Malika Dahil Aguiar : une bédéiste marocaine à la découverte du pays de la samba

Malika Dahil Aguiar : une bédéiste marocaine à la découverte du pays de la samba

vendredi, 2 mars, 2018 à 13:07

                                               

Par Nadia EL HACHIMI.

Brasilia – Considérée comme une pionnière de la BD au Maroc, Malika Dahil Aguiar a élu domicile à Manaus au nord du Brésil depuis un peu plus de deux ans. Amoureuse de couleurs et de création, l’illustratrice y a trouvé un terreau fertile pour aller au gré d’une inspiration, qui lui a valu reconnaissance et estime tant au Maroc qu’en Europe.

Mariée à un bédéiste brésilien aussi talentueux qu’elle, Malika a déjà développé une bande dessinée reflétant la richesse des cultures marocaine et brésilienne: “Jouj Opostos” (Deux opposés), un récit retraçant le vécu d’Assia, un personnage à l’égo démesuré à cause de sa beauté et dont le monde est mis sens dessus dessous lorsqu’elle rencontre un grand sorcier au Maroc qui la transforme en ce qu’elle déteste le plus.

Habitué de la scène culturelle de la capitale de l’État de l’Amazonas, le couple d’illustrateurs a exposé ses œuvres lors de la Comic Con Experience (CCXP), une foire dédiée à la BD et à l’illustration qui s’est déroulée en décembre dernier à São Paulo.

En plus de réaliser ses propres bandes dessinées, Malika travaille également comme caricaturiste pour le journal “Em Tempo”, une occupation qui lui a permis de mettre en relief son éclectisme artistique et l’a érigée en star locale, grâce à ses caricatures loquaces et stylées.

Revenant sur ses débuts, l’artiste de BD ne cache pas sa passion pour l’art de l’illustration, en affirmant qu’être une bédéiste au féminin a ses points positifs mais aussi négatifs.

“Je n’ai pas trouvé de grandes difficultés à intégrer le monde de la BD et de l’illustration. Le fait d’être l’une des rares femmes du domaine a éveillé l’intérêt de manière très positive”, affirme-t-elle dans un entretien accordé à la MAP.

De son avis, le monde de la BD n’est pas semé de roses mais il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une discipline gratifiante.

“Il est facile pour une femme de se faire une place parmi ses pairs bédéistes si elle en a le talent et la volonté”, assure cette native de Oualidia, où elle a vécu jusqu’à l’âge de 23 ans en compagnie de ses parents et de ses quatre frères et sœurs.

Toutefois, Malika juge que les jeunes illustrateurs paient un lourd tribut à leur art, qui n’est pas rémunéré à sa juste valeur, en ajoutant que parfois les talents en herbe sont victimes d’un milieu de sous-traitance artistique qui mine leur potentiel.

Amoureuse du dessin depuis toute petite, c’est à l’âge de 14 ans que Malika prit la décision consciente d’en faire son métier en étudiant les beaux arts au Lycée Mohammed V à Essaouira.

Son diplôme en poche, la Malika rejoint l’Ecole des Beaux-Arts de Casablanca, mais se trouve dans l’obligation de suspendre ses études faute de moyens. Elle y fait toutefois la connaissance du scénariste Jean-François Chanson, qui l’introduit au monde de la Bande dessinée à travers des projets artistiques communs impliquant des bédéistes d’Europe, du Maroc et d’Afrique.

Faisant fi de l’adversité, Malika continue à peaufiner son savoir artistique avec l’aide de son professeur de Bande dessinée, Abdelaziz Mourid. C’est d’ailleurs sous sa houlette qu’elle réalise sa première œuvre, publiée dans le cadre d’une bande dessinée intitulée “La traversée : dans l’enfer du h’rig”.

Cette œuvre de 69 pages parue aux éditions Nouiga est le fruit de la collaboration de quelque 18 artistes de BD qui ont traité chacun à sa manière le thème de ces jeunes qui tentent le passage illégal vers l’Europe via le nord du Maroc par le biais de ces tristement célèbres pateras.

En 2013, elle participe, dans le cadre d’un partenariat avec M.Chanson, à la réalisation la bande dessinée “Switchers”, une adaptation d’une web-série marocaine du même nom.

L’année d’après, Malika illustre “Lamsari et le Trésor des Oudayas”, une BD, publiée aux éditions “L’Harmattan”, sur le commissaire Rachid Lamsari, qui va démêler une captivante intrigue policière autour d’un mystérieux individu cherchant à mettre la main sur un vestige archéologique en or massif dans les Oudayas.

Cette belle œuvre a permis à Malika de se faire un nom dans le domaine de l’illustration en devenant la première bédéiste marocaine à publier son travail en France.

En 2016, Malika présente “Le Cauchemar de Mehdi” lors du Festival international de la bande dessinée de Tétouan, dans le cadre de la compétition “Meilleur projet d’album 2016”.

De fil en aiguille, la bédéiste marocaine multiplie les œuvres et les expositions jusqu’au jour où elle rencontre un groupe d’illustrateurs brésiliens dans le cadre du projet “Lendas” (légendes), une œuvre plurielle revenant sur les mythes et légendes de différents pays.

C’est le plus naturellement du monde que cette trentenaire en devenir présente une œuvre construite autour du personnage légendaire d’Aicha Kandisha, laquelle remporte un franc succès.

De là, Malika Dahil changera de continent pour se retrouver au Brésil, une terre où elle souhaite poursuivre ses études et réaliser des bandes dessinées mettant en relief la culture millénaire du Maroc, un coup de crayon à la fois.

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