Des troncs d’arbres bien assis laissent une impression de flottement dans une exposition de Houda Terjuman
Par Roukane EL GHISSASSI
Rabat -Des troncs d’arbres qui en toute logique devraient être bien assis laissent une impression de flottement et de vacillement, lorsqu’on franchit le seuil de la galerie Fan-Dok à Rabat, qui accueille l’exposition des dernières oeuvres de Houda Terjuman, une Suisso-syrienne, née au Maroc à Tanger mais qui a vécu plusieurs exils, sous le signe “Etre née quelque part”.
Dépouillée de tout objet comme pour prêter main forte au propos de l’artiste, la Galerie a abrité ses installations de troncs d’arbres, sculptés, de petites et moyennes tailles, sorte de piliers, qui racontent l’univers de Houda et des personnes qui un jour ont dû quitter leur pays pour une raison ou une autre.
Autodidacte, Houda qui poursuit ses études supérieures de business à Lausanne et étudie le dessin à Lausanne, finit par épouser la sculpture qui sied à son travail artistique et qui lui permet d’exprimer la magie des roches et des pierres, faire entendre le silence des arbres, bousculer ce qui prend racine et immobilité, et contempler la diversité de la végétation.
“Mon travail de sculpture porte sur des personnes que je symbolise par des arbres et qui pour des raisons personnelles, précaires ou à la recherche d’emploi, ont dû partir, s’exiler et s’arracher à leur terre, à la recherche d’autres lieux, en amenant avec eux leurs racines”, a déclaré l’artiste Houda Terjuman en marge du vernissage qui s’est déroulée mercredi soir.
“Ensuite, commence pour ces gens l’aventure de la recherche d’un foyer et, une fois installés, acceptent dans la résilience cet état de fait et ne cherchent plus à savoir pourquoi ils sont partis parce qu’ils aspirent au repos et je symbolise tout leur ressenti par un jardin ou un paysage marocain ou un village du sud, que je donne aujourd’hui à voir au visiteur de cette exposition”, a-t-elle confié à la MAP.
Une fois rasséréné, l’heure est toujours propice pour celui qui s’exile de son pays de raconter son histoire et “ouvrir cette valise” qui enserre son vécu et ses souvenirs, a-t-elle poursuivi.
En témoignent ces commodes, ces livres et ces écritoires, corollaires aux troncs, dont certains sont peints en vert clair qui s’incruste dans la terre, il lui est consubstantiel: “Ce ton vert s’est imposé à moi dans cette quête de quiétude et dans cette phase de recherche de foyer ou de stabilité”, a-t-elle tenu à rappeler.
Ou encore ces cyprès en ascension qui se tiennent droit sur leurs troncs, regardant le ciel, ou encore ses ramures qui quittent leurs demeures et tentent de capter les feuilles d’un livre qui n’aspirent qu’à s’envoler. En vain!
Une autre installation intitulée par Houda “La maison de Dieu”, figure un tronc qui porte un minaret, dont les racines plongeant vers le bas soutiennent alignés des symboles des trois religions monothéistes. L’artiste aspire à ce que ces trois religions du livre vivent et adorent Dieu en paix.
Sur du plexiglas translucide, sont perçues des racines, nature, d’arbres. Collées au papier en soie peintes par Houda avec de l’aquarelle et éclairées de lumière LED, elles fusent de partout.
Sur un autre, est montrée une terre marron vigoureuse comme si elle faisait cas d’éruption d’un volcan qui éclabousse tout l’espace, donnant lieu à des ramures fines qui zèbrent l’espace, le maîtrisant.
Houda n’émet pas de jugement de valeur sur le fait de quitter ses racines : “Ce n’est pas négatif de partir de son pays”, insiste-t-elle. Le message, renchérit-elle, “c’est qu’on est parti et qu’on a pu se réintégrer dans un autre pays et épouser une culture, autre que la nôtre, nouvelle” .
Cette phase première d’arrachement, d’extirpation de sa terre natale, qui demeure à n’en pas douter “dure”, l’artiste la conçoit et la représente dans ses installations: “Regardez ce cœur qui saigne”, dit-elle un brin de tristesse dans la voix, pour revenir encore une autre fois sur la douleur que charrient ceux qui partent et qui laissent derrière eux leurs familles, leurs histoires et leurs souvenirs.
Mais se ressaisissant, Houda se dit : “Il y a tellement de raisons qui font qu’on doit à un certain moment partir et donc de façon positive on conçoit le fait d’amener notre culture ailleurs et épouser une autre”.
L’exil demeure à n’en pas douter douloureux à vivre, mais porte en même temps quelque chose de salutaire, “on ne s’ébranle pas, c’est emprunter la passerelle d’une culture, nouvelle!”, s’en réjouit l’artiste.
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