Zainab Afailal, la future chimiste qui porte le flambeau d’une tradition musicale séculaire

Zainab Afailal, la future chimiste qui porte le flambeau d’une tradition musicale séculaire

mardi, 7 mars, 2017 à 12:18

 Par : Charaf NOR

 Rabat – Originaire de Tétouan, la fille de Grenade, cette ville qui ne cesse d’enfanter des artistes de haut niveau depuis la nuit des temps, Zainab Afailal, une future chimiste à la voix cristalline, assure la relève d’une tradition musicale séculaire qui est la musique arabo-andalouse relevant de l’école de Tétouan.

Née au sein d’une famille très attachée à ses traditions arabo-andalouses, Zainab est la disciple accomplie du maître Mohamed amine El Akrami. Elle est la seule soliste de l’orchestre du feu Mohamed Larbi Temsamani de Tétouan dirigé par le maître El Akrami. Elle gagne sa renommée en participant aux plus grandes manifestations artistiques marocaines et internationales.

Mis à part sa carrière d’artiste-interprète de cet art ancestral, Zainab puise dans la recherche scientifique en préparant actuellement sa thèse doctorale en chimie industrielle, plus précisément en production des biocarburants à l’aide des procédés industriels développés. Le choix de la chimie n’était pas un hasard pour elle, c’était un choix bien-fondé depuis son jeune âge. “La chimie est partout dans notre vie. C’est la science de la Matière. De nos jours, notre défi est de développer une chimie verte pour sauver notre planète”, dit Zainab avec un ton rassuré.

Ce n’était pas du tout évident d’équilibrer entre le chant et la recherche universitaire pour elle. Au début, le chant était juste une passion chez Zainab moins prioritaire que ses études, mais avec le temps, elle s’est retrouvée fortement attachée aux deux sans s’en rendre compte. In fine, “il faut juste bien savoir organiser son planning”, confie-t-elle à la MAP.

Dans un monde généralement à dominante masculine, Zainab Afailal a pu se frayer un chemin, doucement et sûrement, en intégrant le conservatoire musicale à l’âge de 8 ans, et la chorale dirigée par le maître El Akrami à 10 ans, pour se lancer ensuite, à pas sûrs, dans un brillant parcours, riche et honorable, dont les nombreuses participations aux grands festivals et soirées en témoignent.

Juste, fine, élégante et gracieuse, telle est Zainab sur scène, elle ne manque aucun détail dans ses interprétations pour tendre vers la perfection, satisfaire les attentes de son public et le mettre sous le charme grâce à son talent inédit et indéniable. Zainab incarne aujourd’hui, avec sa voix cristalline, la relève de cette tradition musicale séculaire.

La personne à qui Zainab doit beaucoup de reconnaissance aujourd’hui est certes son maître Mohamed Amine El Akrami ou comme elle préfère l’appeler “son parrain”. En 1995, il obtient le certificat d’excellence de musique andalouse et devient ainsi le premier responsable de l’orchestre.

“La relation qui nous lie est tellement profonde que ce que les mots traduisent. L’enfant en nous n’oublie jamais la personne qui était sûre de son talent et qui corrige ses fautes en toute discrétion pour aller de l’avant. Mon maître est un vrai exemple de discipline, du respect et surtout de ponctualité. C’est une vrai idole” dit-elle avec fierté et détermination.

Pour sa part, Maitre El Akrami témoigne qu’il a pu toucher le talent de Zainab, sa disciple, depuis un très jeune âge et a cru en elle. “Ce que j’apprécie le plus chez elle, c’est qu’elle a pu joindre l’utile à l’agréable en poursuivant ses études et ses recherches, au même temps, tracer une carrière à couper le souffle en tant que soliste au sein de notre orchestre et présenter ce patrimoine andalou avec justesse et intelligence dans un champ généralement dominé par les hommes. Zainab a fait montre de professionnalisme tout au long de ces années pour devenir ce qu’elle en est aujourd’hui”, précise-t-il à la MAP.

“Zainab a participé à des grandes manifestations artistiques, ici au Maroc et ailleurs et a interprété des “Mayazines” (rythmes) dont le volume temporaire peut aller de 2 jusqu’a 3 heures d’affilée avec douceur et justesse, sans support sous les yeux, chose qui est très difficile à atteindre”, ajoute-t-il.

La présence féminine dans les orchestres de la musique arabo-andalouse était toujours timide. Bien qu’il existait des femmes solistes avant, elles ne pouvaient pas interpréter tout un Mizane, mais rien que quelques “Sanâat”. Cela ne peut en aucun cas nier que la femme avait un rôle primordial en la création de ce système musical dans les XIIè et XIIIè siècles, parmi lesquelles Maya et Gharibat Al Hussein dont leurs prénoms ont été attribués à deux Noubates très connus de la part des mélomanes et des amateurs de ce patrimoine.

Il est indispensable de souligner que la jeune chanteuse originaire de la Colombe blanche compte à son actif plusieurs films et documentaires auxquels elle a participé en tant que chanteuse, à savoir le film documentaire “Nouba d’or et de lumière” de Izza Genini, le court-métrage “Maoual” et les longs-métrages “Le temps des camarades” et “Petits bonheurs” de Mohamed Chrif Tribak. Ces expériences ont été si spéciales pour Zainab car elles sortiront de la forme ordinaire des concerts de la musique andalouse ou bien du tournage des soirées télévisées.

Selon elle, le fait de réaliser des films, en utilisant la musique andalouse (comme axe principale ou soundtrack ou même au générique), est une valeur ajoutée que ce soit pour le film lui-même ou bien pour inviter le grand public du cinéma à faire la découverte de ce patrimoine qui raconte notre histoire.

Pour promouvoir et servir cet héritage, Zainab ne ménage aucun effort en voyageant avec sa cause et son art partout, afin de corriger un peu l’image archaïque sur ce type de musique chez certains.

Approchée par la MAP à l’occasion de la Journée internationale de la femme (08 mars), Zainab se dit satisfaite de la présence féminine que connaît la musique andalouse, qu’il s’agit de musiciennes ou de chanteuses-interprètes “mounchidates”.

Au début de son parcours, ce n’était pas évident de chanter en tant que soliste dans un groupe de musique andalouse et surtout devant un public conservateur. Mais finalement c’est la compétence, la mise au point et le travail sérieux qui comptent et non pas le genre de celui qui interprète.

“Mon souhait actuel est que d’ici une dizaine d’année on aura autant de femmes que d’hommes sur scène, interprétant Al’Ala sous la plus belle des formes”, dit-t-elle sur un ton plein d’espoir.

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