Affaire Kim Wall, un fait divers aux relents de polar noir

Affaire Kim Wall, un fait divers aux relents de polar noir

jeudi, 24 août, 2017 à 11:01

.-Par Houcine MAIMOUNI-.
Copenhague – Avec l’identification mercredi du buste retrouvé deux jours auparavant sur les rivages de Copenhague, comme étant celui d’une journaliste suédoise, portée disparue depuis le 10 août, la fièvre ne retombe pas des deux côtés de l’Øresund, le pont reliant le Danemark et la Suède. Plus qu’un fait divers, l’Affaire Kim Wall prend les allures d’un polar noir digne d’Agatha Christie.

Et comme pour ne rien arranger à ce mystère qui, de jour en jour, s’épaissit et grandit telle une boule de neige, le meurtre de la jeune journaliste de 30 ans a eu lieu à bord d’un submersible noir, le plus grand sous-marin privé au moment de son lancement en 2008.

La veille, après près de deux semaines de recherches, les enquêteurs danois ont enfin pu confirmer que le tronc humain, sans bras, ni pieds ni tête, repêché lundi après-midi sur la rive de l’île d’Amager, était bien celui de Kim Wall, disparue à bord du Nautilus UC3, le sous-marin artisanal qu’elle avait embarqué pour un reportage.

“L’ADN du tronc correspond à celui de Kim Wall”, a indiqué la police de Copenhague, précisant que, selon l’autopsie, les bras, les jambes et la tête ont été “délibérément sectionnés”.

L’identification de ce buste a été réalisée à partir d’échantillons d’ADN prélevés sur le tronc mutilé, ainsi que sur une brosse à cheveux et une brosse à dent appartenant à la victime, a expliqué le directeur d’enquête de la police criminelle de Copenhague, Jens Møller Jensen.

La macabre découverte fait ressortir que le torse a été lesté d’une pièce en métal dans le but manifeste de le maintenir au fond de l’eau, alors que des “blessures” font penser à “une tentative de s’assurer que l’air et les gaz s’échappent du corps pour qu’il ne remonte pas à la surface”.

Le sang de la jeune femme a, par ailleurs, été retrouvé en abondance à bord du sous-marin, “coulé délibérément” à 7 mètres de profondeur au fond de la baie de Koge, à une cinquante de kilomètres de la capitale danoise.

Tout a commencé le 10 août lorsque, constatant la perte de contact avec le sous-marin, le compagnon de la journaliste Kim Wall a alerté les autorités vers 2h30 du matin.

Deux hélicoptères et trois navires ont passé au peigne fin la mer de Copenhague à l’île de Bornholm, dans la mer Baltique, à la recherche du vaisseau qu’aurait supposément embarqué la jeune freelance basée en Chine et aux Etats-Unis et qui a travaillé notamment pour le New York Times et le Guardian.

Au bout de huit heures de recherche, le Nautilus UC3 (40 tonnes, près de 18 mètres de long), a été repéré et son pilote retrouvé sain et sauf, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Copenhague, mais…sans la journaliste.

Peter Madsen, propriétaire et constructeur du vaisseau, a été secouru et ramené à bord d’un navire militaire, avant que son bâtiment ne coule brusquement, peu avant midi. Un hélicoptère se porte à sa hauteur. Sur place, Peter Madsen saute dans un canot de sauvetage, avant que son submersible ne coule soudainement… Sans aucune trace de Kim Wall.

A son arrivée sur la terre ferme, le rescapé, 46 ans, a déclaré que la journaliste avait quitté le sous-marin, la veille, sur la pointe de l’île de Refshaleøen à Copenhague vers 22h30, après l’interview, alors que le vaisseau aurait coulé à cause d’un mystérieux “problème technique”.

Il n’en fallait pas plus pour que la presse des deux pays s’empare de l'”affaire Kim Wall” dans un rare élan où l’investigation se dispute la vedette au sensationnel.

Dès le lendemain, Peter Madsen a été placé en détention provisoire pour 24 jours renouvelables pour “homicide involontaire”, les enquêteurs penchant pour l’hypothèse d’un acte volontaire à l’origine du naufrage, des “accusations” que le prévenu continuait de nier avec véhémence.

Coup de théâtre, lundi dernier : Le mis en cause a déclaré à la police que la victime est morte “accidentellement” à bord du vaisseau et a été jetée en mer.

Hasard du calendrier, ou dénouement à la deus ex machina, dans l’après-midi de la même journée, le tronc mutilé de la victime a été retrouvé sur les rivages de l’île d’Amager.

La boucle serait-elle enfin bouclée ? Par pour autant à en croire la famille éplorée de la victime qui évoque des zones d’ombre et des interrogations en suspens, pas plus d’ailleurs que pour les enquêteurs qui se gardent de toute “intention de spéculer sur un mobile” du meurtre.

Décrit par des proches comme un homme “étrange” mais “non violent”, “en colère contre Dieu et les hommes”, Peter Madsen, avait envisagé un temps de construire sa propre fusée, avant de se lancer dans la création d’un sous-marin.

Dans un message adressé, en 2015, à des membres du Conseil d’administration du Nautilus qui devait décider du transfert de la propriété du submersible à Peter Madsen, ce dernier évoquait déjà “une malédiction sur le Nautilus”.

“Cette malédiction, c’est moi. Il n’y aura jamais de sérénité sur le Nautilus, tant que j’existerai”, avait-il écrit, avant d’ajouter sur un ton prémonitoire : “Vous ne vous sentirez jamais bien dans ce sous-marin… Ne mettons pas davantage de vies en péril dans ce bâtiment”.

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