Premier cas d’Ebola en Espagne: Le gouvernement mobilisé, la polémique enfle

Omar El Mrabet

Madrid – La contamination confirmée par le virus Ebola d’une aide-soignante en Espagne, premier cas de contagion hors Afrique, a suscité un débat houleux dans le pays sur la responsabilité du gouvernement, notamment du ministère de la Santé, dans la protection des citoyens et l’utilité des mesures de prévention prises contre cette maladie.

Alors que la ministre de la Santé, Ana Mato, défend les actions de l’exécutif pour faire face à une éventuelle situation d’urgence, les syndicats du personnel médical et les principaux partis politiques de l’opposition tirent à boulets rouges sur le gouvernement de Mariano Rajoy l’accusant de ne pas prendre au sérieux les menaces adressées par l’OMS sur ce virus hémorragique.

La contamination de l’infermière de 44 ans, qui a soigné le missionnaire Manuel Garcia Viejo, décédé le 25 septembre après avoir contracté le virus hémorragique au Sierra Leone et rapatrié en Espagne, est un “échec national. Il s’agit bel et bien d’un échec de la gestion sanitaire de ce gouvernement et un échec de la gestion internationale” de la maladie, a indiqué sur un ton accusateur, Gaspar Llamazares, du parti de la Gauche unifiée (IU).

Pour Toni Canto, député de l’union Progrès et développement (UPyD), “il y a eu des failles dans le protocole sanitaire et de prévention, c’est évident”, se disant non convaincu des explications fournies par la directrice générale de la Santé publique Mercedes Vinuesa, devant une commission parlementaire au Congrès des députés.

Suite à la confirmation de ce premier cas en Espagne et en Europe, la population espagnole semble être inquiétée et en état de choc. C’est ce qui a confirmé José Martinez Olmos, porte-parole des socialistes (PSOE), principal parti de l’opposition, qui a assuré que “cette inquiétude est fondée notamment pour manque d’informations”.

“La perte de confiance que suscite la ministre de la Santé aujourd’hui plus que jamais chez les professionnels de la Santé et dans le reste de la population est un inconvénient et cela devrait aussi inquiéter le chef du gouvernement Mariano Rajoy” a-t-il encore estimé.

En effet, le personnel de l’Hôpital Carlos III où sont traitées toutes les personnes atteintes du virus Ebola, dont l’aide-soignante, ont dénoncé mardi le plan “arbitraire” du gouvernement face aux cas d’infection traités dans le pays, notamment ceux des deux missionnaires espagnoles rapatriés du Liberia et du Sierra Leone et décédés le 12 août et le 25 septembre derniers à Madrid.

Le personnel sanitaire et les syndicats du secteur ont également accusé le gouvernement d'”improviser” les solutions notamment dans le traitement des deux religieux décédés dans des installations qui étaient en voie de démantèlement suite aux sévères coupes budgétaires ordonnées par le gouvernement conservateur.

Face à cette situation, le ministère espagnol de la Santé et la Communauté autonome de Madrid ont procédé à la mise en place d’une commission de coordination qui se chargera de faire un suivi quotidien de l’état de l’infirmière atteinte du virus, ainsi que des autres personnes ayant eu un contact direct ou indirect avec la patiente contaminée.

Et pour apaiser les critiques et mettre fin à la polémique, qui ne semble pas sur le point de s’éteindre, la ministre de la Santé Ana Mato a demandé de comparaître devant le Congrès des députés pour expliquer la gestion du gouvernement et les mesures entreprises dans les différents hôpitaux du pays après la confirmation de ce premier cas du virus Ebola.