Élections provinciales au Québec: Trois questions à la sociologue Fayrouz Fawzi

Élections provinciales au Québec: Trois questions à la sociologue Fayrouz Fawzi

dimanche, 2 octobre, 2022 à 15:40

Montréal  – Après une intense campagne électorale, le vote pour les élections générales dans la province canadienne du Québec se tient ce lundi. La gestion de la pandémie, l’inflation, la question climatique ou encore l’immigration ont focalisé les débats et les discours des candidats issus de cinq partis en lice dans ce scrutin. Ce dernier thème s’est particulièrement imposé dans la dernière ligne droite de cette campagne électorale.

Dans cette interview accordée à la MAP, Fayrouz Fawzi, sociologue et consultante en droit d’immigration, évoque les enjeux de cette élection ainsi que ses implications pour la forte communauté marocaine établie dans cette partie du Canada.

Mme Fawzi, qui dirige l’Institut canado-marocain des études et recherches sur l’immigration, est l’auteure du livre “l’immigration arabo-méditerranéenne au Canada: entre fiction et réalité”.

A la veille de l’ouverture des bureaux de vote, près du quart des 6,2 millions d’électeurs inscrits sur la liste électorale ont déjà voté, selon les chiffres publiés vendredi par “Élections Québec”. Ce taux record renseigne, selon les observateurs, sur l’importance des enjeux de ce scrutin.

1- La course s’annonce serrée dans cette élection. Quelle évaluation faites-vous de ce scrutin et des anticipations des sondages ?

Nous remarquons une course intense entre les cinq partis. Il pourrait y avoir quelques surprises car le dernier sondage de la firme Léger laisse entrevoir des luttes serrées dans un certain nombre de circonscriptions. Nous savons très bien que c’est la seule fois depuis un certain temps où 5 partis ont été représentés à l’Assemblée nationale au terme d’un scrutin qui remonte à novembre 1976. Le Parti libéral (PLQ) arrive deuxième dans les intentions de vote avec 18 % des voix, Québec solidaire (QS) se hisse au troisième rang avec 15 % des suffrages, et le Parti québécois (PQ) ferme la marche avec 10 % d’appui.
2- L’immigration est l’un des sujets prédominants durant la campagne électorale. Certains experts estiment que c’est même l’enjeu clé du scrutin. Comment évaluez-vous ce débat ?

L’immigration est un processus délicat tant pour le pays d’accueil que pour le candidat à l’immigration. Le Canada a mis en place un cadre attrayant lui permettant de bien se positionner sur ce secteur des déplacements humains. Par contre, la question qui se pose: existe-t-il un arrimage entre les besoins du Canada et les profils des personnes immigrantes ? Aussi, dans quelle mesure et de quelle manière, les personnes immigrantes seront associées à la vie économique, à l’essor démographique, au dynamisme des régions et à l’enrichissement de la collectivité ?

Pour ce faire, il faudrait combler les vides par une croissance constante de l’immigration: 97 000 personnes pour la décennie 2020, au moins 121 000 pour les décennies 2030, et 130 000 pour la décennie 2050. D’ailleurs, depuis 1986, l’augmentation est remarquable, avec 35 000 immigrants annuels, puis 40 000. Notons que la population immigrante du Québec a généralement tendance à s’établir à Montréal. Nous pouvons émettre que la forte demande à l’immigration au Québec s’explique par le facteur linguistique.

Par ailleurs, l’immigration est toujours essentielle pour atténuer notre pénurie de main-d’œuvre, et nous remarquons plusieurs mesures visent à répondre aux besoins pressants dans tous les secteurs du pays, tout en offrant plus de possibilités aux diplômés récents et aux autres demandeurs de bâtir leur vie au Canada et de continuer à contribuer à la reprise à court terme et à la prospérité à long terme du pays.

C’est ainsi que le Québec a accueilli environ 70 000 immigrants cette année, pour rattraper la suspension des entrées au pays causées par la pandémie. En effet, le Plan d’immigration du Québec vise à augmenter progressivement le nombre de personnes immigrantes admises au cours de la période pour atteindre 49 500 à 52 500 personnes en 2022 ; atteindre, en fin de période, une proportion de personnes admises dans la catégorie de l’immigration économique de l’ordre de 65 %, favoriser la sélection permanente de travailleurs étrangers et de ressortissants étrangers diplômés du Québec, répondant aux besoins du marché du travail et résidant temporairement sur le territoire. En revanche, les immigrants d’origine marocaine rencontrent toujours autant de difficultés et d’obstacles qui les poussent à l’exclusion économique au Québec.

3- Comment évaluez-vous la participation politique des communautés issues de l’immigration, notamment parmi la communauté marocaine ?

La participation électorale n’est pas le seul indicateur de l’engagement politique, mais c’est celui qui a surtout retenu l’attention. Ce n’est pas surprenant que sous la bannière du Parti libéral du Québec que Marwah Rizqy et Monsef Derraji les deux députés québécois d’origine marocaine ont siégé à l’Assemblée nationale du Québec. Cela signifie l’engagement de la diaspora marocaine dans la vie politique du Canada. Car chaque Marocain à l’étranger possède une compétence, qu’il soit médecin, professeur, ouvrier ou élu, pouvant ainsi contribuer au développement du pays.

De plus, l’implication de la communauté marocaine aux élections provinciales a fortement augmenté et elle est largement représentée. Cela augmente l’engagement des citoyens au sein du processus démocratique et souligne que le lien entre les communautés et le gouvernement québécois et canadien est plus marqué.

D’une façon générale, j’estime qu’il est important de voter si les membres de la communauté marocaine veulent faire entendre leur voix concernant diverses questions comme les obstacles financiers, notamment pour les nouveaux arrivants, ou la discrimination et les préjugés dans les médias.

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