Le drame de Charlottesville rouvre les plaies trop vives du racisme aux Etats Unis

Le drame de Charlottesville rouvre les plaies trop vives du racisme aux Etats Unis

samedi, 19 août, 2017 à 13:10

Par Safae El Yaaqoubi

   Washington – Les violences ayant émaillé, samedi dernier, un rassemblement de nationalistes blancs à Charlottesville rouvre des plaies d’un racisme que beaucoup d’Américains pensaient derrière eux.

   L’espace d’un week-end, les États-Unis semblent avoir fait un saut en arrière dans le temps, quand des groupuscules de l’extrême droite américaine représentant les suprémacistes blancs, le Ku Klux Klan, et les néo-nazis ont défilé dans cette petite ville de Virginie, et dont les affrontements avec des manifestants antiracistes se sont soldés par le décès d’une militante antiraciste happée par une voiture meurtrière. 

   Les émeutes de Charlottesville seraient l’illustration la plus manifeste de l’ascension de l’extrême droite depuis des années, selon Al Sharpton, le célèbre pasteur chrétien et candidat à la Maison Blanche en 2004. “En Amérique, les préjugées et le racisme ont cessé d’être un phénomène marginal et sont devenus de plus en plus courants malheureusement”, estime-t-il.

   Malgré la loi de 1964 sur les droits civiques qui abolit la ségrégation raciale et les pratiques discriminatoires, les inégalités sont loin d’être disparues aux Etats-Unis et les tensions raciales restent vives dans plusieurs villes. “Le drame de Charlottesville n’est qu’une pièce du Puzzle américain, celui du tumultueux processus de réconciliation, notamment raciale dans le pays”, note Jennifer Richeson, professeure de psychologie sociale à l’Université de Yale. 

   Protégés par le premier amendement de la Constitution, les groupes de suprémacistes blancs ont proliféré à une vitesse alarmante aux Etats-Unis. Les chiffres du Southern Poverty Law Center publiés en 2016, démontrent, à cet égard, que le pays de l’Oncle Sam compte quelque 930 de ces groupuscules contre 430 en 1999.

   Pour un nombre d’observateurs, les violences de Charlottesville montrent particulièrement un nouveau visage de l’extrême droite américaine, rebaptisée “alt-right”, ou droite alternative. Ce mouvement qui se veut, selon ses précurseurs, “une politique identitaire pour les personnes blanches” a cherché, au cours des deux dernières années, à se donner une nouvelle image.

   D’après Jonathan Greenblatt, président de la Ligue anti-diffamation (ADL), une association de lutte contre les discriminations, cette idéologie s’est développée après l’arrivée au pouvoir de Barack Obama et a été galvanisée par l’élection de Donald Trump. “Contrairement à des skinheads ou membres du Klu Klux Klan, il s’agit plutôt de jeunes, plus présentables et plus éduqués et qui n’appellent pas directement à la violence, mais qui partagent les convictions fascistes de leurs aînés”.

   Ce malaise américain semble plus évident et plus manifeste après l’élection de Donald Trump. Le président américain a été la cible de vives critiques de tout bord pour ses déclarations ambiguës et contradictoires sur les émeutes de Charlottesville, ainsi que sa condamnation en demi-teinte des suprémacistes blancs, ce qui risque, selon plusieurs analystes, de contribuer à légitimer leurs doctrines racistes.

   Certains sont allés jusqu’à l’accuser de complaisance à l’égard des mouvements d’extrême droite qui l’ont en bonne partie soutenu durant sa campagne présidentielle en 2016. D’après Michael Singer, le maire de Charlottesville, “la responsabilité incombe à M. Trump qui a popularisé les préjugés raciaux depuis son arrivé à la Maison Blanche”.

   Au moment où la majorité des présidents américains ont cherché au fils des temps à servir de grands réconciliateurs et à se donner pour mission de soigner les fractures du pays, “non seulement M. Trump n’y parvient pas, mais il ne donne pas l’impression de chercher à l’être”, souligne Jack Marston dans un article publié dans The Atlantic. 

   Avec l’élection de Barack Obama, on parlait beaucoup d’un triomphe ultime du mouvement pour les droits civiques, souligne, pour sa part, Stephen Cole, professeur de sociologie à l’Université de New York, relevant que ça n’a pas pris longtemps pour qu’un racisme vicieux refasse surface, notamment après les diverses bavures policières fatales à l’encontre des Noirs et la tuerie commise par le suprématiste blanc Dylann Roof en 2015 à Charleston, en Caroline du Sud.

   “Le drame de Charlottesville n’est qu’un autre exemple qui jette une lumière crue sur le chemin qu’il reste encore à parcourir aux Etats Unis”, ajoute-t-il.

 

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