En Inde, la coexistence pacifique mise à rude épreuve

En Inde, la coexistence pacifique mise à rude épreuve

vendredi, 28 février, 2020 à 18:21

– Par Driss HACHIMI ALAOUI-
New Delhi – Maisons brûlées, véhicules incendiés, commerces saccagés, les stigmates des violences ayant secoué, quatre jours durant, les quartiers de Jafrabad, Maujpur, Chand Bagh et d’autres régions du nord-est de Delhi, mettent à rude épreuve la coexistence pacifique qui a tant fait la fierté du peuple indien.

A l’aube de cette semaine, des émeutiers armés de sabres, de bâtons et même de pistolets ont semé la terreur dans des faubourgs populaires du nord-est de la mégapole à majorité musulmane. Le bilan des affrontements qui se sont poursuivis jusqu’au mercredi dernier est si lourd que l’opposition a appelé au déploiement de l’armée pour mettre fin aux actes de violences.

Au dernier décompte, quelque 38 personnes ont été tuées et environ 400 autres ont été blessées lors des affrontements entre partisans et opposants de la nouvelle loi sur la citoyenneté qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés venus de trois pays voisins à savoir le Bangladesh, le Pakistan et l’Afghanistan, à l’exception de ceux de confession musulmane.

Cette législation, jugée discriminatoire par la minorité musulmane, 200 millions sur 1,3 milliard d’Indiens, est la boîte de Pandore qui est à l’origine d’un vaste mouvement de contestation qui secoue le pays depuis son adoption en décembre dernier par le parlement indien.

De même, la nouvelle loi a été largement critiquée par le courant laïque en Inde qui y voit une “législation basée sur des critères religieux” et aux antipodes de la laïcité inscrite dans la Constitution indienne par les Pères fondateurs dont le Mahatma Gandhi et Jawaharlal Nehru, premier ministre indien de 1947 à 1964.

Si le calme est relativement revenu dans la région, où les forces de l’ordre organisent des patrouilles pour surveiller la situation, il n’en demeure pas moins que ces évènements entraineraient de lourdes de conséquences dans l’avenir.

La présidente du parti de l’opposition du Congrès, Sonia Gandhi, a fustigé, jeudi, le gouvernement central ainsi que celui de Delhi, les accusant d’être des “spectateurs muets” alors que la violence se poursuivait sans relâche dans le nord-est de la capitale.

Mme Gandhi, qui a même appelé à la révocation du ministre de l’Intérieur, Amit Shah, a dirigé une délégation de hauts dirigeants du Congrès et a rencontré le président Ram Nath Kovind pour essayer de trouver une issue à la crise.

La situation est si sombre que la Haute Cour de Delhi a dû intervenir et rappeler au ministère de l’Intérieur et à la police leur devoir principal d’agir contre les instigateurs, les émeutiers et ceux qui se livrent à des actes de violence ciblée.

Réagissant à ces incidents, le Premier ministre indien Narendra Modi a appelé, les habitants de Delhi à la paix et à la fraternité. “J’appelle mes sœurs et frères de Delhi à maintenir en tout temps la paix et la fraternité. Il est important que le calme et la normalité soient rétablis au plus vite”, a déclaré le dirigeant nationaliste sur son compte Twitter.

Cependant, des changements radicaux dans la police de Delhi sont attendus prochainement. “Il y aura bientôt des changements majeurs, l’objectif principal étant maintenant de rétablir le calme et la paix”, a déclaré à la presse, un haut responsable du ministère de l’Intérieur.

Si les actes de pillage, d’incendie et de violences graves occupaient la Une des médias indiens, il y a lieu de citer quelques scènes qui continuent de nourrir l’espoir dans l’avenir de la mosaïque religieuse qui marque le pays.

Mardi, lorsqu’une foule déchaînée a incendié leurs maisons et leurs magasins, quelque 40 musulmans résidents au quartier d’Ashok Nagar ont trouvé refuge chez leurs voisins hindous.

“Nous avons été aidés par nos amis hindous du quartier. Ils ont été avec nous partout et nous ont installés chez eux. Nous vivons ensemble ici depuis plus de 30 ans et jamais au cours de ces années, nous n’avons eu la moindre discorde. Nous coexistons tous ici comme une famille”, a indiqué à la presse Muhamed Rashid, l’un des résidents du quartier.

A l’heure qu’il est, pas moins de 7.000 soldats paramilitaires, selon le ministère de l’Intérieur, ont été déployés dans le nord-est de la capitale pour contrôler la situation et des “comités de paix”, composés de représentants de toutes les couches de la société, ont été créés afin de mener des médiations et maintenir la paix dans les zones touchées.

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