Le quartier Kharrazine de Tétouan, un patrimoine vivant datant du 16ème siècle

Par Abdelaziz Hayoun

Tétouan – Le quartier Kharrazine de Tétouan est un véritable trésor historique qui conserve, depuis le 16ème siècle, sa fonction civilisationnelle et économique. Véritable centre de gravité de l’artisanat, ce quartier, vivant et créatif, défie le temps et continue d’animer la vie commerciale et économique de la ville blanche, préservant par la même occasion des métiers ancestraux comme la cordonnerie et la couture traditionnelle.
Cet espace historique attire, par son originalité et son charme, d’innombrables visiteurs nationaux et internationaux désireux de se faire une idée sur le style de vie qui prévalait à l’époque et découvrir ou redécouvrir les trésors architecturaux et culturels de cette ville fondée depuis plus de 5 siècles par Sidi El Mandri.
Le quartier Kharrazine a longtemps contribué, à travers son artisanat, à l’essor de cette ville et au renforcement de ses liens commerciaux avec d’autres régions du Maroc mais aussi avec d’autres contrées d’Afrique, le cuir ayant été l’une des principales marchandises du commerce continental.
Cependant, les temps changent et de nombreux métiers artisanaux liés au cuir sont en voie de disparition, en raison notamment de la faible demande, du coût élevé des matières premières et de la concurrence acharnée des produits modernes et à bas coûts. Une situation qui n’est pas sans impact sur la vie économique et culturelle du quartier, malgré les efforts menés par des acteurs institutionnels et associatifs pour préserver l’activité traditionnelle locale.
Et même si l’affluence dans les ateliers et boutiques de produits artisanaux n’est plus la même depuis plusieurs années, ces lieux continuent de refléter un patrimoine et un savoir-faire faisant partie de l’identité culturelle locale. Le quartier Kharrazine, qui côtoie d’autres lieux emblématiques de Tétouan comme Dar Dbagha, Souq Fouqi, Gherssa Kbira et Siyaghine, a connu certains changements en raison de la pression démographique et les changements intervenus sur le modèle économique et social, mais parvient néanmoins à préserver son cachet original, tourné autour des métiers du cuir, le long de ses ruelles pleines de vie et de charme.
Le quartier Kharrazine est toutefois caractérisé par l’absence d’habitats, ses bâtiments étant exclusivement fonctionnels, comprenant des ateliers, des bazars et boutiques et des installations destinés aux artisans.
L’architecture et l’emplacement du quartier sont eux aussi révélateurs du génie des fondateurs des lieux. Proche des axés de la vieille médina, cette zone professionnelle s’intègre parfaitement dans cet ensemble urbain sans y perturber la circulation, satisfaisant de manière remarquable les exigences autant esthétiques que fonctionnelles de la ville.
Les quartiers, comme tant d’autres éléments de la vie en société et hauts lieux de l’histoire au Maroc, méritent amplement qu’on leur accorde la plus grande attention, du fait qu’ils portent -entre leurs murs et ruelles- l’identité culturelle et civilisationnelle des Marocains, en vue de redynamiser le tourisme culturel et faire découvrir et apprécier aux jeunes générations leur histoire et leur patrimoine civilisationnel.