Le Commissaire Amina Hraich, quand la prise en charge des femmes violentées devienne une affaire de femme

Le Commissaire Amina Hraich, quand la prise en charge des femmes violentées devienne une affaire de femme

dimanche, 30 septembre, 2018 à 14:56

Par Said Youssi.

Meknès – Face aux femmes victimes de violence, qui viennent d’elles-mêmes solliciter son aide ou sur saisine du parquet général, le commissaire de police Amina Hraich n’a qu’un seul souci: les prendre en charge et les écouter dans le respect de leur dignité et leur droit à la protection.

Dans son sobre bureau jouxtant le siège du premier district relevant du service préfectoral de la police judiciaire à Meknès, Amina Hraich qui occupe, depuis quelques années, le poste de chef de la cellule d’accueil des femmes victimes de violence, veille à l’accueil, l’accompagnement et la prise en charge de ces femmes en comptant sur une équipe “formée” et “dévouée” à cette cause.

Elle est là pour épargner à ces femmes en détresse cette épreuve, oh! combien éprouvante!, de se confier à un policier, surtout quand l’affaire concerne des sévices sexuels.

“Lorsque la femme est victime de violences sexuelles, elle est plus encline à se confier à des policières, des femmes comme elle”, a confié à la MAP, Mme Hraich.

Le premier pas dans la prise en charge au niveau de cette cellule, explique cette mère de deux enfants, est d’établir avec la victime une relation qui la met à l’aise tout en lui garantissant, avec la neutralité qu’impose le travail de policier, son droit de porter plainte et d’être protéger des actes de violences.

Pour arriver à ce qu’elle est devenu aujourd’hui, le commissaire Hraich s’est armée de patience et de volonté et a réussi à venir à bout de tous les contraintes qui freinaient son ascension dont ces préjugés destructeurs au sujet de la femme policière.

Intégrant le corps de police en 1998 comme assistante de police, Amina Hraich titulaire alors d’une licence, suivra au sein de l’Institut Royal de Police à Kénitra une formation d’un an pour faire partie, plus tard, de la première promotion de femmes agents de circulation.

Avec l’ouverture en 2002 par la Direction Générale de la Sûreté Nationale(DGSN) de l’accès de la femme à l’ensemble des grades de police, notre interlocutrice a passé avec succès le concours des officiers avant d’être promue ultérieurement commissaire.

C’est ainsi que la commissaire Hraich a gravé les échelons et forgé la réputation de la femme “combattante” et “persévérante”, comme la décrivent beaucoup de ces collègues rencontrés par la MAP.

Aujourd’hui et en mettant à profit l’expérience qu’elle a accumulé des années durant notamment en matière d’écoute et d’accueil des femmes violentées, Amina veille également à la formation des éléments de la cellule qu’elle chapeaute, dont des hommes, et les autres agents chargés de la prise en charge des victimes au niveau des autres districts de police dans la capitale ismaélite.

Mme Hraich ne cache pas sa fierté et sa satisfaction quant au travail effectué par sa cellule qui compte, dit-elle, un groupe expérimenté et formé qui veille à l’accueil de la victime, mais aussi à l’accompagnement, le cas échéant, de cette dernière à l’hôpital, le lancement de la procédure et l’arrestation des présumés coupables pour les présenter à la justice.

Selon elle, un accueil spécial est réservé aux victimes des violences sexuelles au vu de la nature des faits, lesquels imposent que les femmes de la cellule qui s’occupent des plaignantes.

“L’expérience au sein de la cellule d’accueil des femmes violentées a démontré la pertinence de l’approche sociale prônée par la DGSN notamment en ce qui concerne la protection de la famille, les enfants en particulier”, a fait remarquer le commissaire Hraich.

Interrogée sur l’apport de la loi n° 103-13 relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes, entrée en vigueur dernièrement, à l’action de la cellule qu’elle dirige, Mme Amina Hraich a souligné l’importance cruciale accordée par la DGSN à la formation en la matière notamment via de nombreux circulaires généralisés pour sensibiliser au phénomène de la violence contre les femmes.

Pour Mme Hraich , “quand on aime ce qu’on fait, tous les défis et les obstacles deviennent surmontables et les vœux réalisables”.

Aujourd’hui, au sein du corps de police, “Il n’y a pas de différence entre femmes et hommes, seuls le travail et la compétence comptent”, a-t-elle tenu à souligner, ajoutant que les relations professionnelles sont empreintes de respect et de considération les uns pour les autres sans distinction aucune.

Elle s’est dite “fière” d’appartenir au corps de la police au vu de la noble mission dont il est chargé et qui ne consiste pas seulement, à appréhender et incarcérer les mis en cause, mais aussi à apporter assistance aux citoyens et à préserver leur droit et leur liberté et à la sécurité.

Et si le succès d’Amina Hraich est en partie dû à son implication et à son amour pour son travail, le soutien de son mari et de sa petite famille en est également pour quelque chose.

“J’ai de la chance que mon mari, également officier de police, est compréhensif quant aux contraintes que pose mon travail, lequel implique une mobilisation continue”, a-t-elle dit.

Du haut de ses 20 ans d’expérience au sein de la police nationale, Amina Hraich est aujourd’hui souvent sollicitée pour assurer la formation des interlocutrices de proximité chargées de l’accueil des femmes violonées au niveau des autres districts à Meknès, et pour représenter la DGSN aux conférences rassemblant les femmes policières à l’étranger.

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