Mohamed Tanji, un chef Slaoui au pays des Vikings (Portrait)

Mohamed Tanji, un chef Slaoui au pays des Vikings (Portrait)

vendredi, 11 août, 2017 à 11:10

Houcine MAIMOUNI

 

Copenhague- Rien, absolument rien ne prédestinait le jeune Mohamed Tanji à mettre le cap en 1989 sur le Danemark, un pays qu’il n’a plus quitté depuis qu’il y mit les pieds, en tant que…Chef-cuisinier à la recherche de nouvelles formules culinaires.

“J’avais à peine 24 ans lorsque j’ai atterri dans cette contrée lointaine depuis l’Espagne où j’ai passé trois ans dans un célèbre café-restaurant de Marbella”, raconte M. Tanji dans une déclaration à la MAP, à la veille de la Journée nationale du migrant.

De ce passage en pays ibérique, où il est arrivé de l’Ecole hôtelière d’El Jadida pour un stage d’un mois, mais qui a duré trois ans, M. Tanji n’est pas sorti indemne.

“J’y ai piqué la qualité des services, le sens de l’organisation, le choix des menus…Bref, l’art de la cuisine”, dira-t-il, l’air plutôt nostalgique à une période révolue, où l’industrie hôtelière et touristique espagnole était en plein boom.

Venu en touriste à Copenhague pour découvrir cette autre partie du monde, “d’où affluaient en Espagne des touristes au comportement très civilisé”, il a fini par succomber aux charmes discrets d’une ville, d’un pays et de ses habitants.

“C’est ici que j’ai rencontré l’âme sœur, mon épouse et la mère de mes trois enfants”, expliquera-t-il, en rendant un hommage émouvant à son beau-père pakistanais feu Amjad Miraj, “mon parrain, mon mentor, l’homme qui a donné un sens à ma vie”.

De ce mariage, de cœur et de raison, sont nés Danish (17 ans), Jonas (12) et ُEleena, alias Izza (7), les trois enfants Tanji qui manient avec égal bonheur à la fois le danois, l’anglais, l’urdu et surtout le dialecte marocain.

“D’ailleurs, Danish, dont le nom en urdu renvoie à +Intelligence+ vient de rentrer cette semaine du Maroc où il a passé trois semaines de vacance avec sa grand-mère à Salé”, indique l’interlocuteur non sans une pointe de fierté.

Qu’à cela ne tienne, mais c’est précisément auprès de cette grand-mère, Yemma Izza comme il l’appelle affectueusement, que M. Tanji a appris les rudiments de la cuisine, la fraîcheur des fruits et légumes, la qualité des viandes et des poissons, la saveur des piments… En un mot, le sens de la mesure.

Né en août 1963 à Meknès, d’un père militaire et d’une femme au foyer, M. Tanji évoque, pêle-mêle, sa petite enfance au quartier Bettana, ses années de lycée et son périple vers El Jadida pour une formation en tourisme-hôtellerie à la fin des années 90.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis, une chose est néanmoins sûre. “A l’image de mon père, je n’ai qu’un vœu : servir ma Patrie”, dira encore le président de l’Association des investisseurs marocains au Danemark.

Pour ce faire, “M. Tony s’est très tôt investi dans nombre d’actions caritatives tout en gardant l’anonymat, aidé ses compatriotes et ses semblables, donné sans rien demander en échange”, témoigne un de ses connaisseurs.

Mais d’où vient ce nom de Tony ? “Tanji étant trop dur à prononcer à leur goût, ses clients lui ont vite accolé ce surnom, dont il s’accommode parfaitement du reste !”, explique Ahmed, un compatriote qui partage avec lui l’appartenance au Forum Dano-marocain, un collectif de près d’une quinzaine d’associations.

“Il a de la chance ce Tony. Ca fait près de 25 ans que je travaille à ses côtés ; toutes ses opérations ont été une réussite”, reprend de son côté Ravi, un Iranien septuagénaire qui fait partie de ses employés.

Avec un quart de siècle au compteur à Copenhague, M. Tony, polyglotte maîtrisant à merveille le danois, le français, l’anglais, l’espagnol, l’italien, l’urdu, et l’arabe, fait feu de tout bois.

Démarche athlétique, sourire aux lèvres, le mot aisé et le ton posé, il a développé l’art de rassurer d’abord ses 20 employés dans son restaurant italien, sis dans la célèbre route piétonne et touristique de Stroget dans la capitale danoise.

Dans cet établissement classé, qui porte le nom de la commune italienne d’Amalfi, sise dans la côte amalfitaine inscrite en 1997 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, il n’est pas rare de croiser un éditorialiste des plus influents dans les pays nordiques, des députés de tous bords ou même des ministres en fonction ou à la retraite.

“La politique ne m’intéresse pas. Je vibre mieux pour la cuisine et la culture, les deux affluents qui irriguent mieux, dans la durée, le rapprochement entre les peuples”, précise l’interlocuteur.

Et comme pour donner corps à ses propos, il promet une soirée musicale dans la pure tradition marocaine qui sera animée au lendemain du prochain Aid Al Adha par une troupe de madih et de samae venue spécialement pour la circonstance de Rabat.

“Après, j’irais voir Yemma Izza, rencontrer mes amis et mes connaissances, et humer et respirer comme Danish, à pleins poumons, la terre qui m’a vu naître et grandir”, dira-t-il.

 

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