines, l’universitaire appelle à ce que les écrits historiques abordent les sujets en faisant preuve d’”‘équité, d’objectivité et de neutralité”, en se basant notamment sur une “méthodologie soumise à la rigueur scientifique et aux règles professionnelles qui se sont développées au fil du temps pour aboutir à l’écriture historique contemporaine”.

Il a également appelé à la nécessité pour ce type d’écriture de s’ouvrir sur des sujets diversifiés et de ne pas se limiter aux événements politiques et aux questions déjà abordées, en aspirant à “traiter des questions qui répondent à la demande sociale et au désir de comprendre le présent, tout en accordant de l’importance à l’histoire culturelle, sociale, religieuse, économique et anthropologique, ainsi qu’à d’autres sujets qui répondent aux besoins actuels et contribuent à répondre aux questions de l’époque et à ses exigences”.

L’histoire du Maroc est riche en événements et en faits qui nécessitent un examen approfondi et sérieux, mais elles nécessitent également une approche simplifiée pour permettre à tous de les comprendre, en particulier les jeunes, les étudiants et le grand public qui souhaitent connaître leur histoire sans trop d’efforts ni d’expertise.

Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le SIEL est une occasion d’encourager à la lecture, à travers des initiatives culturelles, intellectuelles, artistiques et pédagogiques dans les domaines de la littérature et de la création.

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